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L'ANC se réunit pour désigner un successeur à Zuma


Le président de l'Afrique du Sud, Jacob Zuma, à Pretoria, le 25 juin 2017.
Le président de l'Afrique du Sud, Jacob Zuma, à Pretoria, le 25 juin 2017.

Des milliers de délégués du Congrès national africain (ANC) au pouvoir en Afrique du Sud se sont retrouvés samedi matin à Johannesburg pour élire un nouveau chef à la place du très contesté Jacob Zuma, un choix crucial à deux ans des élections.

Au terme de plusieurs mois d'une campagne très serrée qui a déchiré le parti, cette course à la succession se résume à un duel au couteau entre l'actuel vice-président Cyril Ramaphosa et l'ex-épouse du chef de l'Etat, Nkosazana Dlamini Zuma.

Le vainqueur - qui devrait être désigné dimanche - se retrouvera en bonne position pour devenir le prochain chef de l'Etat en 2019.

L'ANC domine la vie politique sud-africaine depuis la chute de l'apartheid et l'arrivée au pouvoir de Nelson Mandela àl'issue des premières élections libres de l'histoire du pays en 1994.

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Mais il est aujourd'hui en sérieuse perte de vitesse, affaibli par une crise économique persistante caractérisée par un taux de chômage record de plus de 27% et les multiples accusations de corruption qui visent Jacob Zuma.

La frustration de millions de Sud-Africains noirs - laissés pour compte de la nation "arc-en-ciel" - est telle que l'ANC pourrait perdre en 2019 sa majorité absolue.

A leur arrivée samedi au centre de conférences où se tient, jusqu'à mercredi, la réunion de l'ANC, les partisans de M. Ramaphosa ont exprimé sans retenue leur rancoeur contre le "clan" Zuma.

"Son héritage est désastreux", a déclaré à l'AFP Tefu Velaphi, 38 ans, un militant de la province du Gauteng (Johannesburg et Pretoria). "Il ne s'intéresse qu'à lui et à ses amis", a-t-il ajouté, "lorsque Cyril sera élu, le pays va se remettre au travail".

- 'Monopole des Blancs' -

A 65 ans, Cyril Ramaphosa, ancien syndicaliste reconverti en richissime homme d'affaires, est soutenu par l'aile modérée du parti et très apprécié des marchés.

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Tout au long de ses discours, il a dénoncé la corruption du clan Zuma. Ses détracteurs n'ont pas manqué de lui reprocher de ne pas avoir pris ses distances plus tôt avec le président et de défendre le statu quo économique.

Arrivée samedi matin au milieu de la délégation chantante de la province du KwaZulu-Natal, le fief de M. Zuma, Nojiyeza Mthokozisi a défendu son soutien à Mme Dlamini Zuma.

"Elle peut unir notre organisation", a plaidé auprès de l'AFP cette femme de 39 ans, "elle peut relancer notre mouvement qui s'est fait spolier par le monopole des Blancs".

Ancienne ministre et patronne de l'Union africaine (UA), Nkosazana Dlamini Zuma, âgée de 68 ans, insiste sur la "transformation radicale de l'économie" au profit de la majorité noire, un thème très cher à Jacob Zuma.

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Elle a toutefois du mal à ne pas apparaître comme une "marionnette" de son "ex", aux yeux de ses adversaires, qui la soupçonnent de lui avoir promis l'immunité judiciaire.

La conférence de l'ANC devait débuter dans l'après-midi par le "rapport politique" de son chef Jacob Zuma.

Lors d'un dîner de gala vendredi soir, le chef de l'Etat a affirmé quitter "sans rancune" la tête de l'ANC et reconnu certaines "erreurs" de la part de son gouvernement.

"Le niveau de chômage, particulièrement chez les jeunes, ne plaide pas en notre faveur", a-t-il concédé.

"Il n'y a que ceux qui ne font rien qui ne font pas d"'erreur", a-t-il également plaidé.

- 'Erreurs' -

Juste avant l'ouverture de la conférence, le président a très opportunément annoncé samedi la gratuité dès 2018 des études supérieures pour la quasi-totalité des étudiants du pays.

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Les quelque 5.200 délégués réunis à Johannesburg devrait entamer les opérations de vote par la proclamation des candidats dès samedi après-midi, pour des résultats espérés dimanche.

M. Ramaphosa se présente devant les militants de l'ANC avec une petite longueur d'avance sur Mme Dlamini Zuma en termes de nominations par les branches locales du parti.

Mais cette avance reste très théorique, car les délégués du parti peuvent voter comme bon leur semble.

A l'approche du vote, les rumeurs de corruption vont bon train. "C'est un secret de polichinelle que les votes peuvent être achetés", a expliqué à l'AFP Amanda Gows, professeur de sciences politiques à l'université de Stellenbosch.

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Les élections dans les branches ont été entachées de nombreuses irrégularités et d'autant de contestations devant les tribunaux.

Malgré les appels à l'unité lancés par les deux camps, leurs positions très éloignées laissent planer, selon de nombreux experts, un risque réel d'éclatement du parti.

Cette conférence de l'ANC marque la fin des deux quinquennats de Jacob Zuma à la tête du parti. Son issue risque aussi de peser sur la suite de son mandat de chef de l'Etat, qui s'achève en 2019.

Si Cyril Ramaphosa devient le nouveau dirigeant du parti et ses proches décrochent des postes-clés, "cela lui donnerait les voix nécessaires pour remplacer Zuma" avant la fin de son mandat présidentiel, avance Ben Payton, analyste chez Risk Consultants.

Avec AFP

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