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Ouverture du procès de miliciens pour viols d'enfants en RDC


Composition de la cour militaire du Sud-Kivu dans les audiences foraine de Kavumu, en RDC, le 10 novembre 2017. (VOA/Ernest Muhero)
Composition de la cour militaire du Sud-Kivu dans les audiences foraine de Kavumu, en RDC, le 10 novembre 2017. (VOA/Ernest Muhero)

Le procès sur les viols de 48 fillettes au Sud-Kivu a débuté à Kavumu, à 35 kilomètres de Bukavu, en territoire de Kabare.

Les habitants de Kavumu se sont présentés en masse pour suivre le déroulement du procès malgré une attente de plus de 5 heures sur place. Les accusés, menottes en main, étaient bien en vue.

Reportage d'Ernest Muhero, correspondant à Bukavu pour VOA Afrique
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En cette première audience qui a commencé vers 19 heures, heure locale, la cour militaire du Sud-Kivu siégeant en matière répressive a vérifié et constaté que toutes les parties prenantes au procès sont assistées avant de procéder à l’appel nominal des 18 prévenus, dont un député provincial de Kabare, Frederic Batumike.

Dans l’acte d’accusation lu par le greffier de la cour, quatre chefs d'accusation sont retenus contre ces prévenus: le meurtre, la participation à un mouvement insurrectionnel, le crime contre l’humanité par viol et la détention illégale d’armes et de munitions de guerre.

Une partie de la population de Kavumu, dont plusieurs mamans, suit le procès en dehors de la salle d'audience, en RDC, le 10 novembre 2017. (VOA/Ernest Muhero)
Une partie de la population de Kavumu, dont plusieurs mamans, suit le procès en dehors de la salle d'audience, en RDC, le 10 novembre 2017. (VOA/Ernest Muhero)

Le collectif des sept avocats qui les représente les victimes se dit satisfait du début de ce procès.

Maître Charle Cicura, porte-parole du collectif des avocats qui représente les victimes de viol, en RDC, le 9 novembre 2017. (VOA/Ernest Muhero)
Maître Charle Cicura, porte-parole du collectif des avocats qui représente les victimes de viol, en RDC, le 9 novembre 2017. (VOA/Ernest Muhero)

Maitre Charles Cicura, porte-parole du collectif, pense qu’il s’agit là d’un signal fort contre l’impunité.

"C'est un sentiment de satisfaction aujourd'hui, car le procès a commencé", explique l'avocat.

"Le gouvernement a comrpis l'ampleur du crime quand il s'est rendu compte que les cas n'étaient plus isolés", confie-t-il à VOA Afrique.

Milice "Jeshi ya Yesu"​

Jean crysostome Kijana, président national de la nouvelle dynamique de la société civile, précise qu’après investigation, son organisation a découvert que les violeurs des fillettes -qui ont créé la psychose à Kavumu entre 2013 et 2015- appartenaient à une milice aux croyances et pratiques fétichistes dénommée "Jeshi ya Yesu", pour dire "armée de Jésus" en Kiswahili.

Maître Charles Cicura plaide pour les 48 victimes de viol à Kavumu, en RDC, le 10 novembre 2017. (VOA/Ernest Muhero)
Maître Charles Cicura plaide pour les 48 victimes de viol à Kavumu, en RDC, le 10 novembre 2017. (VOA/Ernest Muhero)

"Nous nous sommes rendu compte​ qu'il pensait que si vous aviez des rapports sexuelles avec une petite fille, vous devenez invulnérable aux balles", raconte-t-il. "Cela a laissé des cicatrices insurmontables".

Crispin Kashali , chargé de communication de la fondation Panzi, en RDC, le 9 novembre 2017.
Crispin Kashali , chargé de communication de la fondation Panzi, en RDC, le 9 novembre 2017.

Chrispin Kashali, chargé de communication au sein de la fondation Panzi, rappelle le tableau qui s’est présenté au départ dans cette affaire des viols.

"Au début, on a eu des appels ici ou là, mais on s'est vite rendu compte que c'était un fléau", se rappelle-t-il.

"L'essentiel, c'est que la justice soit rendue", espère-t-il.

Astrid Mujinga, coordonnatrice de l’organisation Cordon des Femmes Congolaises pour l’Equilibre des Ménages, estime que les présumés violeurs de Kavumu ont semé le déséquilibre dans plusieurs ménages.

Pour elle, il est primordiale que le viol soit découragé par l’action de la justice.

Le député Fréderic Batumike est considéré et présenté comme le chef de file de la milice "Jeshi la Yesu". Selon Me Charles Cicura, cette milice s’est attaquée à trois reprises aux positions des FARDC en juillet 2014.

Au total, 48 fillettes, victimes des actes de viol, ont été recensées, conclut Cicura. Leur âge varie entre 8 mois et 7 ans. Les audiences foraines se poursuivent ce samedi.

Ernest Muhero, correspondant à Bukavu

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