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Fermeture du poste frontalier de Sèmè-Kraké : les producteurs agricoles s'inquiètent


Délégation gouvernementale dans un champs de tomate, le 27 septembre 2019. ( VOA/Ginette Fleure Adande)
Délégation gouvernementale dans un champs de tomate, le 27 septembre 2019. ( VOA/Ginette Fleure Adande)

La fermeture des frontières nigérianes a des effets néfastes sur l’économie béninoise. Avec l'augmentation du prix de l'essence, les producteurs agricoles ont beaucoup plus de difficultés à écouler leurs produits.

Les producteurs et les commerçants appellent le gouvernement au secours depuis la fermeture du poste frontalier de Sèmè-Kraké.

Les producteurs agricoles se retrouvent avec d'énormes quantités de récoltes sans un marché d'écoulement adéquat. Certains pensent qu'il ne faut pas baisser les bras, à attendre que le Nigeria rouvre ses frontières, comme le souligne Anaïs Houbtondji, productrice d'ananas.

Pour elle, "sans un marché d'écoulement, les producteurs se retrouveront avec d'énormes dettes".

"Dans le commerce, il faut qu'on puisse trouver des marchés, qui en dehors du Nigeria puisse absorber nos produits. Il faut couvrir les marchés sahéliens, les marchés maghrébins, pourquoi pas européen et asiatique ? Nous avons déjà les produits sur les bras, ce n'est pas la peine de nous lamenter. Je pense que pour le moment, la transformation peut nous sauver la vie".

D'autres pensent qu'avant de rêver à des marchés lointains, il faut aller vers toutes les possibilités sur le plan national. Serges Sessou, producteur de maïs, pense que "les opérateurs économiques, surtout ceux qui font de la transformation peuvent aider à écouler les produits en attendant d'autres possibilités".

"Les sociétés de brasserie peuvent être des portes de sortie. Il faut négocier avec elles pour qu’elles précisent dans les trois mois à venir, quelle quantité de stock elles peuvent nous aider à évacuer. Nous irons vers les abattoirs, négocier pour savoir combien les bouchers peuvent nous aider à vendre de têtes de bétails. Exploitons toutes les solutions à notre portée d'abord".

Officiellement, les autorités nigérianes ont évoqué des raisons sécuritaires et d’autres liées à la contrebande de certains produits dont le riz pour justifier la fermeture des frontières. Ainsi, au lendemain de la prise de cette mesure, il a été demandé aux pays voisins de prendre des dispositions pour se conformer aux exigences du Nigeria.

En attendant, une équipe gouvernementale sillonne les champs, à la rencontre des producteurs pour écouter leurs doléances et leur faire part des dispositions prises par le gouvernement pour essayer de contenir la situation. Shadiya Alimatou Assouman, ministre de l'Industrie et du Commerce, estime que "pour explorer d'autres marchés, il faudrait que les produits bénéficient d'une attention particulière déjà au champ".

"Les marchés que nous prospectons ne sont pas aussi proches. Ils ne sont pas à moins de 100 kilomètres comme le Nigeria. Nous devons travailler avec les producteurs pour pouvoir améliorer la qualité des produits pour tenir, ne serait-ce que le voyage".

Même si la situation parait difficile pour beaucoup, certains experts pensent qu'elle présente des avantages et des inconvénients pour une économie fiscale comme celle du Bénin. L'économiste Ernest Sagbo estime que "même si la situation parait aujourd'hui invivable, elle peut s'avérer profitable pour le Bénin à la longue".

"Si cette situation perdure, il n'y a rien à faire, l'économie va s'adapter. Les gens finiront bien par se reconvertir. L'économie béninoise connaîtra une restructuration. Nous allons sûrement renforcer notre capacité à faire face à des chocs de ce genre. À long terme c'est profitable pour l'économie béninoise mais à court terme, nous allons vraiment en souffrir".

Vendeuses de maïs et autres céréales, le 27 septembre 2019. ( VOA/Ginette Fleure Adande)
Vendeuses de maïs et autres céréales, le 27 septembre 2019. ( VOA/Ginette Fleure Adande)

Le Burkina Faso et le Niger veulent interdire l’importation de certains produits afin de limiter leur réexportation vers le Nigéria. Le Bénin avait hésité avant de réactualiser un mémorandum de 2003 qui interdisait l’exportation de certains produits vers le Nigéria. Malgré ses pas timides posés par les pays concernés, les frontières nigérianes demeurent toujours fermées avec son lot de conséquences sur ces nations.

Dans une récente déclaration, les rois du Bénin avaient annoncé que des propositions ont été faites pour la réouverture des frontières. Ils appellent le chef de l'État à faire la part des choses et à répondre favorablement aux attentes du président nigérian pour le maintien des relations fraternelles entre les deux pays.

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