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Législatives au Sénégal : état des forces à deux ans de la présidentielle


La police procède à l’arrestation d’un manifestant sur la place de l’Indépendance, à Dakar, Sénégal, 25 juillet 2017. (S. Christensen/VOA)
La police procède à l’arrestation d’un manifestant sur la place de l’Indépendance, à Dakar, Sénégal, 25 juillet 2017. (S. Christensen/VOA)

Les Sénégalais élisent dimanche leurs députés, un scrutin test en vue de la présidentielle de 2019 avec, comme têtes de liste de l'opposition au chef de l'Etat Macky Sall, son prédécesseur Abdoulaye Wade et le maire de Dakar, Khalifa Sall, en détention préventive.

La campagne électorale, émaillée de violences qui ont fait de nombreux blessés à travers ce pays réputé en Afrique pour sa tradition démocratique, s'achève vendredi soir.

Plus de 6,2 millions d'électeurs sont appelés aux urnes dimanche de 08H00 à 18H00 GMT pour départager un nombre record de listes - 47, contre 24 en 2012. Les premiers résultats de ce scrutin à un tour sont attendus dans la nuit de dimanche à lundi.

Un enjeu de cette dernière consultation avant la présidentielle sera de mesurer les forces du camp du chef de l'Etat Macky Sall, élu en 2012 face à Abdoulaye Wade (2000-2012).

L'opposition affirme viser la majorité pour lui imposer "une cohabitation" mais ses chances d'y parvenir ont diminué, après son échec à s'entendre sur une liste commune.

"On ne parle plus du 30 juillet, mais de 2019", a déclaré le Premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne, tête de liste de la majorité, en meeting jeudi soir à Dakar.

Le nombre de sièges à l'Assemblée nationale passera de 150 à 165, en vertu d'une révision constitutionnelle adoptée en mars 2016 et créant 15 députés pour représenter la diaspora.

Sur 165 sièges, 105, dont les 15 de la diaspora, seront pourvus au scrutin majoritaire et 60 à la proportionnelle.

Les derniers jours de campagne ont été marqués par une controverse sur la délivrance des cartes d'identité biométriques permettant aux citoyens de voter, dont plusieurs centaines de milliers ne pourront pas être fournies à temps.

Saisi par M. Sall, le Conseil constitutionnel a autorisé in extremis le vote avec le récépissé de dépôt de carte, à condition de présenter également l'ancienne carte d'électeur, le passeport, voire un document d'immatriculation pour les non-détenteurs des autres titres.

- Lettre de prison -

L'opposition a dit craindre que l'autorisation d'autres documents que la carte d'identité biométrique ne favorise la fraude en faveur du pouvoir.

M. Wade, toujours chef, à 91 ans, du Parti démocratique sénégalais (PDS), accuse les autorités de délivrer les cartes de manière sélective afin d'éviter une victoire de l'opposition. Il avait appelé à une marche mardi à Dakar pour les réclamer.

Le rassemblement a été dispersé par les forces de l'ordre, le gouvernement estimant qu'il se tenait dans un secteur interdit "aux manifestations à caractère politique". Une trentaine de partisans de l'ex-président ont été arrêtés, selon son entourage.

De retour le 10 juillet après plus de deux ans d'absence, il a affirmé s'être lancé dans la bataille électorale pour chasser du pouvoir Macky Sall, qui selon lui a "détruit le Sénégal".

"Quand certains cherchent une majorité pour pouvoir amnistier leurs enfants et leurs proches (...) nous voulons continuer à accroître et démocratiser davantage les infrastructures sur tout le territoire", a répliqué la semaine dernière le Premier ministre, insistant sur la construction de routes.

Selon des analystes, une victoire de l'opposition permettrait à Abdoulaye Wade d'obtenir une amnistie pour son fils et ancien ministre Karim, condamné en 2015 à six ans de prison pour "enrichissement illicite", afin de lever toute hypothèque sur son éligibilité. Gracié en juin 2016 par le président Sall, Karim Wade réside depuis à l'étranger.

Une autre liste de l'opposition est menée par le maire de Dakar, considéré comme probable prétendant à la prochaine élection présidentielle, en détention depuis mars pour détournement de fonds présumés, des accusations qu'il rejette.

"Partout, je vois les effets néfastes de la politique de son régime qui a installé notre pays dans une débâcle généralisée", écrit Khalifa Sall, dans une lettre publiée dans la nuit de jeudi à vendredi, sans citer nommément le chef de l'Etat.

En raison du nombre inédit de listes, l'Assemblée nationale a modifié la réglementation imposant de prendre la totalité des bulletins de vote. Avant de se rendre dans l'isoloir, chaque électeur devra prendre au minimum cinq bulletins.

Autre innovation, le gouvernement a annoncé le paiement anticipé dès mercredi des traitements des fonctionnaires et des retraites, un geste destiné selon la presse à s'attirer les faveurs de l'électorat.

Avec AFP

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