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La Guinée veut reprendre la main sur ses mines de fer


La brume enveloppe les montagnes de Simandou à Beyla, Guinée, 4 juin 2014.
La brume enveloppe les montagnes de Simandou à Beyla, Guinée, 4 juin 2014.

La Guinée veut avoir son mot à dire dans le développement de l'immense gisement de fer de Simandou dans le sud-est; et, à long terme faire entendre sa voix sur le prix du fer ou de la bauxite sur les marchés, a affirmé le chef du gouvernement Mohamed Béavogui.

Le chef de la junte au pouvoir, le colonel Mamady Doumbouya, a ordonné jeudi la cessation de toute activité à Simandou, un des plus vastes gisements de fer au monde, mais aussi un serpent de mer.

L'exploitation est entravée depuis des années par les litiges sur les droits miniers, les soupçons de corruption et l'ampleur des investissements à réaliser dans une région enclavée et un pays cruellement dépourvu d'infrastructures.

Les blocs 3 et 4 de Simandou sont détenus par l'anglo-australien Rio Tinto, le chinois Chinalco et, dans une moindre mesure, l'Etat guinéen. Ils en sont à la phase exploratoire.

Les blocs 1 et 2 ont été attribués en 2019 à la Société minière de Boké (SMB), consortium formé par l’armateur singapourien Winning Shipping, le producteur chinois d’aluminium Shandong Weiqiao, le groupe Yantaï Port ainsi que la société guinéenne de transport et logistique United Mining Supply.

Les militaires arrivés au pouvoir par la force en 2021 s'étaient empressés de tranquilliser les partenaires étrangers en assurant que les accords passés seraient respectés.

Le chef du gouvernement installé par les militaires a déclaré samedi soir sur la télévision nationale qu'en arrêtant les activités à Simandou il s'agissait seulement de faire une "petite pause" et qu'il n'était pas question de renégocier les accords.

"Ce n'est pas une renégociation, c'est juste une réorganisation de la façon de travailler", a-t-il souligné. "La Guinée ne veut pas revoir les contrats, ni les conventions, la Guinée souhaite un co-développement réel de ce projet".

"Il s'agit du plus grand projet minier des 30 prochaines années dans le monde, ce projet ne peut pas se faire sans la Guinée", a-t-il rappelé.

Il n'a pas détaillé ce que réclament précisément les autorités. "Nous voulons simplement faire une petite pause, s'entendre sur un certain nombre de choses", a-t-il déclaré.

Selon des experts, la Guinée pourrait disposer des plus importantes réserves mondiales non exploitées de fer à haute teneur, parmi d'autres ressources naturelles et minières considérables (bauxite, or, diamants, capital hydrologique).

Mais ces ressources profitent peu aux Guinéens eux-mêmes, et le pays reste très pauvre.

"Nous sommes les premiers producteurs de bauxite du monde aujourd'hui, donc le prix de la bauxite passe par la Guinée et nous devons avoir un mot à dire et il doit y avoir des retombées pour nos populations", a noté le chef du gouvernement.

"Demain le prix du fer sera calculé à partir de la Guinée, nous devons faire en sorte que la Guinée y gagne", a-t-il insisté.

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