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Malgré la pandémie, Trump le tribun tente de rebondir en retrouvant les foules


Un partisan du président américain Donald Trump scande "USA" la veille du premier meeting pour la campagne de réélection du président à Tulsa, Oklahoma, le 19 juin 2020.
Un partisan du président américain Donald Trump scande "USA" la veille du premier meeting pour la campagne de réélection du président à Tulsa, Oklahoma, le 19 juin 2020.

Aux prises avec de profondes crises, assailli de critiques et en baisse dans les sondages, Donald Trump tente la relance samedi avec un pari risqué: retrouver devant des dizaines de milliers de personnes les estrades qu'il aime tant, pour son premier meeting de campagne à l'ère du coronavirus. 

"Ma campagne n'a pas encore commencé. Elle démarre samedi soir, dans l'Oklahoma", a tweeté le président américain, qui briguera un deuxième mandat lors de la présidentielle du 3 novembre.

Entre "Trumpistes" et manifestants antiracisme, les autorités locales ont dit attendre jusqu'à 100.000 personnes à Tulsa, dans cet Etat conservateur du sud des Etats-Unis tout acquis à sa cause.


Témoin des inquiétudes qui pèsent sur la ville, un imposant déploiement de force autour du BOK Center où le meeting doit débuter dans la soirée, avec patrouilles de police omniprésentes et rues barrées par des soldats de la Garde nationale en armes appelés en renfort.

Tout était calme samedi matin, et les centaines de farouches partisans du président Trump qui attendaient à proximité dans une ambiance bon enfant, depuis des jours pour certains, ont pu commencer à rentrer dans le périmètre.

A en croire l'immatriculation des voitures, la majorité viennent d'Oklahoma ou des Etats voisins. Certains ont roulé toute la nuit pour avoir une chance d'entendre Donald Trump.

- "Nous, le peuple" -

"Nous sommes là pour montrer que nous soutenons le président Trump et que nous, le peuple, allons remporter l'élection de 2020, peu importe ce que disent les médias +fake news+ et autres multinationales libérales, gauchistes et qui cherchent à contrôler nos esprits", lance Brad, un costaud qui comme beaucoup porte T-shirt et casquette à l'effigie de son idole.

Le premier meeting du président républicain depuis le coup d'arrêt sonné par la pandémie de Covid-19, début mars, a suscité une vive polémique, beaucoup s'inquiétant des conséquences sanitaires d'une telle foule, notoirement réticente au port du masque, devenu une sorte de marqueur politique aux Etats-Unis.

Malgré la pandémie et alors que l'Oklahoma, jusqu'à présent relativement épargné, connaît justement une forte poussée des cas détectés, c'est dans une salle couverte que vont se presser quelque 20.000 personnes pendant plusieurs heures.

Presque aucun de ses partisans ne portait de masque samedi et ils ne semblaient pas se soucier de garder leurs distances.

Les participants du meeting se verront bien proposer un masque mais ne seront pas contraints de le porter. En revanche, ils devront signer un document par lequel ils renoncent à toute poursuite légale si jamais ils contractent le virus à cette occasion...

"Je ne porte pas vraiment le masque, c'est juste si quelqu'un a peur ou autre... Parce que ça ne sert à rien, c'est juste pour faire joli", affirme à l'AFP Louis Fazil, 41 ans, peu avant de pénétrer dans l'enceinte.

L'expert respecté en maladies infectieuses de la Maison Blanche, Anthony Fauci, a pourtant été clair: se rendrait-il à un tel événement? "Bien sûr que non".

"Trump est prêt à propager le virus juste pour entendre quelques acclamations", s'est indigné le sénateur Bernie Sanders, ex-candidat à la présidentielle et désormais soutien de Joe Biden.

L'ancien vice-président de Barack Obama respecte strictement les consignes des autorités sanitaires et n'a pas organisé de meeting depuis début mars.

Malgré sa campagne mise en sourdine par le confinement, Joe Biden, 77 ans, a récemment pris le large dans les sondages devant Donald Trump, 74 ans.

- Massacre racial -

Autre sujet majeur de controverse, le choix de Donald Trump d'organiser son grand retour autour des commémorations de la fin de l'esclavage, et dans une ville encore marquée par un des pires massacres raciaux de l'histoire américaine, le meurtre de quelque 300 Afro-Américains par une foule blanche, en 1921.

Une "vraie gifle", selon le responsable local du mouvement "Black Lives Matter", qui organise un rassemblement en amont du meeting dans un parc de la ville.

Un autre rassemblement de protestation est prévu en fin d'après-midi, loin du lieu du meeting.

En plein mouvement historique de colère contre le racisme et les violences policières, Donald Trump avait initialement choisi d'organiser son meeting le 19 juin ou "Juneteenth", date commémorant l'émancipation des derniers esclaves aux Etats-Unis.

Devant le scandale, il l'a reporté au lendemain, sans pour autant faire taire les critiques qui l'accusent de propager des thèses racistes.

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