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Virus: l'Afrique du Sud ordonne le confinement, l'armée déployée


Aéroport international de Tambo à Johannesburg en Afrique du Sud, le 16 mars 2020.
Aéroport international de Tambo à Johannesburg en Afrique du Sud, le 16 mars 2020.

Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a imposé lundi un confinement strict de trois semaines dans son pays, le plus touché par l'épidémie de coronavirus en Afrique subsaharienne, une mesure déjà en vigueur dans quelques pays du continent mais difficile à appliquer.

"Un confinement national sera mis en place pendant vingt-et-un jours (...). Il sera imposé à partir de jeudi minuit", a annoncé sur un ton grave M. Ramaphosa lors d'un discours télévisé.

Cette mesure vise à prévenir une "catastrophe humaine aux proportions énormes", a-t-il expliqué.

Un total de 402 cas de Covid-19 ont été confirmés jusqu'à présent en Afrique du Sud, un nombre "multiplié par six en seulement huit jours", a insisté le chef de l'Etat.

"Sans action décisive, le nombre de personnes infectées va passer rapidement de quelques centaines à des dizaines de milliers et, d'ici quelques semaines, à des centaines de milliers. C'est une décision indispensable pour sauver des millions de Sud-Africains de l'infection", a-t-il expliqué.

Pour faire respecter ce confinement total, le président Ramaphosa a décidé de recourir à l'armée. Et dès lundi après-midi, des militaires ont été déployés dans la capitale économique Johannesburg.

Après plusieurs pays d'Europe et d'Amérique latine notamment, l'Afrique, le continent le plus pauvre de la planète, adopte très progressivement le confinement, une mesure destinée à sauver des vies mais qui paralyse l'économie.

Déjà effectif en Tunisie, au Rwanda et à Maurice, il a été imposé lundi à Lubumbashi (sud-est), la capitale économique de la République démocratique du Congo, et dans les deux principales villes de Madagascar, la capitale Antananarivo et Toamasina (est).

L'Afrique a pourtant été jusqu'à présent relativement épargnée par la pandémie par rapport au reste du monde: au moins 1.628 cas, dont une cinquantaine de morts, ont été déclarés sur le continent, contre plus de 340.000 cas d'infection et 15.100 décès sur la planète, selon un bilan établi par l'AFP à partir de sources officielles.

- 'Condamnation à mort' -

Mais la très grande faiblesse des services de santé dans les pays africains laisse craindre que la pandémie puisse être dévastatrice.

En Afrique de l'Ouest, les présidents du Sénégal Macky Sall et de la Côte d'Ivoire Alassane Ouattara pourraient annoncer de nouvelles mesures lundi, après les premières déjà prises (fermeture des frontières et des lieux publics...).

A Dakar, la direction générale de la police affirme "se préparer aux éventuelles décisions de confinement de localités", selon une directive prise samedi.

Au Burkina-Faso - 24 nouveaux cas pour un total de 99 - les autorités "envisagent de plus en plus un confinement total des populations sur une période de deux à trois semaines", selon une source sécuritaire.

En Afrique centrale, le président du Gabon Ali Bongo Ondimba a annoncé un confinement partiel de 19H30 à 6H00 du matin, qui a débuté dimanche.

Au Cameroun voisin (56 cas déclarés officiellement), "on espère ne pas arriver à un confinement de tout le pays", a déclaré dimanche soir le ministre de la Santé, le Dr Malachie Manaouda. Des internautes le réclament pourtant.

Le Rwanda (17 cas déclarés) a interdit dès samedi soir "les déplacements non essentiels".

"Deux semaines sans travail dans une ville où tout est cher, c'est une condamnation à mort", s'est alarmé Alphonse 29 ans, moto-taxi dans la capitale Kigali quasi-déserte.

- 'Qu'est-ce qu'on va manger ?' -

Dans la Corne, l'Ethiopie a annoncé lundi la fermeture de ses frontières terrestres.

Depuis vendredi, les 1,3 million d'habitants de l'île Maurice, à environ 1.800 km au large de la côte orientale de l'Afrique, doivent également rester confinés pendant 14 jours.

A Madagascar, cette mesure s'avère très compliquée à appliquer dans la capitale. "Je sais que le coronavirus peut tuer. Mais si je reste à la maison pendant quinze jours sans travailler, je meurs aussi", a expliqué un vendeur, Jean Naina Rakotomamonjy.

Sans en être encore au confinement, le Nigeria, le pays le plus peuplé d'Afrique subsaharienne, tente de faire respecter les mesures déjà en vigueur, à commencer par l'interdiction des rassemblements.

"Dispersez-vous et rentrez chez vous. Pour votre propre bien. Ne revenez pas demain", a crié dimanche la police en dispersant les sportifs et les vendeurs de rue postés devant le stade national de Surulere, un quartier populaire du centre de Lagos.

"Qu'est-ce qu'on va manger, que vont manger nos clients", s'indigne Alice, vendeuse de fruits et légumes. "Je paie (mes légumes) à crédit, et maintenant je ne peux plus les vendre. On a besoin de survivre, on ne peut pas rester à la maison!".

"Le confinement partiel ou total risque d'avoir des effets désastreux pour le continent africain", s'inquiète l'écrivaine camerounaise Calixthe Beyala, sur sa page Facebook.

"Les populations les plus démunies en seront les premières victimes, elles crèveront de faim ou du moins leur organisme fragilisé par la malnutrition les rendra fragiles face au virus", selon elle.

"Il convient de trouver pour l'Afrique des stratégies d'urgence qui répondent mieux aux besoins de nos peuples", conclut-elle.

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