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Le Camerounais Maurice Kamga devient le plus jeune juge du Tribunal international du droit de la mer


Les juges du Tribunal international du droit de la mer (TIDM) siègent lors d'une audience à Hambourg, le 6 novembre 2013. (Photo: REUTERS/Fabian Bimmer)
Les juges du Tribunal international du droit de la mer (TIDM) siègent lors d'une audience à Hambourg, le 6 novembre 2013. (Photo: REUTERS/Fabian Bimmer)

A 53 ans, le juge Kamga entame un mandat de 9 ans dans un tribunal spécialisé qui traite des thématiques diverses: délimitation des frontières maritimes, exploitation des ressources halieutiques, environnement et conservation marine.

Le juriste camerounais Maurice Kamga est entré dans l'histoire jeudi après avoir prêté serment comme juge au Tribunal international du droit de la mer (TIDM), basé à Hambourg, en Allemagne.

M. Kamga, diplomate de formation, fait son entrée au tribunal 16 ans après avoir reçu une bourse d’études de spécialisation en droit de la mer par le même tribunal. Une première que l’institution onusienne avait saluée dans un communiqué.

A 53 ans, il est le plus jeune des cinq nouveaux juges qui ont pris leurs fonctions jeudi après leur élection par les pays membres du tribunal en juin.

Originaire de Bandjoun, à quelque 180 kilomètres de Bafoussam, la troisième ville du Cameroun, le juge Kamga se souvient encore des jours où il devait parcourir une distance d'environ 20 kilomètres par jour pour se rendre à l’école primaire. Il s'est ensuite installé à Douala, capitale économique du pays, où il a terminé ses études secondaires en vivant chez une tante. Il achève ses études en diplomatie à l'université de Yaoundé et commence sa vie professionnelle au ministère camerounais des relations extérieures. Dans le même temps, il dispense des cours à l’université.

Trois atouts pour réussir sur le plan professionnel, selon le juge camerounais Maurice Kamga
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C’est par un pur concours des circonstances que se dessine sa trajectoire initiale vers le TIDM.

Alors qu’il se rendait à la bibliothèque des Nations unies non loin de son lieu de travail, une affiche attire son attention. Les Nations unies offraient une bourse pour un programme d'études à l'étranger spécialisé dans le droit maritime. Intrigué, il décide de relever le défi.

"À l'époque, nous n'avions pas d'ordinateurs, alors j'ai rédigé à la main mon projet de recherche et je l'ai remis à un ami qui avait accès à une machine à écrire", se souvient le juge.

Ce n'est qu'après avoir tout préparé qu'il s'est rendu compte qu'il faudrait des semaines pour que l'envoi arrive à Hambourg. Or la date limite du dépôt des candidatures expirait dans quelques jours. Le cœur brisé, il rebrousse chemin et salue au passage un vigile. Ce dernier lui confie qu’un courrier express diplomatique quittera le Cameroun pour les Nations unies le jour même. L’enveloppe de M. Kamga s’y retrouve et quelques mois plus tard, il apprend qu’il est le lauréat de la bourse Hamilton Shirley Amerasinghe qui est accordée chaque année à une seule personne pour des études approfondies sur le droit de la mer.

Désigné par le Cameroun et la RDC

Le reste ira relativement vite: études à Genève, puis à New York, Hambourg… En 2008, il devient secrétaire juridique à la Cour internationale de justice, basée à La Haye, aux Pays-Bas. Deux ans auparavant, sa thèse sur la délimitation des frontières maritimes en Afrique est publiée aux éditions de l’université de Bruxelles.

En décembre 2019 les Nations unies invitent les pays membres à soumettre les candidatures d’éminents juristes pour remplacer sept des 21 juges du tribunal du droit de la mer. La candidature de Maurice Kamga est présentée par le Cameroun et la République démocratique du Congo. Au total 157 pays votent en sa faveur.

Inauguré en 1996 après des décennies de négociations, le Tribunal international du droit de la mer compte actuellement cinq juges originaires d’Afrique. Son tout premier président, le juge ghanéen Thomas Mensah, était un juriste très respecté dans les arcanes du droit international, souligne M. Kamga. Il est décédé en avril 2020.

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