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L'ex-avocat de Trump, Michael Cohen, condamné à 3 ans de prison


Michael Cohen, ancien avocat du président Donald Trump, devant son immeuble situé sur Park Avenue à New York, le 7 décembre 2018.
Michael Cohen, ancien avocat du président Donald Trump, devant son immeuble situé sur Park Avenue à New York, le 7 décembre 2018.

Michael Cohen a été condamné mercredi à trois ans d'emprisonnement par un juge fédéral de Manhattan. Cet ancien fidèle de Donald Trump a directement mis en cause le président des Etats-Unis avant le prononcé de la peine.

L'ex-conseil du président ne sera placé en détention que le 6 mars, a indiqué le juge William Pauley. Selon les recommandations du système judiciaire fédéral, Michael Cohen risquait jusqu'à 5 années d'emprisonnement.

Avant que la peine ne soit prononcée, le quinquagénaire a pris la parole et expliqué s'être compromis au service de Donald Trump, dont il a été un véritable homme à tout faire durant plus d'une décennie.

"A de nombreuses reprises, j'ai eu le sentiment que c'était mon devoir de couvrir ses sales coups", a déclaré l'ex-conseil du président, condamné notamment pour avoir acheté, pour le compte de Donald Trump, le silence de deux femmes qui auraient eu une liaison avec lui.

Après une perquisition dans ses bureaux et à son domicile new-yorkais en avril, il a fini par passer aux aveux.

Il a reconnu en août avoir caché au fisc quelque 4 millions de dollars de revenus de ses sociétés de taxis et avoir payé 280.000 dollars à Stormy Daniels et Karen McDougal, qui menaçaient d'évoquer des liaisons supposées avec Donald Trump en pleine campagne présidentielle. En novembre, il a aussi avoué avoir minimisé devant le Congrès l'ampleur des contacts de l'équipe de campagne de M. Trump avec Moscou.

"Mensonges"

Ces aveux l'ont transformé en ennemi numéro un du président américain, qui tente de discréditer l'enquête explosive sur une éventuelle collusion avec la Russie, et qualifie de "mensonges" les déclarations de Michael Cohen selon lesquelles M. Trump a demandé, pendant la campagne, le paiement des deux femmes.

Mensonges uniquement destinés, selon Donald Trump, à obtenir la clémence du juge fédéral William Pauley, qui présidera au prononcé de la sentence mercredi à partir de 11 heures locales (15h00 GMT).

Alors que les démocrates se préparent à reprendre la majorité à la Chambre des représentants en janvier, et que les anti-Trump cherchent comment neutraliser ou écourter sa présidence, M. Cohen est devenu un anti-héros ultra-médiatisé.

Toutes ses comparutions et déclarations sont considérées comme potentiellement explosives, et il devrait y avoir foule mercredi pour assister à l'audience au tribunal fédéral de Manhattan, où Michael Cohen devrait faire acte de contrition.

Une sentence clémente est loin d'être assurée: ses aveux ne se sont pas accompagnés d'un "accord de coopération" en bonne et due forme avec les procureurs, qui vaut généralement gage de clémence aux Etats-Unis.

Dans leurs recommandations au juge, les procureurs fédéraux new-yorkais, qui ont enquêté sur les volets de fraude fiscale et de paiements aux maîtresses présumées, ont estimé que l'avocat et homme d'affaires n'avait pas suffisamment coopéré avec eux pour bénéficier d'une peine substantiellement inférieure à celle recommandée pour ce type de délits, à savoir quatre à cinq ans de prison.

Selon ces procureurs, réputés parmi les plus durs des Etats-Unis, il a notamment "refusé de les rencontrer" pour être interrogé sur tout ce qui, dans son passé, pourrait constituer un délit.

Ils reprochent aussi à Michael Cohen de minimiser encore la gravité de ses actes, empreints de "tromperie systématique".

En payant pour acheter le silence de maîtresses présumées de l'ancien magnat de l'immobilier, via des sociétés écrans, "il a trompé les électeurs en cachant des allégations dont il pensait qu'elles pourraient avoir un effet notable sur l'élection" présidentielle, et enfreint "l'un des principes fondamentaux des lois électorales américaines: la transparence".

Et s'il a fini par fournir des informations sur les contacts entre l'équipe de campagne de Donald Trump et la Russie au procureur spécial Robert Mueller, chargé de l'enquête sur ce dossier explosif, c'est moins par "conviction personnelle" que parce qu'"il savait qu'il était sous menace imminente d'inculpation" à New York, ont-ils souligné.

"Informations pertinentes"

Mais Robert Mueller fait valoir néanmoins que ce père de deux enfants étudiants avait fait "des efforts importants" pour corriger ses déclarations mensongères au Congrès.

Et qu'il a fourni des "informations vraies et pertinentes" touchant au coeur de l'enquête russe, dont beaucoup se demandent si elle débouchera prochainement sur l'inculpation d'un membre de la famille du président, comme son fils aîné Donald Trump Junior ou son gendre Jared Kushner.

C'est donc le juge Pauley, 66 ans, un magistrat réputé d'une grande indépendance, nommé il y a 20 ans par Bill Clinton, qui devra décider s'il y a lieu d'être indulgent envers Michael Cohen, qui demande la peine la plus légère possible pour pouvoir "recommencer sa vie".

L'avis de Donald Trump est, lui, déjà connu: dans un tweet début décembre, il avait émis l'espoir que celui qui l'a trahi écope d'une "longue peine de prison".

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