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L'Afrique de l'Ouest et centrale à la traîne dans la lutte contre le sida


Des encadreurs et des enfants porteurs du VIH/Sida hébergés à la maison Ste Monique de l’ONG "vivre dans l’espérance", à Dapaong, Togo, 16 mai 2017. (VOA/Kayi Lawson)
Des encadreurs et des enfants porteurs du VIH/Sida hébergés à la maison Ste Monique de l’ONG "vivre dans l’espérance", à Dapaong, Togo, 16 mai 2017. (VOA/Kayi Lawson)

La lutte contre l'épidémie de sida stagne, voire faiblit en Afrique de l'Ouest et centrale, où la mortalité des adolescents a augmenté d'un tiers en cinq ans, un "scandale" pour les associations et l'Unicef.

"La mortalité liée au VIH/sida en Afrique de l'Ouest et du Centre est (proportionnellement) plus du double (5,1% contre 2,1%) de ce qu'elle est dans le reste de l'Afrique", dénonce Coalition Plus, un groupe d'ONG de lutte contre le sida, dans un communiqué publié pour la 19e Conférence internationale sur le sida et les infections sexuellement transmissibles en Afrique (ICASA) qui se tient à Abidjan du 4 au 9 décembre.

L'Afrique de l'Ouest et du Centre "concentre à elle seule 20% des nouvelles infections au VIH et 45% des enfants naissant avec le virus dans le monde, alors qu'elle représente seulement 6% de la population mondiale", déplore Coalition Plus.

Une situation qui s'explique notamment par le manque d'accès aux médicaments.

"1,3 million de personnes qui se savent séropositives restent en attente de traitement", selon Coalition Plus.

Si la prévalence de l'épidémie (c'est-à-dire le nombre de personnes séropositives par rapport à la population totale) reste moins forte dans les 24 pays de l'Afrique de l'Ouest et du Centre qu'en Afrique de l'Est et qu'en Afrique australe, "la lenteur actuelle des progrès dans la lutte contre le VIH dans la région est tout simplement inacceptable", fustige également l'Unicef dans un communiqué.

"L'Afrique de l'Ouest et du Centre est à la traîne sur la majorité des indicateurs en matière de prévention du VIH". "La couverture en matière de thérapies antirétrovirales, vitales chez les enfants vivant avec le VIH dans la région, est la plus faible au monde", déplore encore le Fonds des Nations unies pour l'enfance.

- 'Mobiliser la société' -

La situation est en effet alarmante chez les jeunes.

Plus de 16.000 filles et garçons de 10 à 19 ans sont morts du sida ou de ses conséquences en 2016 en Afrique de l'Ouest et centrale, un chiffre en hausse de 35% par rapport à 2010, selon une estimation de l'Onusida publiée à l'occasion de la conférence d'Abidjan.

Les pays d'Afrique de l'Ouest et centrale comptent un quart du total mondial des enfants de 0 à 14 ans atteints par le virus du sida, mais 37% des décès (soit 43.000 morts), révèle aussi cette étude. Huit sur 10, soit 420 000 enfants, n'ont pas accès aux médicaments antirétroviraux.

"L'augmentation de la mortalité des jeunes est un scandale. La plupart de ces adolescents ne connaissent pas leur statut sérologique", s'indigne Marie Pierre Poirier, la directrice de l'Unicef pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre, dans une interview à l'AFP.

"Tout le monde est responsable. Le soutien des bailleurs de fonds internationaux n'est pas à la hauteur des besoins de la région. Et les gouvernements doivent mettre la priorité sur la lutte contre le sida, même si leurs ressources sont limitées", juge-t-elle.

"Il faut passer à la cadence +réponse d'urgence+, il faut mobiliser la société dans son ensemble, gouvernement, société civile, familles", plaide-t-elle.

Face aux mauvais chiffres dans la région, "l'Onusida a lancé un plan d'urgence en avril 2016, mais on ne voit pas grand-chose pour l'instant, il faut des actes", explique Khalil Elouardighi, directeur du plaidoyer de Coalition Plus.

Pour Coalition Plus, "l'appui des Etats les plus riches de la planète, comme les Etats-Unis et la France, reste indispensable", mais il faut aussi que les pays touchés consacrent davantage de fonds à la lutte contre le sida, "parce que l'argent manque" sur le terrain et parce que "l'Afrique (de l'Ouest et du Centre) ne peut continuer éternellement à dépendre de l'aide étrangère".

Avec AFP

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