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Des opposants remis en liberté sans jugement à Brazzaville


Les forces de police devant le domicile de Blanchard Oba, président de l'IDC au centre-ville de Brazzaville, le 3 octobre 2017. (VOA/Ngouela Ngoussou)
Les forces de police devant le domicile de Blanchard Oba, président de l'IDC au centre-ville de Brazzaville, le 3 octobre 2017. (VOA/Ngouela Ngoussou)

Au Congo, plusieurs opposants, souvent accusés d’atteinte à la sûreté de l’Etat et de trouble à l’ordre public, après les élections de 2016, sont en train de retrouver la liberté. Et ce, sans passer devant un juge, comme l’avaient pourtant promis les autorités.

Selon l’Observatoire congolais des droits de l’homme (OCDH) qui mène depuis une année une campagne de libération des opposants, une dizaine de prisonniers ont pu recouvrer la liberté. Ils n’ont pas été jugés, malgré les charges qui pesaient sur eux, notamment atteinte à la sureté de l’Etat et trouble à l’ordre public.

Reportage de Ngouela Ngoussou, correspondant à Brazzaville pour VOA Afrique
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Dans cette vague de libérations, deux soutiens de Paulin Makaya ont été relaxés, après 15 mois de détention à la maison d’arrêt, sans compter le temps passé à la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST).

Kevin Maboundou, un opposant en liberté, à Brazzaville, le 11 avril 2018. (VOA/Ngouela Ngoussou)
Kevin Maboundou, un opposant en liberté, à Brazzaville, le 11 avril 2018. (VOA/Ngouela Ngoussou)

"On n’est pas passé devant un juge, on a été libéré sans jugement. J’ai fait 14 mois et trois semaines à la maison d’arrêt. C’était dur, on a fait 90 jours sans voir la lumière du jour", témoigne à VOA Afrique, Jean Kevin Maboundou, un opposant relaxé.

>> Lire aussi : Pas de procès Mokoko et Okombi à la session criminelle de Brazzaville

Florent Bazolo, un proche de Paulin Makaya, libéré sans être passé par un procès à Brazzaville, le 11 avril 2018. (VOA/Ngouela Ngoussou)
Florent Bazolo, un proche de Paulin Makaya, libéré sans être passé par un procès à Brazzaville, le 11 avril 2018. (VOA/Ngouela Ngoussou)

"On a été enlevé, embastillé et séquestré par le régisseur de la maison d’arrêt. On nous a accusés devant la presse d’atteinte à la sûreté d’Etat, de complicité d’assassinat. Il n’y a pas eu procès, parce que nous avons reçu une ordonnance qui nous décharge de toutes les poursuites. C’est malheureux", ajoute Florent Himbou Bazolo, un autre opposant libéré.

Ces mises en liberté coïncident avec la tenue depuis quelques semaines à Brazzaville d’une session criminelle où toutes ces affaires devraient être jugées. Alors que le Pasteur Ntumi et ses acolytes sont attendus à la barre, plusieurs de ses miliciens ont aussi retrouvé la liberté, sans être jugés.

Pour Me Armel Malela, militant des droits de l’homme, ce sont des cas politiques et non judiciaires.

>> Lire aussi : Des ONG dénoncent les tortures et détentions arbitraires d’opposants à Brazzaville

L'activiste des droits humains Armel Malela à Brazzaville, le 11 avril 2018. (VOA/Ngouela Ngoussou)
L'activiste des droits humains Armel Malela à Brazzaville, le 11 avril 2018. (VOA/Ngouela Ngoussou)

"Ce n’est pas possible que les gens soient incarcérés et d'un coup de baguette magique, ne sont jamais passés devant un juge, mais curieusement sont en liberté. Pour les mêmes charges, d’autres se trouvent encore en prison. Il y a paradoxe", déplore-t-il.

La lecture des textes juridiques montre qu’il y a eu irrégularité dans cette procédure. Maixent Fortuné Hanimbat, un juriste.

"Déjà quand on décide de garder quelqu’un à vue, cela veut dire qu’il y a suffisamment d’éléments pour aller vers un procès. Mais vraiment, la loi a donné les délais pour éviter les abus. Au-delà de six mois, c’est une détention illégale", juge-t-il.

Pendant ce temps, l’OCDH poursuit sa campagne dénommée "Libérez-les prisonniers politiques".

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