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Les Etats-Unis se mettent au traçage à l'ancienne, mais "c'est tard"


Des acheteurs pratiquent la distance sociale pendant qu'ils attendent avec leurs chariots pour entrer dans un magasin Target à Manhattan lors de l'épidémie de la maladie à coronavirus (COVID-19) à New York, New York, États-Unis, le 1er avril 2020. REUTERS / Brendan Mcdermid
Des acheteurs pratiquent la distance sociale pendant qu'ils attendent avec leurs chariots pour entrer dans un magasin Target à Manhattan lors de l'épidémie de la maladie à coronavirus (COVID-19) à New York, New York, États-Unis, le 1er avril 2020. REUTERS / Brendan Mcdermid

Impossible pour les Américains de reproduire le modèle taïwanais ou sud-coréen de traçage numérique des cas de Covid-19. Les autorités se sont arrogé l'accès à des montagnes de données personnelles allant de la géolocalisation aux relevés de cartes bancaires et de voyage et aux dossiers médicaux.

Aux Etats-Unis, un pays à la fois vigilant sur les libertés individuelles et hautement décentralisé, plusieurs juridictions, villes et Etats, optent pour l'embauche de milliers d'enquêteurs de santé publique qui devront appeler au téléphone, fastidieusement, tous les cas confirmés de Covid-19, afin de dresser une liste de toutes les personnes qui ont passé plus de 15 minutes à moins de deux mètres de distance d'elles... et d'appeler ces contacts-là ensuite pour les inciter à la quarantaine.

C'est un travail de fourmis, peu qualifié, un travail de centre d'appels, complémentaire des multiples applications mobiles et volontaires en développement. Pas besoin d'avoir une formation médicale. Les agents travaillent depuis chez eux, grâce à un logiciel sur leur ordinateur. Chaque appel prend au moins une demi-heure.

Le Massachusetts a été le premier à lancer le programme, début avril: il va recruter 1.000 "contact tracers", des chercheurs ou recenseurs de contacts (17.000 personnes ont postulé). San Francisco le fait aussi, à son échelle. Quant aux autres Etats, ils commencent à peine à planifier.

"C'est tard", dit Joia Mukherjee, directrice médicale de Partners in Health, l'ONG choisie par le Massachusetts pour gérer le programme. "Cela aurait été plus simple de le faire après le premier cas."

Mais le retard peut être rattrapé, croit-elle. "Toutes les épidémies sont hautement localisées. C'est terrifiant de regarder le bilan global, mais il faut s'attaquer au problème ville par ville, quartier par quartier."

"Si le Liberia arrive à le faire, pourquoi pas le Massachusetts?" dit Joia Mukherjee à l'AFP.

En Afrique, et dans d'autres pays, ce genre de suivi personnalisé est considéré comme la base de la santé publique. Mais depuis 40 ans, ajoute la médecin, "les Etats-Unis ont désinvesti dans la santé publique au profit des hôpitaux et des activités qui génèrent des recettes".

- 100.000 agents -

A Wuhan, 1.800 équipes de cinq personnes ont fait ce travail, souvent des volontaires. Pour les Etats-Unis, cela reviendrait proportionnellement à 265.000 personnes.

Les chercheurs de l'université Johns Hopkins ont suggéré 100.000 agents pour commencer. Un chiffre "stupéfiant", de leur aveu.

Le pays ne compte actuellement, tout au plus, que 5.000 spécialistes chargés de suivre les cas de maladies transmissibles tels que le VIH ou la tuberculose, dit à l'AFP Michael Fraser, directeur général de l'association des responsables de santé publique des Etats et collectivités territoriales (ASTHO).

Il ne s'attend pas à ce que le recrutement commence avant deux à quatre semaines dans la plupart des Etats.

"Le but est une mise en place avant la réouverture", dit Michael Fraser.

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