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L'Afrique du Sud se prépare à entrer en confinement contre le coronavirus


Un panneau d'affichage demandant aux Sud-africains de rester chez eux sur un immeuble au Cap, en Afrique du Sud, le 25 mars 2020.
Un panneau d'affichage demandant aux Sud-africains de rester chez eux sur un immeuble au Cap, en Afrique du Sud, le 25 mars 2020.

L'Afrique du Sud se prépare à rejoindre, dans la nuit de jeudi à vendredi, les 3 milliards  d'humains de la planète déjà appelés à rester chez eux pour tenter d'enrayer l'épidémie de coronavirus, qui continue à progresser.

Le pays le plus industrialisé d'Afrique est, de loin, le plus touché par le Covid-19 sur le continent, avec 927 cas officiellement recensés depuis l'apparition du virus en Chine en décembre. Aucun décès n'y a jusqu'à présent été enregistré.

Face à la progression exponentielle et inexorable de la maladie, le président sud-africain Cyril Ramaphosa n'a eu d'autre choix que d'ordonner le confinement de tout le pays pour une période de trois semaines afin, a-t-il justifié, de "prévenir une catastrophe humaine aux proportions énormes".

"C'est une décision indispensable pour sauver des millions de Sud-Africains de l'infection", a-t-il justifié.

En Afrique, seuls la Tunisie, le Rwanda et l'île Maurice se sont jusque-là engagés sur cette voie radicale, tant ses conséquences économiques et sociales sur des populations pauvres et privées de services de base semblent risquées.

Le Sénégal et la Côte d'Ivoire ont préféré l'état d'urgence et des couvre-feu, moins strictes, tandis que le Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique sub-saharienne, s'est contenté "d'inviter" les habitants de sa capitale Abuja et surtout de sa mégapole de Lagos à rester chez eux.

Avant l'entrée de son pays en confinement à 00h00 locales (22h00 GMT jeudi), M. Ramaphosa a décrété une "journée de prière" pour, a-t-il dit, "protéger et guérir notre terre".

Lui-même testé ces derniers jours, le chef de l'Etat a annoncé jeudi qu'il n'avait pas contracté la maladie.

- "Pas de jogging" -

Très pragmatiques, ses concitoyens ont préféré profiter de leurs dernières heures de liberté pour se ruer dans les supermarchés en rangs serrés, contre toutes les consignes de sécurité sanitaire. Les magasins de vente d'alcool, interdite pendant le confinement, ont été largement visités...

Tout ce que le pays compte de ministres a exhorté sa population à respecter strictement les règles du confinement, faute de lourdes sanctions.

"Pas de jogging, pas de promenade pour le chien", a prévenu le ministre de la Police Bheki Cele. Avant d'annoncer que deux malades du Covid-19 venaient d'être inculpés pour meurtre pour avoir enfreint les règles de leur quarantaine.

"Ces règles ne sont pas là pour vous satisfaire ni vous permettre de vivre comme si de rien n'était", a insisté son collègue des Transports, Fikile Mbalula, sur Twitter.

Les autorités n'ont pas hésité à mobiliser l'armée. "Des soldats tiendront les barrages et patrouilleront dans tout le pays pour assurer le respect du couvre-feu", a indiqué jeudi leur ministre, Nosiviwe Mapisa-Nqakula.

Ce déploiement de force a fait froncer les sourcils de la société civile. L'une de ses coalitions, baptisée C19, a regretté "de voir des chars et des armes au milieu de la population, mais pas de tests (de dépistage), de soignants et de services essentiels".

"Il est fort probable que (cette situation) génère des actes désespérés, des manifestations et des émeutes réprimées par la police et les militaires", s'est-elle inquiétée.

- "Explosion" -

Un quart de siècle après la chute du régime raciste de l'apartheid, l'économie sud-africaine patine, le chômage y est endémique (près de 30%) et une large partie de sa majorité noire continue à vivre dans des conditions très précaires.

Elevé au rang d'icône nationale, le capitaine noir de l'équipe nationale de rugby championne du monde, Siya Kolisi, y est allé de son appel au civisme. "Protégez-vous. Restez à la maison", a-t-il lancé sur Twitter.

Ailleurs en Afrique, continent qui a enregistré officiellement 73 décès et plus de 2.700 cas du Covid-19, le virus continue aussi à progresser à une vitesse inquiétante, notamment dans les pays les plus peuplés.

Le gouvernement du Nigeria a dit jeudi redouter une "explosion" du nombre de contaminations parmi ses 190 millions d'habitants. A ce jour, seuls 51 cas pour un mort y ont été officiellement recensés.

En Côte d'Ivoire, les autorités ont décidé d'isoler la capitale économique Abidjan et ses 5 millions d'habitants. "On fait tout pour anticiper la propagation de l'épidémie", a expliqué à l'AFP un porte-parole de la police, Didier Kra.

Le pays n'a pour l'heure enregistré que 80 cas, tous soignés dans une unité spécialisée d'un hôpital d'Abidjan.

Dans une note publiée jeudi, l'agence de notation financière Moody's a anticipé que le coronavirus aurait un "impact macroéconomique et financier sévère" sur le continent, a averti son vice-président David Rogovic.

Les producteurs ivoiriens de caoutchouc ont déjà évalué leurs pertes mensuelles à près de 100 millions d'euros.

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