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Le Sebin, le redouté service de renseignement du pouvoir vénézuélien


Des manifestants de l'opposition se sont réunis contre le président Nicolas Maduro, à Caracas, au Venezuela, le 15 avril 2017.
Des manifestants de l'opposition se sont réunis contre le président Nicolas Maduro, à Caracas, au Venezuela, le 15 avril 2017.

Le Sebin, service de renseignement vénézuélien, est au centre de la répression contre les protagonistes du soulèvement manqué contre Nicolas Maduro : des ONG critiquent farouchement ses méthodes et accusent ses agents de se livrer à des arrestations arbitraires et à des actes de torture.

A quoi sert le Sebin ?

Créé en 2010 par Hugo Chavez, le Service bolivarien de renseignement national, a remplacé la Direction des services de renseignement et de prévention (DISIP). Le défunt président (1999-2013) promettait alors que le Sebin aurait un rôle "crucial" à jouer pour lutter contre l'insécurité.

Sous la tutelle de la vice-présidence de la République, il doit, selon ses statuts, "fournir du renseignement en vue de neutraliser les menaces réelles ou potentielles contre l'Etat".

Il est censé s'attaquer en premier lieu au crime organisé et au narcotrafic, mais, depuis son origine, "il constitue un instrument de persécution politique", accuse Gonzalo Himiob, l'un des dirigeants de Foro Penal, une ONG de défense des droits de l'homme.

Selon Foro penal, il y aurait aujourd'hui 857 "prisonniers politiques" au Venezuela, un terme que récuse le gouvernement.

Le Sebin compterait environ 2.000 agents, d'après un chiffre fourni par l'ONG Una ventana à la Libertad (Une fenêtre sur la Liberté).

Dans quelles affaires le Sebin a-t-il fait parler de lui ?

Depuis le début de l'année, le Sebin s'est notamment illustré lors de l'arrestation express de l'opposant Juan Guaido, alors que celui-ci se rendait à une manifestation le 13 janvier, dix jours avant qu'il ne se proclame président par intérim.

Ses agents ont également participé à l'arrestation des journalistes français Pierre Caillé et Baptiste des Monstiers, entrés au Venezuela sans visas de journalistes pour couvrir la crise politique née de la proclamation de Juan Guaido. Les deux reporters de l'émission "Quotidien" ont ensuite été transférés à l'Helicoïde, le redouté "centre opérationnel" du Sebin, avant d'être expulsés.

Plus récemment, le Sebin est au centre de la répression contre les "traîtres" qui ont soutenu, selon le pouvoir chaviste, le soulèvement manqué du 30 avril auquel avait appelé Juan Guaido.

Mercredi dernier, plusieurs agents ont ainsi arrêté le vice-président de l'Assemblée nationale Edgar Zambrano lors d'un rocambolesque épisode où le parlementaire d'opposition s'est réfugié dans une voiture. Devant son refus d'en descendre, le Sebin l'a remorqué à l'aide d'une dépanneuse.

Qui dirige le Sebin ?

Le jour du soulèvement manqué, le président vénézuélien a annoncé le retour à la tête du Sebin du général Gustavo Gonzalez, poste qu'il avait déjà occupé de 2014 à 2018. Il remplace le général Cristopher Figuera, chef du Sebin depuis le 31 octobre dernier, qui a fait défection juste après le soulèvement raté et que Nicolas Maduro a accusé d'être une "taupe de la CIA".

Le premier mandat du général Gonzalez a été marqué par la mort, le 8 octobre dernier, de Fernando Alban, un homme politique d'opposition détenu dans l'enquête sur un attentat manqué contre le président vénézuélien. Selon le gouvernement, Fernando Alban s'est suicidé en se jetant du 10e étage du centre opérationnel du Sebin. Mais l'opposition affirme qu'il a succombé aux actes de torture que lui ont infligés les agents. Ils auraient précipité son corps dans le vide pour maquiller sa mort en suicide, toujours selon l'opposition.

Que sont l'Helicoïde et la Tumba ?

"C'était l'enfer", résume Villca Fernandez, un opposant vénézuélien, aujourd'hui en exil, qui a passé dix ans et demi à l'Helicoïde, le centre opérationnel du Sebin et son principal centre de détention, situé à Caracas.

Le bâtiment tient son nom de sa forme hélicoïdale. Sa construction a débuté dans les 1950 et il devait à l'origine abriter un centre commercial, un hôtel et un héliport, mais les travaux ont été interrompus en 1961.

Dans les années 1980, la DISIP, l'ancêtre du Sebin, a commencé à y emménager.

En reprenant les témoignages d'anciens détenus, Carlos Nieto, directeur de l'ONG "Una ventana a la Libertad", dénonce les actes de torture infligés à certains à l’Hélicoïde : coups, chocs électriques, tête plongée dans des sacs imprégnés d'insecticide...

La direction générale du Sebin se trouve, elle, dans une tour du centre de Caracas. Dans ses sous-sols, se trouve, selon des activistes et d'anciens détenus, un centre de détention baptisé La Tumba (La tombe) qui compterait sept cellules. Selon Carlos Nieto, les prisonniers y sont à l'isolement. Le gouvernement nie l'existence de La Tumba.

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