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Les autorités béninoises mènent une traque contre la cybercriminalité


Des utilisateurs d'ordinateurs devant un écran montrant le mot "cyber" en code binaire, dans cette photo d'illustration prise le 27 décembre 2014.
Des utilisateurs d'ordinateurs devant un écran montrant le mot "cyber" en code binaire, dans cette photo d'illustration prise le 27 décembre 2014.

"Parfois c’est bizarre de dire que tu es Béninois, tellement ils ont arnaqué les gens à l’extérieur"

Dans le cadre de la lutte contre les arnaques, les escroqueries et autres délits d’ordre cybercriminel, la police béninoise procède à des arrestations régulières de présumés cybercriminels.

En moins de trois ans, plus de 556 hommes et femmes ont été appréhendés. La police a redoublé d’ardeur à cause de la période des vacances qui est une occasion pour d’autres de rejoindre les rangs de l’arnaque en ligne.

Au Bénin, tous les mois, l’Office central de répression (OCRC) renvoie devant la justice des cyber-arnaqueurs aux profils divers : meunier, apprenti soudeur, enseignant, étudiant, élève... Malgré les appels à la vigilance, le phénomène ne diminue pas. Nicaise Dagnibo est commissaire de police. Pour lui, “le phénomène a atteint presque tous les secteurs et regorge de personnes insoupçonnables”.

Chantage à la webcam en tête

“Le chantage à la webcam est venu en tête avec 19 cas. Nous avons pu interpeller 13 personnes et le préjudice s’élève à plus de 21 millions de FCFA. Nous avons aussi des cas d’escroquerie à la webcam. Nous avons eu des cas où les délinquants achètent des cartes sim dans le but d’escroquer en proposant des services moyennant de l'argent. Ils vous appellent de Cotonou mais vous font croire qu’ils sont sur un autre continent”.

Le phénomène a commencé par sévir dans les années 2000 avec des individus sans grande connaissance particulière en informatique, mais avec de solides atouts en psychologie.

On les reconnaît à leurs tenues vestimentaires tape à l’oeil, un français approximatif, un langage à peine soutenu. Mais pour eux, les choses se sont corsées dernièrement avec des arrestations tous azimuts.

Environ 1.000 personnes ont été arrêtées par la police depuis 2016. Ces trois derniers mois, une centaine de jeunes ont été arrêtés et risquent plusieurs années de prison.

“Une mauvaise politique du gouvernement” selon Timining, artiste rappeur.

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Une loi adoptée en 2011

La loi portant lutte contre la corruption, adoptée en 2011, qui y consacre tout son chapitre XV ("Des infractions cybernétiques, informatiques et de leur répression"), condamne fermement la cybercriminalité.

L’article 124 dispose notamment : "Quiconque a procédé à la falsification de documents informatisés, quelle que soit leur forme, de nature à causer un préjudice à autrui, est puni d'un emprisonnement d’un an à cinq ans et d'une amende de deux millions de francs CFA à vingt millions."

Pour la population, “l’Etat doit persévérer pour que les jeunes comprennent que seul le travail est source de revenus. Il en va également de la crédibilité du Bénin”.

“J’apprécie la décision des autorités, la guerre qu’elles font aux cybercriminels. Parfois c’est bizarre de dire que tu es Béninois. Tellement ils ont arnaqué les gens à l’extérieur que le pays est devenu une zone à éviter”, explique un Béninois.

Les autres victimes de la cybercriminalité, depuis que la traque a commencé au Bénin, sont les propriétaires des cybercafés. Perçus comme étant les nids de ces jeunes, plus personne n’ose s’y aventurer au risque d’être confondu. Les promoteurs se désolent de la situation et appellent les autorités à ne pas confondre tout le monde.

“C’est bien de vouloir combattre la cybercriminalité et de ramener la sécurité et tout mais à côté nous autres souffrons. Normalement mon cybercafé, à cette heure de la journée devrait être rempli, mais voilà. A peine deux personnes. Et c’est le cas pour d’autres", déplore un entrepreneur de la capitale.

Les autorités béninoises sont décidées à en découdre avec les cybercriminels. Le procureur général, le directeur de la police républicaine et les préfets ont tous menacé de sévir jusqu’à la dernière rigueur pour que force reste à la loi.

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