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La procureure de la CPI à Kinshasa


Fatou Bensouda, procureure de la CPI, La Haye, le avri 2018
Fatou Bensouda, procureure de la CPI, La Haye, le avri 2018

La procureure de la Cour pénale internationale (CPI) est arrivée à Kinshasa au moment où un rapport de l'ONU accuse les services de sécurité congolais d'obstructions à une enquête sur le meurtre de deux experts onusiens il y a plus d'un an dans le Kasaï, dans le centre du pays.

Des sources des droits de l'homme ont confirmé la visite de Mme Fatou Bensouda dans la capitale congolaise.

"Il y a des problèmes en RDC qui méritent l’attention de la CPI. Il y a des crimes commis dans ce pays qui, pour nous, défenseurs des droits de l’homme, sont des crimes contre l’humanité. Il y a entre autres la tragédie du Kasaï pour laquelle nous avons produit un rapport donnant des preuves des crimes contre l’humanité", a indiqué à VOA Afrique Paul Nsapu, secrétaire générale de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), chargée de l’Afrique.

VOA Afrique n’a pas pu obtenir un commentaire des membres du gouvernement sur cette visite de la procureure de la CPI dans la capitale congolaise.

Mme Bensouda avait annoncé en mars 2017 que la CPI était très préoccupée par les violences qui sévissaient dans les cinq provinces qui constituent la région du Kasaï, au centre de la RDC.

>> Lire aussi : La procureure de la CPI "profondément préoccupée" par le Kasaï

"Je n'hésiterai pas à agir si des actes constitutifs de crimes relevant de la compétence de la Cour sont commis et à prendre toutes les mesures qui s'imposent pour poursuivre en justice les personnes responsables", avait averti Mme Bensouda.

Deux experts onusiens, l'Américain Michael Sharp et la Suédoise Zaida Catalan avaient été tués dans la zone où, selon l’église, 3.000 personnes ont trouvé la mort dans des violences déclenchées en août 2016 entre les forces de l’ordre et des membres d’une milice ethnique, Kamwina Nsapu. 1,4 million de personnes ont été déplacés, selon les Nations unies.

Une accalmie précaire s’est installée dans la zone depuis la tenue, fin septembre 2017, d’une conférence de paix.

Le gouvernement a ouvert des procès et condamné des membres de la milice accusés pour des crimes.

>> Lire aussi : La CPI confirme la condamnation de Bemba pour subornation de témoins

L’ONU a envoyé des investigateurs pour enquêter sur le meurtre de ces deux experts. Mais elle s’est butée au gouvernent qui lui a imposé de plutôt participer à l’enquête déjà démarrée par des magistrats congolais.

La commission de l’ONU qui opère sur place doit rendre compte de ses investigations au plus tard en juin à Genève.

Un rapport de l'ONU indique que les services de sécurité de la République démocratique du Congo ont empêché des enquêteurs onusiens travaillant sur le meurtre en 2017 de deux experts de l'ONU d'interroger des témoins et des suspects.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres avait envoyé dans ce pays des enquêteurs pour aider les autorités à faire la lumière sur le meurtre le 12 mars 2017 de la Suédo-Chilienne Zaida Catalan et de l'Américain Michael Sharp. Ces deux experts ont été tués au Kasaï (centre) alors qu'ils enquêtaient sur des fosses communes.

"Plusieurs arrestations importantes ont eu lieu mais les progrès de l'enquête continuent d'être entravés par l'ingérence continue de l'appareil de sécurité" congolais, note le rapport remis il y a deux semaines aux membres du Conseil de sécurité.

"Il y a aussi d’autres problèmes que la procureure de la CPI pourra voir, comme la situation de l’est de la RDC avec les massacres de civils en Ituri et à Beni entre autres. Mais la situation à Kinshasa pourra aussi l’intéresser avec des arrestations arbitraires, des détentions prolongées et des tueries qui s’y poursuivent", explique Nsapu.

L'opposition a pu se rassembler lors d'un meeting il y a une semaine pour la première fois depuis septembre 2016.

Mardi, plusieurs militants du mouvement pro-démocratie Lutte pour le Changement (Lucha) ont été arrêtés alors qu'ils voulaient manifester à Goma (est), dont deux leaders, Fred Bauma et Rebecca Kavugho, avant d'être libérés en soirée.

Le collectif catholique à l'origine des marches a récemment demandé au président Kabila la libération de cinq jeunes militants pro-démocratie du mouvement Filimbi détenus depuis fin 2017.

Deux jeunes militants du parti d'opposition Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) sont détenus depuis six mois par l'Agence nationale de renseignement (ANR), a rappelé mardi le site d'information actualité.cd.

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