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A Abidjan, l'obligation de porter un masque facial a du mal à passer


Au marché de la Sicogie un quartier de la commune de Yopougon, Abidjan, le 21 avril 2020. (VOA/Aicha Diarra)
Au marché de la Sicogie un quartier de la commune de Yopougon, Abidjan, le 21 avril 2020. (VOA/Aicha Diarra)

En Côte d’Ivoire, le nombre de malades du Covid-19 grimpe chaque jour. Le pays compte 952 cas déclarés positif dont 14 décès en date. Dans l'espoir de freiner cette évolution rapide du coronavirus dans le pays, les autorités ont rendu le port du masque obligatoire. Une exigence qui a du mal à s’imposer deux semaines après son instauration.

A la gare des bus de Sigogi Lavage, dans la commune de Yopougon à Abidjan, se nettoyer les mains avec du gel désinfectant est obligatoire avant la montée dans ces moyens de transport. Il en va de même pour le port d'un masque facial.

Ce qui freine certains passagers, à l’image de Fulgence Kouassi qui n’a pu monter dans le bus. "Lorsque je mets le cache-nez ça me fatigue un peu. Je n’arrive pas à bien respirer", se lamente-t-il.

Ce n'est pas le cas pour Sandrine Konan, une commerçante. Déjà assise à bord du bus avec d’autres voyageurs qui ont chacun leur masque, elle semble plutôt à l’aise.

"Je mets le cache-nez pour me protéger et protéger les enfants. Surtout nous qui sommes commerçantes, nous sommes les plus exposées", explique-t-elle.

Dans les rues d’Abidjan, les personnes portant les "cache-nez" semblent moins nombreuses que celles qui n’en portent pas.

Si pour certains le refus de porter un masque facial est lié aux malaises, pour d’autres c’est plutôt l'argent pour s'en procurer qui fait défaut.

En effet, Oumar Fofana pense qu'un masque coûte trop cher.

"Nous n’avons pas les moyens, le gouvernement nous en avait promis. C’est facile d’en trouver sur le marché mais c’est la poche qui fait la différence. Les prix ne sont certes pas élevés mais ce n’est pas facile quand on pense à la nourriture du quotidien et ce qu’on gagnait on ne le gagne plus", explique-t-il.

Dans le même sens, Jean Aké estime que le gouvernement devrait plutôt distribuer gratuitement ces masques avant d’exiger quoi que ce soit.

"Dans les grandes surfaces surtout le gbaka (taxis) et les bus on exige les cache-nez, mais normalement avant d'exiger on doit nous partager ça", dit-il.

"Mardi, j’étais à port-Bouet 02 (un quartier de la commune de Yopougon), si j’ai vu des gens porter le cache nez ils n’étaient pas plus d'une dizaine de personnes, pourquoi ? Est-ce que c’est l’information qui ne passe pas?", se questionne N’goran Assemian​.


L'appât du gain qui découle de cette exigence du port d'un masque facial a fait naître des opportunités d'affaires pour de nombreux commerçants. Pour d'autres, c'est un cauchemar.

"Je vendais les cache-nez avant mais j’ai arrêté par ce que depuis lors il faut dire que tout le monde s’est mis dans la danse. Aujourd’hui, tout le monde vend des cache-nez et ça ne marche plus. Tu mets ton argent là-dedans et tu as du mal à avoir ton capital’’, souligne un commerçant qui a préféré garder l’anonymat.

C’est toute une variété de "cache-nez" qui se vend dans les rues d’Abidjan et rien ne garantit leur efficacité contre le coronavirus. L’essentiel, pour la plupart, c’est d’avoir juste quelque chose pour se protéger une partie du visage.

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