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Le Covid-19 révèle au grand jour le fossé numérique dans le système éducatif camerounais


Un collège d’enseignement secondaire privé fermé pour cause du Covid-19 à Yaoundé, le 6 avril 2020. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)
Un collège d’enseignement secondaire privé fermé pour cause du Covid-19 à Yaoundé, le 6 avril 2020. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

Plus de 7,2 millions d’élèves et étudiants sont affectés directement par la fermeture des établissements scolaires et universitaires à cause de la crise du covid-19. Et les établissements universitaires privés subissent financièrement l’impact de la pandémie sur le système éducatif.

Confinés à la maison depuis le 18 mars, les élèves des classes d’examen multiplient des initiatives pour poursuivre leur éducation. "Nous avons créé un forum qui regroupe 30 élèves et 8 enseignants", confie à VOA Afrique, Brenda, élève en classe de terminale dans un collège privé de Yaoundé.

Plus de trois semaines après la fermeture par le gouvernement des établissements scolaires en raison du covid-19, la jeune élève s’est arrimée malgré elle à l’enseignement à distance avec l’application WhatsApp.

"Nous avons deux matières par jour, le matin de 4 heures à 6 heures, et le soir de 18h à 20 heures, nous faisons des corrections des épreuves, les enseignants laissent des sujets et on les corrige ensemble", explique-t-elle.

Brenda reconnait néanmoins que "ce n’est pas si facile parce que c’est coûteux".

En plus des dépenses liées à la connexion Internet, chaque élève du forum va débourser 10.000 francs CFA au bout d’un mois.

Des moyens financiers que Marie-Jeanne dit ne pas avoir. Élève en classe de terminale au lycée d’Anguissa à Yaoundé, elle a adopté une méthode plus simple qui consiste à "demander à mes camarades de classe, à mes amis sur WhatsApp qui comprennent mieux la leçon de m’expliquer, lorsque j’ai des difficultés dans mes révisions".

Dans l’enseignement supérieur privé, la poursuite des programmes de formation académiques préoccupe également. C'est le cas à l’Institut Saint-Louis spécialisé dans la formation aux métiers de la santé.

"Nous n'avons pas de subventions de l'État, et les étudiants, ils paient des frais de scolarité et puis, c’est avec ces frais de scolarité que nous faisons fonctionner l'école, et quand les activités économiques sont à terre, alors bien sûr les étudiants ne peuvent pas payer les frais de scolarité, alors bien sûr, l'école ne peut pas avoir d'argent", mentionne le promoteur, Dr Nick Ngwayam.


Initialement basé à Bamenda, l’institut a délocalisé à Douala à cause de la crise anglophone. "Nous ne sommes même pas préparés aux cours en ligne parce que nous avons des problèmes de bande passante, la connexion internet n'est pas très stable et pas aussi bonne. Et puis vous savez, c'est cher, les enfants n'ont pas assez d'argent pour payer la nourriture, alors, quand nous leur demandons de payer la bande passante, cela ressemble à une insulte".

La pandémie a révélé au grand jour le fossé numérique au Cameroun. "Nous remarquons d’ailleurs avec cette épidémie que les domaines prioritaires à arrimer aux TICs sont les professionnels de l’éducation et de la santé, nous devons aider les enseignants à s’adapter à ce nouveau cadre d’apprentissage", a souligné sur les ondes de la Crtv, la radio d’Etat, Armand Claude Abanda, représentant résidant au Cameroun de l’Institut Africain d’Informatique IAI, dont le siège est à Yaoundé.

Selon une récente enquête menée par le ministère de l’éducation de base, "seulement 20 à 25%, des enseignants au Cameroun disposent d’un accès à internet, et la plupart ne possèdent pas de compétence en TICs".

Coronavirus: campagne de sensibilisation à Douala
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Afin de couvrir le dernier tiers du programme scolaire, la radio et la télévision d’Etat ont entamé lundi la diffusion des cours pour les élèves des classes d'examen des cycles primaire et secondaire.

Auparavant, la ministre des enseignements secondaires avait annoncé que le gouvernement allait expérimenter une plateforme d’enseignement à distance pour tous. Les enseignants qui ont des cours bien élaborés ont été invités à les déposer auprès du ministère. Mais, à ce jour, la plateforme n’est pas encore fonctionnelle.

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