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La devise iranienne au plus bas face aux incertitudes américaines


Ali Khamenei parle lors d'un direct télévisé à Téhéran, en Iran, le 12 juin 2009.
Ali Khamenei parle lors d'un direct télévisé à Téhéran, en Iran, le 12 juin 2009.

La devise iranienne a atteint son plus bas niveau historique face au dollar lundi, sur fond d'inquiétude quant à l'évolution de la politique américaine envers la République islamique.

Sur les six derniers mois, le rial iranien a perdu près du quart de sa valeur, atteignant désormais 50.860 rials pour un dollar sur le marché non régulé, selon le Financial Information Market, site référence sur les fluctuations du marché des devises.

C'est la première fois que la devise iranienne franchit la barre des 50.000 rials pour un dollar américain dans les échanges libres, s'éloignant toujours plus du taux de conversion officiel, qui était fixé lundi à 37.686 rials pour un dollar.

Le mois dernier, le gouvernement iranien a pris des mesures draconiennes pour endiguer le déclin du taux courant du rial, procédant notamment à l'interpellation d'agents de change, gelant les comptes bancaires de spéculateurs et augmentant les taux d'intérêt.

Malgré ces efforts, de longues files d'attente s'étirent toujours devant les bureaux de change, dans le cadre du Nouvel an perse, Norouz.

"Le problème est psychologique plutôt qu'économique. Il n'y a pas de raison d'acheter des dollars, sauf si on espère les vendre plus tard à un taux plus élevé", a déclaré Esfandyar Batmanghelidj, fondateur de Europe-Iran Forum, un réseau d'affaires.

Selon lui, les Iraniens réagissent aux nouvelles inquiétantes de l'actualité américaine: le président Donald Trump a récemment nommé deux partisans de la ligne dure contre l'Iran dans la haute administration, Mike Pompeo comme secrétaire d'Etat et John Bolton comme conseiller à la sécurité nationale.

Plusieurs analystes prédisent que le président Trump va se retirer de l'accord nucléaire avec l'Iran, au moment de son renouvellement en mai, laissant présager le retour de sanctions économiques douloureuses.

"Je vois beaucoup de gens qui cherchent à investir dans des pays voisins parce que la peur se répand sur l'avenir de l'accord" nucléaire, a affirmé Navid Kalhor, analyste financier basé à Téhéran.

Il a fait état d'informations sur des milliards de dollars sortis du pays ces derniers mois, alors même que les banques manquent de liquidités.

"J'ai des amis qui se rendent à la banque et demandent 15 ou 20 millions de rials (300 ou 400 dollars) et on leur dit de revenir dans une semaine", a rapporté M. Kalhor.

La chute du cours du rial est problématique pour le gouvernement qui espérait attirer les investissements étrangers à la suite de l'accord nucléaire de 2015.

"La dévaluation est très préoccupante, a souligné M. Batmanghelidj. Si tu investis maintenant et que la monnaie perd même 15% de sa valeur, tu dois déduire cela de ton retour sur investissement, et c'est très difficile de se protéger contre cela."
Avec AFP

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