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Kenya: des survivants racontent le massacre de l'université de Garissa lors du procès


Un tribunal à Nairobi, Kenya
Un tribunal à Nairobi, Kenya

Des témoignages sur le massacre qui a coûté la vie à 148 personnes, en avril 2015, à l'université de Garissa, dans le nord-est du Kenya, ont été donnés par des survivants, lors du procès de cinq hommes accusés d'être liés à cette attaque.

Les islasmistes somaliens shebab avaient revendiqué cette attaque, la plus meurtrière au Kenya depuis l'attentat commis en 1998 par Al-Qaïda - organisation à laquelle ils sont affiliés - contre l'ambassade américaine de Nairobi, qui avait fait 213 morts.

Les quatre assaillants avaient été tués, mais cinq autres hommes, soupçonnés d'être liés à l'attaque, sans que leur rôle soit encore clairement établi, sont actuellement jugés devant un tribunal de Nairobi.

Les suspects, Mohamed Ali Abdikar, Hassan Aden Hassan, Sahal Diriye et Osman Abdi, dont la nationalité - kényane ou somalienne - est incertaine, et Rashid Charles, un Tanzanien, ont été inculpés de 162 chefs d'accusation de terrorisme et conspiration en vue de commettre un attentat. Ils ont nié les charges pesant contre eux.

Une audience préliminaire avait eu lieu en novembre, mais les principaux témoins ont commencé à être entendus cette semaine par le tribunal. Leur description de l'horreur ressentie lors de ce massacre, perpétré à l'aube par des hommes armés, était détaillée dans les journaux kényans.

Devant la cour, Rispa Nyang a raconté qu'elle participait à une réunion de prière avec environ 30 étudiants chrétiens quand elle a vu "un homme grand, armé d'un fusil" et le visage masqué, jeter un engin explosif dans la pièce.

"J'ai entendu une explosion et j'ai vu des étincelles, avant que l'homme n'entre dans la salle et commence à tirer", a-t-elle dit, selon des propos rapportés par le quotidien Daily Nation.

Pendant l'attaque, les agresseurs avaient aligné les étudiants non-musulmans pour les exécuter, dans une mise en scène que le président kényan Uhuru Kenyatta avait à l'époque qualifiée de "massacre médiéval barbare".

"J'ai entendu une porte s'ouvrir, ils nous ont arrosé de balles et peu après le silence s'est fait dans la salle, la plupart de mes camarades ayant été abattus", a décrit une autre étudiante Evelyn Chepkemoi, selon le quotidien The Standard.

La jeune fille, qui avait été touchée aux jambes et à une main, a expliqué qu'elle avait feint d'être morte, en restant étendue sans bouger pendant cinq heures au milieu de ses camarades de classe décédés, jusqu'à ce que les forces de sécurité n'entrent dans la salle.

Jeudi, un responsable d'une mosquée de Garissa, a témoigné, et expliqué que Rashid Charles - qui avait été retrouvé caché dans un plafond de l'université après l'assaut - était venu à la prière les trois jours précédant l'attaque, alors qu'il ne l'avait jamais vu avant.

Le procès devait se poursuivre vendredi. L'accusation a indiqué qu'elle appellerait une trentaine de personnes à la barre.

L'université a officiellement rouvert ses portes le 4 janvier. La rentrée pour la soixantaine d'étudiants inscrits est prévue lundi. Avant la tragédie, elle accueillait quelque 800 étudiants.

Le Kenya est l'une des cibles privilégiées des shebab depuis octobre 2011, date à laquelle Nairobi a commencé à fournir un contingent militaire à la force de l'Union africaine en Somalie (Amisom), qui compte environ 22.000 soldats.

Les shebab sont également responsables de l'attaque menée contre le centre commercial Westgate à Nairobi en 2013 (67 morts), et ont massacré une centaine de personnes dans des raids contre des localités de la côte kényane en juin et juillet 2014.

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