Droits humains
Il n'y a qu'un seul autochtone parmi les 10.000 conseillers municipaux du Cameroun

Les peuples autochtones de forêt dénoncent leur faible implication dans la vie politique nationale au Cameroun. Une exclusion qui contraste avec les engagements du pays, signataire depuis 2017 de la déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.
La sous-représentativité de cette communauté qu’on estime à 10% de la population globale est telle qu'elle n’a qu’un seul conseiller municipal sur plus de 10.000 que compte le pays.
"Les peuples autochtones se limitent seulement au niveau des conseillers de la commune. Au niveau régional il n’y a pas, sénateurs, il n'y a pas député, il n'y a pas. Ça n’existe pas chez les peuples autochtones de la forêt", déplore Jeannette Aboa, issue de la communauté des peuples autochtones de forêt de Djoum, à plus de 276 km de Yaoundé au sud du Cameroun.
Jeannette Aboa a dénoncé lors d’une récente rencontre à Yaoundé organisée par les associations des autochtones de forêt, et le Réseau recherche action concertées des pygmées (Racopy, la faible participation des autochtones de forêt à la vie politique nationale. "On n’a même pas la moindre information sur les affaires politique", a-t-elle expliqué lors d’une conférence de presse.
La jeune militante a pris comme exemple pour illustrer ses propos, une récente descente de Elecam, l’organe indépendant chargé d’organiser les élections et référendum au Cameroun. "Ils sont arrivés dans ma communauté, ils avaient une grosse machine, on croyait qu’ils étaient là pour établir les cartes nationales d’identité, mais ils sont venus pour établir plutôt les cartes d’électeurs, ils ne nous ont pas averti, ils ne prenaient pas en compte l’âge des membres de la communauté, ils ont enrôlé tous ceux qui étaient là".
Le premier conseiller municipal Baka
Au Cameroun, les habitants originels de forêt sont les Baka, les Bagyéli et les Bedzang. Emmanuel Minsolo est l’unique conseiller municipal issu des peuples autochtones de forêt du Cameroun. Il appartient au groupe Baka, et a pu se faire une place au soleil après trois tentatives. "J’avais d’abord fait le dossier avant, notre tête de liste n’est pas passée, on avait échoué à ce premier tour là", raconte-t-il.
Pour la deuxième tentative explique-t-il , "je suis entré sur une liste d’un candidat du RDPC, le parti au pouvoir, qui visait le poste de maire. Comme il y’a avait trois listes concurrentes, le comité central a décidé qu’on fasse une liste consensuelle, je me suis donc retrouvé parmi les 25 personnes de la liste consensuelle et notre liste a été votée".
Un seul représentant des peuples de forêts dans un conseil municipal parait encore marginal, "le représentant des peuples autochtones n’a pas de voix", M. Minsolo. "Une seule personne sur 25, ça peut pas donner", dit-il.
Un groupe spécifique du Cameroun
Seules trois chefferies traditionnelles de 3e degré des peuples autochtones de forêt sont reconnues au Cameroun. Pas suffisant pour accélérer l’accès à la citoyenneté de cette couche encore vulnérable.
"Tant que tu n’as pas la carte d’électeur, tu ne peux pas voter, le problème se pose donc sur les actes de naissance", confie à VOA Afrique, Armel François Mede, issu de la communauté Bagyli de la localité d’Akom 2, dans la région du Sud.
Les experts ayant pris part à la rencontre des 10 associations de peuples autochtones de forêt à Yaoundé ont souligné la nécessité d’un accompagnement spécifique de ces populations pour une meilleure participation à la vie politique.
"Il faut voir avec les concernés ce qu’ils veulent c’est-à-dire retourner à la base, telle que prévoit la déclaration des Nations unies en faveur des peuples autochtones", conseille Armelle Mvogo, du Centre pour l’environnement et le développement.
La loi électorale prévoit la prise en compte des différentes composantes sociologiques lors de l’élaboration des listes de candidats aux scrutins sans toutefois préciser les quotas réservés par exemple aux peuples autochtones de forêts.
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Malawi: raids policiers contre des réfugiés des Grands Lacs

Des centaines de Rwandais, Burundais et Congolais, dont certains tenaient des commerces illégaux, ont été arrêtés à Lilongwe après avoir refusé de retourner dans un camp de réfugiés, a-t-on appris jeudi auprès des autorités du Malawi.
Le ministère de la Sécurité intérieure a précisé que 408 réfugiés et demandeurs d'asile, y compris des enfants, ont été interpelés dans le cadre d'une opération policière lancée mercredi au petit matin dans plusieurs townships de la capitale.
Ces arrestations interviennent deux mois après un ultimatum lancé par le gouvernement pour que ces réfugiés retournent au camp surpeuplé de Dzaleka, à quelque 40 km de Lilongwe.
"Le délai accordé avait expiré", a déclaré à l'AFP le porte-parole du ministère, Patrick Botha. "Nous avions indiqué que si ces personnes ne se déplaçaient pas, la police serait appelée à intervenir pour les y obliger".
La plupart des réfugiés et des demandeurs d'asile au Malawi viennent de la République démocratique du Congo (RDC), troublée par des conflits et violences, ainsi que du Rwanda et du Burundi.
Un représentant de la communauté burundaise de Lilongwe, Bantubino Leopold, s'est dit "surpris" par ces raids, le gouvernement s'étant engagé à protéger les réfugiés.
"Nous avons un accord [...] qui permet aux réfugiés qui peuvent se débrouiller seuls de gérer des entreprises dans le pays, afin qu'ils ne dépendent pas de l'aumône", a déclaré M. Leopold à l'AFP, alors que le gouvernement accuse certains des interpelés de gérer des commerces sans autorisation.
Ces arrestations sont une "violation flagrante du droit international des réfugiés" et favorisent "un environnement de peur et d'incertitude" pour les personnes concernées, a dénoncé la Coalition des défenseurs des droits de l'homme du Malawi.
Le Malawi accueille près de 70.000 réfugiés et demandeurs d'asile, selon l'agence onusienne pour les réfugiés (HCR). La plupart vivent à Dzaleka, camp de réfugiés créé en 1994 pour en accueillir environ 12.000, mais qui en compte plus de 56.000 selon le HCR.
- Eric Manirakiza