Liens d'accessibilité

Dernières nouvelles

La dirigeante de Huawei plaide pour sa remise en liberté, l'audience reprendra mardi


Caricature du procès de la directrice financière de Huawei, Meng Wanzhou (à gauche),au Canada, le 10 décembre 2018. REUTERS / Jane Wolsak
Caricature du procès de la directrice financière de Huawei, Meng Wanzhou (à gauche),au Canada, le 10 décembre 2018. REUTERS / Jane Wolsak

La directrice financière du géant chinois des télécoms Huawei, arrêtée au Canada à la demande des Etats-Unis, a plaidé lundi devant un tribunal de Vancouver pour sa remise en liberté en invoquant des problèmes de santé et en promettant de se soumettre à une surveillance stricte.

Lundi en fin d'après-midi, l'audience a été levée sans qu'aucune décision ne soit annoncée, alors que Pékin a multiplié les pressions sur Ottawa et Washington tout le week-end pour obtenir la libération de Meng Wanzhou. L'audience reprendra mardi matin, a indiqué le juge.

La justice américaine réclame l'extradition de la femme d'affaires pour complicité de fraude présumée visant à contourner les sanctions américaines contre l'Iran.

Mme Meng, âgée de 46 ans et mère de quatre enfants, a été arrêtée le 1er décembre à Vancouver alors qu'elle effectuait une escale dans le cadre d'un voyage entre Hong Kong et le Mexique.

Elle a plaidé lundi pour sa remise en liberté sous caution en raison notamment de problèmes de santé qui selon elle risquent de s'aggraver en détention.

La fille du fondateur du groupe Huawei, numéro deux mondial des smartphones et leader des équipements télécoms, s'est également dite prête à se soumettre à de strictes mesures de surveillance pendant toute la durée de la procédure.

L'un de ses avocats, David Martin, a expliqué que si Mme Meng était libérée, elle assumerait l'ensemble des coûts liés à sa surveillance 24h/24, qui serait confiée à deux sociétés privées de services de sécurité, dont l'une dirigée par d'anciens policiers et militaires canadiens.

Elle résiderait dans l'une des deux propriétés cossues de Vancouver qu'elle possède avec son mari, accepterait de remettre ses passeports, de porter un bracelet électronique et de verser une caution de 15 millions de dollars canadiens (près de 10 millions d'euros).

Il a par ailleurs réaffirmé que Mme Meng ne prendrait pas le risque de "faire honte" à son pays en prenant la fuite.

Dans une déclaration sous serment transmise au tribunal, la dirigeante explique qu'elle souffre de problèmes de santé, notamment d'hypertension. Elle indique par ailleurs qu'elle a survécu à un cancer de la thyroïde en 2011 et qu'elle a du mal à avaler des aliments solides.

Elle est traitée dans un hôpital canadien et estime qu'un maintien en détention, pendant la longue procédure d'extradition, mettrait sa santé en danger.

"Nous pensons que cela est inhumain et porte atteinte à ses droits en tant que personne", a réagi le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Lu Kang.

Il affirme par ailleurs que le Canada n'a pas informé immédiatement les autorités consulaires chinoises de l'arrestation de la dirigeante, en violation d'un traité bilatéral.

- Ne pas "politiser" le dossier -

Comme le Premier ministre Justin Trudeau la semaine dernière, la ministre canadienne des Affaires étrangères Chrystia Freeland a assuré que la justice de son pays respectait le droit international et traiterait le cas de Mme Meng en toute impartialité, se refusant à "politiser" ce dossier.

"Je fais entière confiance à la justice et aux tribunaux canadiens, et il est très important que les tribunaux canadiens traitent Mme Meng de façon équitable, je suis persuadée qu'ils vont le faire", a-t-elle déclaré lors d'une conférence à Toronto.

La femme d'affaires dément les accusations portées contre elle par les Etats-Unis, où elle est accusée de "complot d'escroquerie au détriment de plusieurs institutions financières".

Elle leur aurait caché les liens entre Huawei et l'une de ses filiales, qui cherchait à vendre des équipements à l'Iran malgré les sanctions américaines. Ces chefs d'accusation sont passibles de 30 ans de prison chacun aux Etats-Unis.

Lundi, le représentant du procureur canadien s'est une nouvelle fois opposé à la remise en liberté sous caution de la dirigeante de Huawei, estimant qu'elle risquait de s'enfuir en Chine pour échapper à une éventuelle extradition vers les Etats-Unis.

La procédure risque de prendre des mois, voire des années.

L'arrestation de Mme Meng a provoqué la colère de la Chine, qui exige sa libération immédiate. Pékin a convoqué ce week-end les ambassadeurs canadien et américain pour protester.

La crise menace également les relations entre la Chine et le Canada, qui espère depuis des mois relancer les négociations avec Pékin en vue d'un traité de libre-échange bilatéral.

Toutefois, la crise diplomatique ne semble pas affecter la récente trêve dans la guerre commerciale sino-américaine: le ministère chinois du Commerce a annoncé que des négociateurs des deux pays s'étaient entretenus mardi par téléphone d'un calendrier de discussions pour tenter de mettre fin à ce conflit commercial.

Selon le ministère, le vice-Premier ministre chinois Liu He s'est entretenu avec le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin et avec le représentant pour le Commerce Robert Lighthizer des moyens à mettre en oeuvre pour appliquer le "consensus" auquel sont parvenus les présidents Donald Trump et Xi Jinping lors de leur sommet du 30 novembre à Buenos Aires.

Avec AFP

XS
SM
MD
LG