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Une présidentielle dominée par trois anciens chefs de l'Etat à Madagascar


Un électeur arrive dans un isoloir dans un bureau de vote à Antananarivo, le 7 novembre 2018.
Un électeur arrive dans un isoloir dans un bureau de vote à Antananarivo, le 7 novembre 2018.

Les électeurs malgaches ont voté mercredi dans le calme pour le premier tour de la présidentielle, une élection à suspense dominée par trois ex-chefs de l'Etat au coeur des crises politiques qui ont secoué la Grande Ile ces dernières années.

Les bureaux de vote ont fermé à 17 heures (14 heures GMT) et le dépouillement a commencé dans la foulée, ont constaté des journalistes de l'AFP dans la capitale Antananarivo.

En prévision d'un décompte qui pourrait se poursuivre tard dans la soirée, des bureaux étaient équipés de torches électriques en cas de coupures d'électricité, fréquentes à Madagascar.

Les premiers résultats provisoires et très partiels sont attendus d'ici vendredi matin, mais la proclamation des résultats officiels est prévue le 28 novembre.

Dans cette grande île de l'océan Indien au réseau routier délabré, l'acheminement d'une partie des procès-verbaux des bureaux de vote se fera par hélicoptère.

A la mi-journée, le taux de participation était de 40% dans la capitale Antananarivo et de 68% à Toliara (sud-ouest), la troisième ville du pays, a annoncé le ministre de l'Intérieur Tianarivelo Razafimahefa, ajoutant qu'aucun incident n'avait été pour l'instant signalé.

"On espère que cette élection sera l'occasion de consolider les acquis démocratiques", a déclaré mercredi le chef de la mission des observateurs de l'Union européenne, Cristian Preda, dans un pays coutumier de crises post-électorales et politiques.

"J'espère qu'on n'aura pas de crise après cette élection, mais tel que je le vois, les candidats sont trop arrogants", a avancé une électrice, Eline Faraniaina, 60 ans. "Aucun ne veut perdre l'élection".

Pour éviter tout dérapage, le président de la Haute Cour constitutionnelle Jean Eric Rakotoarisoa a "exhorté" mercredi "les candidats à ne pas annoncer de résultats" avant la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) et "à ne pas se déclarer vainqueur avant le résultat final".

"Sortir de la pauvreté"

Ce scrutin marque le retour des "revenants", les ex-présidents Marc Ravalomanana (2002-2009) et Andry Rajoelina (2009-2014), interdits par la communauté internationale de se présenter en 2013 après les violences politiques de 2009 qui avaient fait une centaine de morts.

Les manifestations avaient débouché sur un coup d'Etat, ainsi que l'a qualifié la communauté internationale, et l'armée avait confié le pouvoir à l'opposant Andry Rajoelina.

Le combat entre les deux frères ennemis se transpose cette année dans les urnes, où ils affrontent 34 autres candidats, dont l'ex-président Hery Rajaonarimampianina (2013-2018), qui complète le trio des principaux prétendants.

Pendant son mandat, ce dernier a échappé à deux destitutions et dû faire face à une fronde de l'opposition, qui a fait deux morts en avril.

Mercredi, les forces de l'ordre se sont fait discrètes dans la capitale, après une campagne électorale sans incident.

Pour de nombreux électeurs, la priorité est la lutte contre la pauvreté dans un pays où les trois-quarts de la population vivent avec moins de 1,90 dollar par jour.

"Franchement, c'est difficile de vivre comme ça. Il y a des jours où je ne peux pas nourrir mes enfants", a expliqué à l'AFP Tantely Randriandrina, une blanchisseuse qui gagne à peine plus d'1 dollar par jour.

"Grand jour"

Les trois favoris de la présidentielle, qui ont déployé pendant la campagne des moyens jugés "indécents" par l'ONG Transparency International, ont voté mercredi matin dans la capitale.

"C'est un grand jour, c'est la victoire de la démocratie", a déclaré Hery Rajaonarimampianina après avoir voté.

Les poids lourds de la campagne ont fait naturellement du développement leur priorité affichée. Mais les observateurs dénoncent des promesses sans financement.

"Nous avons beaucoup de ressources naturelles qui ont été mal exploitées. Si on régule tout ça, je pense qu'on va développer Madagascar", a assuré à l'AFP dimanche M. Rajoelina, 44 ans, apprécié des classes populaires et de la jeunesse.

Marc Ravalomanana, 68 ans et perçu comme le candidat de l'intelligentsia, a multiplié les engagements, comme ses concurrents.

"Quand Papa (son surnom) sera élu, vous aurez ce que vous voulez", a-t-il assuré pendant la campagne en brandissant des tablettes électroniques et des cartables qu'il compte distribuer aux élèves.

Hery Rajaonarimampianina a demandé, lui, plus de temps pour "consolider le développement". "Après 50 ans de pauvreté, on ne peut pas tout corriger en cinq ans", a-t-il expliqué.

Face aux favoris, soutenus par des chaînes de télévision et des radios, les 33 autres candidats ont eu du mal à exister.

Mais Marie Albert Razafiniaina, 42 ans, a décidé de donner sa voix à l'un des outsiders: "La population en a marre de ces trois candidats. Ils ont été au pouvoir mais sans résultat".

Si aucun candidat n'obtient 50% des suffrages, un second tour est prévu le 19 décembre.

Avec AFP

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