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La police sous pression pour diffuser les images du drame de Charlotte


Le chef de la police de Charlotte Chief Kerr parle lors devant la presse à Charlotte, le 22 septembre 2016
Le chef de la police de Charlotte Chief Kerr parle lors devant la presse à Charlotte, le 22 septembre 2016

La police de cette ville du sud-est des Etats-Unis se trouve sous une intense pression pour rendre publique les vidéos montrant l'homicide d'un Noir abattu par un policier, ce qu'elle refusait toujours de faire malgré une troisième nuit de manifestations.

Le refus par la police locale de publier ces vidéos contraste avec l'attitude des autorités de l'Oklahoma, où une affaire similaire est survenue vendredi dernier à Tulsa. La diffusion de vidéos avait alors permis une avancée rapide de l'enquête et l'inculpation quelques jours plus tard de la policière incriminée.

Les demandes pressantes des manifestants concernant les vidéos à Charlotte, en Caroline du Nord, où la nuit de jeudi à vendredi a été émaillée de violences sporadiques mais a été calme comparée aux deux précédentes, ont toutefois été entendues à moitié.

La police a accepté de montrer jeudi aux proches de Keith Lamont Scott, l'homme de 43 ans tué mardi, les images du drame.

Mais celles-ci ne permettent pas d'éclaircir le point de discorde principal entre la police, qui affirme que Keith Scott tenait une arme à la main, et ses proches, qui affirment qu'il s'agissait d'un livre, selon l'un des avocats de la famille.

"La vidéo devrait être rendue publique", a concédé vendredi lors d'une conférence de presse la maire de Charlotte, Jennifer Roberts, assurant qu'il s'agit d'une "question de timing".

L'enquête n'étant pas terminée, assure-t-elle, "si une pièce (du dossier) est rendue publique plus tôt, cela peut mettre en péril l'investigation dans son ensemble".

De son côté, le chef de la police locale, Kerr Putney, a affirmé prendre la mesure de "l'attente" suscitée par la vidéo, considérée "comme la panacée". "Mais je peux vous dire que ce n'est pas le cas", a-t-il dit, suggérant que les images ne permettraient pas de déterminer d'éventuelles responsabilités.

"Si je la publiais comme cela et sans que cela ne vous place dans le bon contexte, elle peut mettre de l'huile sur le feu et envenimer la situation. Cela décuplerait la méfiance", entre manifestants et autorités, a-t-il ajouté.

Cette dernière assertion de Kerr Putney sonne comme une réponse à la pluie de critiques dont la police est la cible.

Le ministre de la Justice de la Caroline du Nord, Roy Cooper, a lui aussi estimé vendredi que le meilleur moyen de "chercher la vérité" et de "rassembler" était de "rendre publiques les vidéos".

La veille, la ministre fédérale de la Justice, Loretta Lynch, s'est également prononcée à demi-mot en faveur d'une publication des images.

"Dans des situations où l'information est rendue publique, même quand cette information est difficile à regarder (...) le fait d'offrir une plus grande transparence est plus utile que l'inverse", a-t-elle jugé.

Cela s'est notamment vérifié à Tulsa, où un autre Noir, Terence Crutcher, a été abattu vendredi dernier alors qu'il était tenu en joue par les policiers après avoir marché jusqu'à son véhicule les mains en l'air.

La policière auteure du tir mortel a été inculpée jeudi d'homicide involontaire. Visée par un mandat d'écrou, elle a été libérée vendredi après avoir réglé une caution de 50.000 dollars.

Sur le terrain, l'atmosphère s'est nettement calmée la nuit dernière, comparée aux violences des deux nuits précédentes. Les forces de l'ordre ont procédé à trois arrestations, contre 44 la nuit précédente, a précisé M. Putney.

Les forces de l'ordre, se sont tenues à l'écart des manifestants, et ont renoncé à faire appliquer le couvre-feu pour éviter d'attiser davantage de violence.

Mis à part quelques manifestants dispersés au gaz lacrymogène sur une autoroute, la violence était absente à Charlotte, où plusieurs centaines de personnes protestaient sous l'oeil des militaires de la Garde nationale, venus en renfort.

La mort de Keith Scott, dénoncent les manifestants, est le dernier symbole en date des brutalités policières que subissent les Noirs aux Etats-Unis. Ces deux dernières années, les tensions raciales se sont électrisées dans un pays régulièrement choqué par les homicides d'Afro-Américains, parfois non armés, abattus par la police.

A Charlotte, assure la maire de la ville, le couvre-feu devrait se prolonger encore cette nuit.

Avec AFP

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