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Le Kremlin défend le silence des télévisions russes dans l'affaire de l'enfant décapité


Le président russe Vladimir Putin prononce un discours au Kremlin à Moscou, Russie, 3 décembre 2015
Le président russe Vladimir Putin prononce un discours au Kremlin à Moscou, Russie, 3 décembre 2015

Le Kremlin a défendu mardi le silence de grandes chaînes de télévision russes qui n'ont pas évoqué, malgré l'intense émotion provoquée en Russie par ce crime, l'affaire de la nounou arrêtée lundi alors quelle brandissait dans la rue la tête décapitée d'un enfant.

"D'après ce que nous savons, les chaînes ont en effet pris la décision de ne pas montrer cette horrible tragédie", a déclaré aux journalistes le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, ajoutant qu'aucune consigne émanant des autorités n'avait été donnée sur le sujet.

"Il me semble qu'on ne peut que soutenir cette décision des chaînes, parce que c'est probablement trop monstrueux pour être montré à la télévision", a-t-il toutefois ajouté.

Selon M. Peskov, cette attitude est en accord avec les pratiques internationales et relève du "regard critique" des chaînes de télévision.

Plusieurs télévisons locales ont évoqué l'affaire mais pas les chaînes nationales.

Lundi, une nounou a été arrêtée près d'une station de métro dans le nord-est de la capitale alors qu'elle déambulait en brandissant la tête coupée d'un enfant, se disant "terroriste". "Je déteste la démocratie. Je suis une terroriste. Je veux votre mort", a lancé cette femme, dont les propos ont été diffusés par la chaîne de télévision russe 360.

Née en 1977 et citoyenne ouzbèke, Goultchekhra Bobokoulova subit des examens psychiatriques, ont déclaré les enquêteurs dans un communiqué. La justice russe doit décider mercredi de sa détention et de la suite de probables poursuites judiciaires.

Surnommée "la nounou sanguinaire" par les médias, elle sera très probablement placée en état d'arrestation à l'issue de cette audience.

Selon les médias russes ayant couvert l'affaire elle gardait la petite Nastia depuis un an et n'avait jamais eu de problème avec les parents.

La victime était âgée de trois ou quatre ans et souffrait de troubles d'apprentissage et d'épilepsie, ont précisé les enquêteurs. Elle a été tué dans l'appartement familial qui a ensuite été incendié par Goultchekhra Bobokoulova, toujours selon les enquêteurs.

La mort de l'enfant a choqué les Moscovites, qui déposaient mardi en nombre peluches et bouquets de fleurs près de la station de métro où la femme a été interpellée.

Plusieurs personnalités russes proches de l'opposition libérale ont critiqué le silence des chaînes, assurant qu'elles auraient abondamment couvert un tel crime s'il avait eu lieu dans un pays occidental.

D'autres ont remarqué que la chaîne publique Pervyi Kanal n'avait pas eu de tels scrupules au moment de diffuser un reportage mensonger sur la prétendue crucifixion d'un garçon de trois ans par des soldats ukrainiens dans l'est de l'Ukraine, en 2014.

Contactées par l'AFP, les chaînes de télévision Rossiya 1, Pervyi Kanal et NTV n'ont pas souhaité faire de commentaire.

Le directeur général adjoint de Pervyi Kanal, Kirill Kleïmenov, a pour sa part affirmé à la radio russe que les images ne pouvaient être "en aucun cas" diffusées.

Certaines voix critiques, dont le principal opposant russe Alexeï Navalny, se sont aussi interrogées sur la lenteur de la réaction des forces de l'ordre, qui ont laissé déambuler Mme Bobokoulova pendant plusieurs dizaines de minutes avant de l'arrêter. Une enquête doit être ouverte sur le sujet, a précisé une porte-parole du procureur général russe.

Avec AFP

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