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L'opposition "pas au courant" que Guaido allait s'autoproclamer président


Henrique Capriles, ancien candidat à présidentielle au Vénézuela, lors d'une interview dans son bureau de Caracas, au Venezuela, le 25 février 2014. (Archives)
Henrique Capriles, ancien candidat à présidentielle au Vénézuela, lors d'une interview dans son bureau de Caracas, au Venezuela, le 25 février 2014. (Archives)

L'opposition vénézuélienne n'était "pas au courant" que Juan Guaido allait s'autoproclamer président par intérim, a affirmé jeudi l'ex-candidat à la présidentielle Henrique Capriles.

Quelques heures après la reconnaissance par le Parlement européen du jeune député comme président par intérim, Henrique Capriles, 46 ans, qui a été l'un des leaders de l'opposition ces dernières années, s'est exprimé face à quelques journalistes dont l'AFP, pour la première fois depuis le coup d'éclat de Juan Guaido le 23 janvier.

Question: Comment l'opposition a-t-elle préparé ce moment?

Réponse: "Le 5 janvier, quand Guaido a pris la tête de l'Assemblée, la position majoritaire au sein de l'opposition vénézuélienne était que Guaido ne devait pas se déclarer comme président. Car on considérait que cela pouvait déclencher une confrontation politique.

Arrive le 23 janvier et Juan s'autoproclame (président). Nous n'étions pas au courant. Cela a surpris beaucoup de dirigeants politiques (mais) je ne dis pas ça comme une critique. La veille au soir nous avions parlé et il n'avait jamais été question d'une telle mise en scène de Juan.

(Certains disent) que c'était un plan, que nous avions tout préparé: ce n'est pas vrai. Car l'opposition comptait (seulement) sur le Brésil, les Etats-Unis et la Colombie en termes de reconnaissance de Guaido.

Nous sommes tous surpris par l'effet domino du soutien international".

Q: Nicolas Maduro dénonce un coup d'Etat de l'opposition, orchestré en coulisses par les Etats-Unis: quelle est votre réponse?

R: "Il joue les victimes. Il veut faire croire qu'il a été élu lors d'un vote et que Guaido, personne ne l'a élu, qu'il s'est désigné lui-même: c'est faux.

Guaido est un député, président de l'Assemblée nationale et (a suivi) notre Constitution, face à l'usurpation de Maduro.

(Lors du scrutin présidentiel de mai 2018), Maduro a déclaré inaptes les principaux candidats, déclaré illégaux les principaux partis et c'est ainsi qu'il a voulu aller à l'élection. C'est trop facile!

Donc, qui a élu Maduro? Personne, cela a été une farce, un montage. Face à cela, qu'a fait le pouvoir législatif? Assumer sa compétence constitutionnelle".

Q: Comment se définit politiquement l'opposition face à Nicolas Maduro?

R: "Ici il n'y a pas une opposition de droite et un gouvernement de gauche, c'est faux. Le gouvernement a toujours voulu placer la situation vénézuélienne sur ce terrain pour polariser la communauté internationale et que les socialistes ou la gauche européenne disent: +Je dois soutenir Maduro car il représente la gauche+.

C'est un mensonge. Au Venezuela, ce ne sont pas les riches contre les pauvres car ce pays aujourd'hui est le plus pauvre du continent américain".

Q: L'opposition a souffert de ses divisions entre radicaux et modérés. Juan Guaido vous a-t-il permis de vous unir?

R: "Quel est le premier objectif de l'opposition? Elle veut un changement politique dans le pays.

Quel a été le débat (au sein de l'opposition) jusqu'à présent: comment parvenir au changement politique ? Comment est-il possible que le Venezuela puisse retrouver sa démocratie ? car ceci n'est pas une démocratie. Cela ressemble à un autoritarisme en chemin vers un totalitarisme.

(L'autoproclamation de Guaido) et ses conséquences internationales que vous connaissez tous, cela a mis de côté toutes les divisions internes au sein de l'opposition. Si nous avions des disputes, nous les avons oubliées. Et c'est quelque chose de très positif qu'il faut reconnaître."

Avec AFP

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