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Des patients manifestent pour un meilleur accès aux soins à Yaoundé


L'hôpital général de Yaoundé, au Cameroun, le 24 juillet 2017. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)
L'hôpital général de Yaoundé, au Cameroun, le 24 juillet 2017. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

Au Cameroun, pour la deuxième fois en moins d'une semaine, les patients atteints d'insuffisance rénale ont manifesté leur mécontentement dans l'enceinte de l'hôpital général de Yaoundé.

Les patients, souffrant d'insuffisances rénales, déplorent continuellement le manque de kits pour les séances de dialyse dans ce centre d'hémodialyse de la capitale politique du Cameroun.

Reportage d'Emmanuel Jules Ntap, correspondant à Yaoundé pour VOA Afrique
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Le malaise des patients de l'hôpital général est le même sur l'ensemble du territoire camerounais. La même situation est en place dans les deux autres centres, installés à l'hôpital militaire et au centre hospitalier universitaire.

Visite du ministre de la Santé

Le ministre de la Santé publique, André Mama Fouda, a rendu visite lundi aux patients de l'hôpital général de Yaoundé.

Le ministre Mama Fouda, au chevet d'un patient de la dialyse à l'hôpital général de Yaoundé, au Cameroun, le 24 juillet 2017. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)
Le ministre Mama Fouda, au chevet d'un patient de la dialyse à l'hôpital général de Yaoundé, au Cameroun, le 24 juillet 2017. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

L'arrivée, dans la nuit de vendredi dernier, des kits de dialyse, a augmenté la capacité de prise en charge des patients.

Sur la centaine de malades en attente de dialyse, une soixantaine a déjà eu au moins une séance de dialyse depuis vendredi, confie le professeur Gloria Ashutantang, chef unité d'hémodialyse à l'hôpital général de Yaoundé.

Les kits, arrivés par avion, ont dégelé la situation dans cet hôpital. Onze tonnes de kits supplémentaires restent attendues et arriveront selon le ministre "dans quelques jours ".

Manifestations pour de meilleurs soins

Quelques jours plus tôt, dans l'hôpital général de Yaoundé, le hall de l'unité de dialyse a été transformé en sit-in, organisé par les patients.

Tout est en arrêt dans cette chambre de l'unité de dialyse à l'hôpital général de Yaoundé, au Cameroun, le 24 juillet 2017. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)
Tout est en arrêt dans cette chambre de l'unité de dialyse à l'hôpital général de Yaoundé, au Cameroun, le 24 juillet 2017. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

Des malades, de tous âges, protestent contre la pénurie des kits de dialyse.

"Les séances de dialyse ne se font plus au rythme normal à l'hôpital général de Yaoundé. Avant on avait droit à deux séances par semaine. Aujourd'hui, c'est une fois par semaine", confie l'un des patients à VOA Afrique.

"Il n'y a pas assez de kits de dialyse, on ne s'en sort pas", ajoute t-il, d'une voix étouffée par la maladie. Il n'y a pas suffisamment de kits, et certains "malades attendent jusqu'à 10 jours pour être admis dans la salle d'hémodialyse", renchérit le coordonnateur national d'hémodialyse.

Aloys Ovidi, coordonnateur national de l'hémodialyse à l'hôpital général de Yaoundé, au Cameroun, le 24 juillet 2017. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)
Aloys Ovidi, coordonnateur national de l'hémodialyse à l'hôpital général de Yaoundé, au Cameroun, le 24 juillet 2017. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

Atteint d'insuffisance rénale depuis quatre ans, il est un habitué de l'unité de dialyse de l'hôpital général de Yaoundé.

C'est l'interlocuteur des malades face aux responsables des hôpitaux, mais ce statut ne lui confère pas d'avantages.

"J'ai eu ma dernière séance de dialyse il y a 8 jours, pour la prochaine, je n'en sais rien ", explique-t-il. "C'est pourquoi entre 4 et 12 heures, nous protestons contre cette situation".

Comment expliquer qu'il y ait seulement deux ou trois lits pour faire la dialyse dans cet hôpital? ", s'interroge-t-il, avec 170 malades pour neuf appareils de dialyse à l'hôpital général.

L'entrée principale de l'hôpital général de Yaoundé, au Cameroun, le 24 juillet 2017. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)
L'entrée principale de l'hôpital général de Yaoundé, au Cameroun, le 24 juillet 2017. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

"La situation est regrettable. On a jamais vu ça, nous n'étions pas préparés à traverser une telle situation , nous sommes désemparés. Pire, on nous trompe chaque jour en nous promettant que ça va s'arranger " déclare-t-il.

Depuis la fin du mois de juin, "cinq patients de l'unité de dialyse de l'hôpital général de Yaoundé sont décédés".

Pas la première manifestation

En octobre 2016, les malades soumis aux séances de dialyse à l'hôpital général de Yaoundé avaient déjà manifesté leur mécontentement au sujet de leur prise en charge dans l'hôpital.

L'administration leur avait alors promis l'acquisition de 25 nouvelles machines pour les séances de dialyse, une promesse non tenue.

"Le matériel est obsolète, certains appareils sont en panne, à l'instar de la balance ", déplore le coordonnateur national d'hémodialyse.

La ville de Garoua, qui abrite le centre d'hémodialyse régional, a enregistré "deux morts à cause de l'insuffisance des kits de dialyse", affirme au téléphone Pierre Laverdure Ombang, journaliste à Garoua, qui a suivi cette affaire.

En urgence, 200 kits y ont été acheminés pour 36 malades. Avec deux séances hebdomadaires de dialyse au moins par malade, le stock est géré avec parcimonie, ce qui n'assure pas les malades.

A Ebolowa, dans la région natale du président Paul Biya, le centre de dialyse régional fonctionne sauf qu'il ouvre ses portes qu'aux patients du centre.

"Je suis allée à Ebolowa, on ne m'a pas reçu. Avant on faisait la dialyse à tout le monde. Avec cette crise de kits de dialyse, ils ont revu leurs procédures ", une patiente qui fréquente l'hôpital depuis près de deux ans. Mal en point, elle arpente depuis deux semaines les couloirs de l'hôpital général de Yaoundé, dans l'espérance d'être "dialysée ", dit -elle.

Roger Mamoun, le chef de cellule de la communication, avait expliqué à VOA Afrique que "le cas spécifique de l'hôpital général de Yaoundé où les patients se plaignent est dû au fait que tous les appareils ne sont pas fonctionnels alors qu'il y a un nombre assez important de personnes qui sollicitent la dialyse".

Emmanuel Jules Ntap, correspondant à Yaoundé

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