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Le club de foot de Chapecoense revient à la vie, un an après le crash


Des soldats rendent hommage aux joueurs tués dans un crash d’avion en Colombie à l’arrivée de leurs dépouilles à Chapeco, au Brésil, 3 décembre 2016.
Des soldats rendent hommage aux joueurs tués dans un crash d’avion en Colombie à l’arrivée de leurs dépouilles à Chapeco, au Brésil, 3 décembre 2016.

Un an après l'accident d'avion qui a décimé l'équipe de football de Chapecoense, le club brésilien a assuré son maintien en première division avec un effectif rebâti, mais les veuves se battent toujours pour être indemnisées.

Le 28 novembre 2016, 71 des 77 personnes qui se trouvaient à bord du vol de la compagnie bolivienne LaMia ont trouvé la mort quand l'avion s'est écrasé sur une colline près de Medellin, en Colombie.

Parmi eux, 19 joueurs, 14 membres du staff et 20 journalistes qui s'apprêtaient à couvrir ce qui devait être une des plus belles pages de l'histoire de cette modeste formation, encore en quatrième division en 2009: la finale de la Copa Sudamericana.

Seuls trois joueurs ont survécu: le gardien Jackson Follmann, amputé d'une jambe et désormais ambassadeur du club, le défenseur Neto, qui espère reprendre la compétition en 2018, et le latéral Alan Ruschel, qui a rejoué en août.

Après le deuil et la commotion mondiale, il a fallu rebâtir une équipe de toutes pièces.

"Nous avons décidé de nous donner les moyens d'aller de l'avant. Malgré la douleur, la souffrance, nous n'avons jamais pensé à abandonner le football", raconte à l'AFP Nivaldo Constante, directeur sportif du club.

- Le miracle Ruschel -

Une fois le deuil passé, les dirigeants ont dû se retrousser les manches pour reconstruire un groupe un temps record.

"Nous avons passé vingt jours non-stop, de huit heures du matin à dix heures du soir, en contact avec des agents et des joueurs. C'était très compliqué, mais nous sommes parvenus à présenter une nouvelle équipe", rappelle Nivaldo.

Un nouvel effectif est dévoilé aux supporters le 21 janvier, lors d'un match amical chargé d'émotion contre le champion brésilien Palmeiras.

Le trophée de la Copa Sudamericana est présenté au stade Arena Conda de Chapeco, et les trois joueurs survivants reçoivent leur médaille.

En mai, c'est au tour des nouveaux joueurs de soulever un trophée: le championnat d'État de Santa Catarina, premier titre remporté par le club depuis le crash.

Un succès inespéré, rapidement terni par des résultats moins brillants dans d'autres compétitions.

Avec un calendrier infernal, entre tournois internationaux et matches amicaux en hommage aux victimes, l'équipe a commencé à perdre pied, sérieusement menacée de relégation.

L'entraîneur Vagner Mancini a été limogé en juillet. Son remplaçant, Vinicius Eutropio, a connu le même sort en septembre.

Au milieu du marasme sportif, une éclaircie: le 7 août, 252 jours après le crash, Alan Ruschel a rejoué au football.

Un retour sur les terrains en grande pompe, au Camp Nou de Barcelone, face à des stars comme Lionel Messi ou Luis Suarez.

"Ruschel a illuminé la vie de beaucoup de gens grâce à ce message d'espoir", se souvient Rafael Henzel, journaliste radio de Chapeco qui a lui aussi survécu au drame.

Les semaines suivantes, l'équipe a repris du poil de la bête et a fini par assurer son maintien le 17 novembre, à trois journées de la fin.

- 'Manque de respect' -

Un succès sportif qui contraste avec la douleur des familles de victimes qui se battent pour obtenir réparation.

"Le club s'est reconstruit, a obtenu tout le soutien nécessaire, a fait de la publicité autour du drame, mais les familles ont été laissées de côté", déplore Fabienne Belle, qui a perdu son mari Cezinha, ancien kiné du club.

Avec Mara Paiva, veuve d'un commentateur sportif décédé lui aussi lors de l'accident, elle a fondé une association de défense des familles de victimes.

Un an après, Mara, 51 ans, n'a touché que l'assurance-vie de son conjoint et refuse, comme les autres, l'indemnité de 200.000 dollars offerte par la compagnie LaMia, qui tentait d'éviter que l'affaire aille devant les tribunaux.

Pour Rosangela Loureiro, veuve du milieu de terrain Cleber Santana, passé par l'Atlético Madrid, le club a "manqué de respect" aux familles de victimes.

Elle se sent privilégiée, son mari étant décédé alors qu'il était en fin de carrière et disposait de certaines économies, après avoir joué en Europe et au Japon.

"Il y a des gens qui sont dans le besoin. Leur conjoints étaient en début de carrière. Certains étaient masseurs et gagnaient leur vie au jour le jour", décrit-elle.

Le club a commencé à renouer le dialogue après plusieurs mois de tension et assure avoir "offert tout son soutien aux familles depuis le début".


Avec AFP

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