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La France tente de séduire les jeunes entrepreneurs africains


Les présidents Mohamed Ould Ghazouani, Ibrahim Boubacar Keita, Idriss Deby, Emmanuel Macron, Mahamadou Issoufou et Roch Marc Christian Kaboré assistent à une cérémonie à Pau en France, le 13 janvier 2020.
Les présidents Mohamed Ould Ghazouani, Ibrahim Boubacar Keita, Idriss Deby, Emmanuel Macron, Mahamadou Issoufou et Roch Marc Christian Kaboré assistent à une cérémonie à Pau en France, le 13 janvier 2020.

"Priorité à l'Afrique": pour "refonder" sa relation avec le continent, la France tente de séduire les jeunes entrepreneurs africains en mettant en avant des "partenariats" économiques et des initiatives durables qui impliquent étroitement les populations locales.

"Pour les entreprises françaises, la priorité africaine est plus forte en sortie de crise (sanitaire, ndlr), qu'elle ne l'était avant", explique à l'AFP Christophe Lecourtier, directeur général de Business France, lors du forum Ambition Africa, organisé à Paris quelques jours avant le sommet Afrique/France de Montpellier.

Contrairement aux économies asiatiques, Chine en tête, qui se sont fermées "physiquement" avec la pandémie de Covid-19 et "relativement fermées aux affaires", l'Afrique a fait preuve de "résilience" et bénéficié d'aides internationales "pour les vaccins, le traitement de sa dette et des programmes sociaux", poursuit le directeur de l'agence nationale dédiée à l'accompagnement d'entreprises françaises à l'étranger.

Les investisseurs internationaux se disent ainsi à 84,9% optimistes quant à la croissance future du continent, selon le baromètre annuel Havas Horizons établi en partenariat avec l'ONU.

On constate toutefois une baisse de cet enthousiasme (100% en 2015 et 92% en 2018), qui marque "le passage de l'afro-optimisme à l'afro-réalisme", selon Havas.

La croissance démographique et la jeunesse du continent - 2,5 milliards d'habitants à horizon 2050, dont 50% de moins de 25 ans - sont à la fois des atouts et des défis. D'autant que les jeunes entrepreneurs ont une vision différente des relations avec les anciennes puissances coloniales, ont souligné certains d'entre eux lors du forum.

"On ne peut pas dire que c'est le continent de la jeunesse du monde et envoyer des hommes blancs de 60 ans diriger nos équipes", reconnaît M. Lecourtier, insistant sur la nécessité de créer des "partenariats inclusifs" et des filiales dirigées par des hommes et des femmes des pays dans lesquelles elles sont implantées.

"Impact social"

Il faut que les investissements "profitent aux Africains", renchérit Axel Baroux, directeur Afrique Subsaharienne de Business France, mettant en avant "l'impact social" et les créations d'emplois générées par les investissements français comparés aux investissements chinois.

Selon Business France, 3.200 sociétés françaises opèrent en Afrique en employant 650.000 personnes, tandis que leurs investissements ont été multipliés par dix en vingt ans.

Dans un rapport de la Cour des comptes publié jeudi, l'Afrique n'arrive toutefois qu'en quatrième position, avant l'Océanie, dans le classement des chiffres d'affaires réalisés par Business France par continent.

"Construire une infrastructure, c'est très simple. (...) Ce qui est compliqué, c'est de leur donner un usage social, surtout dans les zones défavorisées (...), sans gréver le budget de l'État. Et, ça, la Chine ne le fait pas", affirme Régis Charpentier, président de Winwin.

Soutenue par le Trésor français, son entreprise construit des infrastructures sportives en Côte d'Ivoire et les exploite ensuite en abritant des associations mais aussi des événements pour se financer.

La construction est assurée par des grands groupes français, qui obtiennent un avantage au moment de l'appel d'offres s'ils déplacent leurs programmes de développement à destination des populations africaines dans les conteneurs recyclés de Winwin.

A Ambition Africa - 1.200 participants et plus de 400 entreprises africaines représentées -, M. Charpentier a établi un premier contact pour se développer au Nigeria.

Pour les jeunes entrepreneurs africains, à l'image de Freda Obeng-Ampofo, créatrice des cosmétiques ghanéens Kaeme, le forum a été l'occasion de rencontrer de potentiels partenaires en France mais aussi des pays voisins pour l'exportation ou l'obtention de certifications des produits.

Lesley Williams, PDG de l'incubateur de startups Tshimologong, a pour sa part signé avec un partenaire venant lui-aussi d'Afrique du Sud. Mais pour ce qui est de "refonder" la relation entre le continent et la France, il faudra plus qu'un forum.

Si les promesses pour l'Afrique formulées par le président Emmanuel Macron au début de son mandat "ne se transforment pas en annonces d'actions concrètes" lors du sommet de vendredi à Montpellier, cette dirigeante qui collabore régulièrement avec les institutions françaises à Johannesbourg prédit "une rupture supplémentaire dans la confiance".

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