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Les républicains peinent à tenir la promesse d'abroger Obamacare


Donald Trump signe un premier décret contre la loi d'assurance santé "Obamacare" de son prédécesseur, à la Maison Blanche, le 24 janvier 2017.
Donald Trump signe un premier décret contre la loi d'assurance santé "Obamacare" de son prédécesseur, à la Maison Blanche, le 24 janvier 2017.

De frénétiques négociations se déroulaient mardi en coulisses au Sénat américain pour tenter de sauver l'une des grandes promesses électorales des républicains et de Donald Trump: abroger Obamacare. Mais les défections au sein de la majorité se multipliaient.

A ce stade, si le texte préparé par les chefs du Sénat était placé officiellement à l'ordre du jour, il n'aurait pas suffisamment de voix pour survivre, une coalition de sénateurs républicains ultra-conservateurs et modérés ayant déclaré leur opposition, pour des raisons différentes.

Mitch McConnell, le chef de la majorité sénatoriale, doit annoncer mardi s'il persiste à ouvrir les débats cette semaine. L'objectif initial était d'adopter la proposition de loi avant le week-end.

L'équilibre du texte visait à concilier la promesse d'abrogation de la loi démocrate de 2010, tout en élaborant un système alternatif et libéralisé pour éviter de couper l'herbe sous le pied à la vingtaine de millions d'Américains qui ont pu trouver une couverture maladie grâce à Obamacare.

Mais les conservateurs jugent que le compromis ne desserre pas assez le carcan d'Obamacare et restera très onéreux pour les finances publiques. Les modérés, à l'inverse, estiment inacceptable de voter pour une loi qui feraient de facto remonter le nombre de personnes sans assurance aux niveaux pré-Obamacare.

"Nous n'avons pas de sujet aussi emblématique que celui-ci. C'est la plus grande promesse que nous ayons jamais faite à l'époque moderne", a insisté mardi Paul Ryan, le président de la Chambre des représentants, où une première mouture de la réforme républicaine a été adoptée au forceps en mai.

Paul Ryan devant le Congrès.
Paul Ryan devant le Congrès.

"Nous avons dit que si nous étions élus, nous abrogerions et remplacerions Obamacare. Nous l'avons fait à la Chambre. C'est au tour du Sénat, et je pense qu'ils y arriveront", a-t-il dit sur Fox News.

Mais les mots de Paul Ryan se heurtent à l'arithmétique serrée du Sénat, où les républicains n'occupent que 52 sièges sur 100. Ils doivent donc trouver en leur sein 50 voix (en cas d'égalité 50-50, le vice-président peut venir dans l'hémicycle et apporter la 51e voix). Or au moins quatre sénateurs ont déjà dit qu'ils voteraient contre.

Qui est affecté?

Le système de santé américain est un enchevêtrement de responsabilités publiques et privées, nationales et locales. La réforme républicaine n'affecterait pas directement la moitié d'Américains qui sont assurés par leur employeur. Elle ne toucherait pas non plus à la couverture médicale publique offerte aux plus de 65 ans, Medicare.

En revanche, elle s'attaquerait au programme Medicaid, qui couvre les plus pauvres et les handicapés. Les dépenses Medicaid augmentent chaque année selon une trajectoire insoutenable, à terme. Les républicains veulent progressivement plafonner les dépenses, ce qui conduirait à radier quelque 15 millions de personnes d'ici 2026, selon un rapport du Bureau du budget du Congrès (CBO).

"On ne peut pas transformer l'Etat fédéral en organisation de santé, il n'y aurait plus d'argent pour la Défense ou le reste du gouvernement", justifie le sénateur républicain Lindsey Graham.

L'autre catégorie d'assurés affectés est ceux qui, grâce aux aides financières d'Obamacare, ont pu souscrire une couverture maladie privée sans bénéficier de tarifs de groupes: salariés de PME, artisans, travailleurs indépendants...

Obamacare a créé un barème d'aides en fonction des revenus, et obligeait les assureurs à couvrir des soins essentiels. Les républicains ne suppriment pas les aides mais les réduisent, et ils veulent permettre aux compagnies d'assurance d'offrir des couvertures allégées (sans les soins maternité par exemple), et donc moins chères.

Mais l'obligation de s'assurer, qui permettait d'attirer dans le marché des patients en bonne santé, serait supprimée, ne laissant que les patients "coûteux"... dont les primes d'assurance augmenteraient dès 2018, alors que l'objectif était de faire baisser les coûts immédiatement.

En janvier, Donald Trump avait promis la législature la plus productive de l'histoire. Les chefs du Sénat se sont donné jusqu'à fin juillet pour abroger Obamacare, avant de passer à autre chose.

Avec AFP

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