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Grève de pêcheurs contre l'interdiction d'employer des étrangers


Quelques personnes devant une ancienne école appelée par les locaux "Guantanamito", transformée en 2006 en centre de détention pour immigrants clandestins dans la ville portuaire de Nouadhibou, Mauritanie, 9 octobre 2008.
Quelques personnes devant une ancienne école appelée par les locaux "Guantanamito", transformée en 2006 en centre de détention pour immigrants clandestins dans la ville portuaire de Nouadhibou, Mauritanie, 9 octobre 2008.

Des milliers de pêcheurs artisanaux mauritaniens étaient vendredi en grève depuis cinq jours contre l'interdiction d'employer des étrangers sur leurs pirogues, un mouvement qui a tari l'approvisionnement du marché aux poissons de Nouakchott, a constaté un journaliste de l'AFP.

Entrée en vigueur en 2017, l'interdiction d'embarquer des étrangers dans le but de favoriser l'embauche des nationaux n'a commencé à être pleinement appliquée que récemment. Une tolérance qui permettait jusqu'à présent à de nombreux étrangers de continuer à exercer une activité dans laquelle les Mauritaniens sont peu nombreux, quelque 32.000 dans la pêche artisanale et 3.400 dans la pêche industrielle.

Cette mesure ne concerne cependant pas l'accord de pêche avec le Sénégal, qui autorise depuis janvier 400 pirogues sénégalaises à pêcher en Mauritanie.

"Nous gérons plus de 3.000 pirogues évoluant à Nouakchott et ses environs, sur les 7.200 de la pêche artisanale que compte la Mauritanie", a affirmé à l'AFP Mohamed Vall Ould Jeddoumou, membre du Regroupement des producteurs et exportateurs de la pêche artisanale et côtière (RPEPAC), principale organisation du secteur en Mauritanie.

"Depuis lundi, aucune de nos embarcations n'a repris le large en réponse à notre mot d'ordre de grève illimitée", a-t-il ajouté.

"Depuis 2017, les pêcheurs travaillent dans l'illégalité, en bravant les dispositions du décret sur la +mauritanisation+ du secteur, en embarquant des étrangers, principalement des Sénégalais, mais cela nous a coûté cher en passe-droits. Nous avons librement décidé d'arrêter cette supercherie", a expliqué à l'AFP un autre membre du Regroupement, Mine Ould Abderrahmane.

A Saint-Louis, dans le nord du Sénégal, près de la frontière mauritanienne, des dizaines de pêcheurs sénégalais qui exerçaient en Mauritanie sont rentrés à la suite de l'appplication stricte de cette interdiction affirmant avoir été expulsés, selon des sources locales dans le secteur de la pêche.

Sur le plage des pêcheurs de Nouakchott, des centaines d'embarcations étaient en rade à perte de vue, leurs équipements entassés sur le rivage. Le marché aux poissons tournait au ralenti avec des congelés sur les étalages, provenant d'usines voisines ou du port de Nouadhibou (nord-ouest) qui n'est pas touché par la grève, selon des commerçants.

Le ministère de la Pêche est en train d'"étudier les doléances des pêcheurs grévistes", a affirmé à l'AFP une source dans ce département.

Nouakchott a créé une académie pour former des pêcheurs artisanaux nationaux dans le cadre d'une politique "contre le chômage des jeunes", a souligné la même source, assurant qu'elle a formé depuis 2017 "des centaines de Mauritaniens".

"Nous mettons au défi l'administration de nous fournir un seul équipage parmi ces Mauritaniens formés par l'académie qui soit capable de naviguer normalement", a rétorqué M. Ould Jeddoumou.

Selon un de ses collègues, Elghadhi Ould Taleb, les diplômés de cet établissement "sont introuvables", car "ils ont pris le chemin des boutiques et d'autres activités, la pêche n'est pas leur domaine d'activité".

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