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Les décisions de Trump sur l'immigration inquiètent les agriculteurs


Des ouvriers agricoles travaillent dans un champ à Clarksburg, en Californie, le 16 mars 2010.
Des ouvriers agricoles travaillent dans un champ à Clarksburg, en Californie, le 16 mars 2010.

Les mesures prises par Donald Trump contre les immigrés clandestins inquiètent les agriculteurs américains qui utilisent une main d'oeuvre en grande majorité étrangère acceptant des bas salaires.

"On ne peut pas trouver de gens du coin qui veulent se salir et traire les vaches", explique à l'AFP Eric Ooms, qui est à la tête d'une exploitation de 450 vaches laitières à Valatie, à deux heures de route au nord de New York.

Dans une région où le taux de chômage tourne autour des 4%, le salaire qu'il propose, à partir de 10,50 dollars de l'heure, n'attire pas les Américains.

Du coup, pour faire tourner son exploitation, il emploie, outre cinq membres de sa famille, un immigré mexicain recruté il y a un an par le bouche à oreille.

Comme lui, le secteur agricole américain dépend en grande partie d'une main d'oeuvre immigrée peu chère qui lui permet de réduire les coûts de production.

Au total, environ 70% du million de salariés de l'agriculture sont nés à l'étranger, en très grande majorité au Mexique.

Immigrés illégaux

Et de l'aveu même du syndicat des agriculteurs American Farm Bureau (AFB), plus de la moitié des travailleurs du secteur sont en situation illégale.

Les déclarations de Donald Trump, qui a fait de la lutte contre l'immigration illégale une de ses priorités, sont perçues comme une menace pour ce modèle économique, basé sur un faible coût du travail.

Pas question toutefois pour les représentants des agriculteurs de s'opposer frontalement au nouveau président américain.

"L'escalade rhétorique sur l'application des règles d'immigration est problématique mais c'est notre rôle d'expliquer au pays pourquoi ces travailleurs sont toujours indispensables pour garantir un approvisionnement en nourriture", explique Kristi Boswell, chargée des questions migratoires à l'AFB.

Rompue au lobbying auprès des élus, l'AFB met en avant les inconvénients d'une mesure unilatérale qui se limiterait aux expulsions de travailleurs illégaux.

Etude à l'appui, le syndicat prédit pêle-mêle une chute des revenus agricoles comprise entre 15% et 29%, un plongeon de la production de fruits allant de 30% à 60% et surtout une hausse des prix des produits agricoles pour le consommateur de l'ordre de 5%.

Maraîchers en première ligne

Si une restriction de l'accès à ce réservoir de travailleurs bon marché affecterait tout le secteur, l'impact serait particulièrement fort pour les cultures les plus consommatrices de main d'oeuvre comme les fruits ou légumes, où la proportion d'étrangers dépasse 40%.

Ainsi les maraîchers et les arboriculteurs de Californie sont en première ligne: ce sont eux qui emploient le plus d'immigrés et dont les prix sont les plus sensibles au coût de la main d'oeuvre.

De son côté, la fédération nationale des producteurs de lait (NMPF) avait dès 2015 pronostiqué un doublement des prix du lait pour le consommateur en l'absence de travailleurs immigrés qui contribuent, d'après elle, à la production de 80% du lait américain.

Face aux centaines de milliers de travailleurs sans-papiers, l'immigration légale ne représente qu'une goutte d'eau. Le système de visa H2-A censé satisfaire les besoins des entreprises agricoles ne fait pas recette: en 2013 seuls quelque 71.000 visas de ce type avaient été émis, selon un rapport du Congrès américain.

Cette procédure impose à l'employeur de prendre en charge le transport et l'hébergement des travailleurs étrangers et fait l'objet de critiques pour son manque de flexibilité en imposant parfois un délai d'attente alors que les cultures ne peuvent pas attendre.

Les représentants des agriculteurs espèrent profiter du débat lancé par Donald Trump sur l'immigration pour faire entendre leurs revendications de réforme afin d'avoir accès à une main d'oeuvre légale.

En attendant, Eric Ooms a acheté des robots pour automatiser la traite de ses vaches. Un investissement de plus d'un million de dollars qui lui permettrait de moins souffrir d'une éventuelle pénurie de main d'oeuvre.

Avec AFP

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