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Des élus déchus forment un gouvernement parallèle en Birmanie


Un manifestant passe devant des pneus en feu après que des militants ont lancé une "grève des ordures" contre le régime militaire, à Yangon, au Myanmar/Birmanie, le 30 mars 2021.
Un manifestant passe devant des pneus en feu après que des militants ont lancé une "grève des ordures" contre le régime militaire, à Yangon, au Myanmar/Birmanie, le 30 mars 2021.

Un groupe d'élus déchus suite au coup d'État du 1er février en Birmanie a annoncé jeudi la formation d'un gouvernement parallèle pour contrer la junte au pouvoir.

Le gouvernement rebelle, appelé Comité de Représentation du Pyidaungsu Hluttaw (CRPH), est composé de membres de la Ligue nationale pour la démocratie d'Aung San Suu Kyi, leader de facto destituée, qui avaient été élus en novembre mais n'ont pas été autorisés à siéger après la prise du pouvoir par les militaires.

Le CRPH a également annoncé une nouvelle constitution fédérale pour remplacer celle rédigée par les militaires en 2008, qui avait pourtant apporté la démocratie au Myanmar après cinq décennies tout en maintenant le pouvoir et l'influence de l'armée sur tout gouvernement civil. La constitution rédigée par le CRPH a été écrite pour répondre aux demandes de longue date des groupes ethniques régionaux du Myanmar, qui luttent depuis des décennies pour une plus grande autonomie.

La violente répression de la junte contre les manifestants pro-démocratie dans l'ensemble du Myanmar s'est étendue ces derniers jours aux rebelles ethniques, qui prennent le parti des manifestants. L'armée a lancé des frappes aériennes contre les rebelles de l'ethnie Karen dans l'est du Myanmar en réponse aux attaques des rebelles contre des postes militaires et de police. Ces frappes aériennes ont poussé des milliers de personnes à fuir dans la jungle et vers la frontière avec la Thaïlande voisine.

"Bain de sang imminent"

L'aggravation de la situation a incité Christine Schraner Burgener, l'envoyée spéciale des Nations unies pour le Myanmar, à avertir le Conseil de sécurité mercredi qu'un "bain de sang est imminent" et qu'il existe une "possibilité croissante de guerre civile" dans le pays si les militaires ne remettent pas le pouvoir aux civils.

L'Association d'assistance aux prisonniers politiques, une organisation non gouvernementale, estime que 536 personnes ont été tuées par la junte depuis le début des manifestations pacifiques, dont plus de 100 manifestants. Parmi les victimes, on compte notamment de nombreuses femmes et des enfants. Plus de 2 700 personnes ont été arrêtées, inculpées ou condamnées à ce jour dans le cadre de ces manifestations.

Le département d'État américain a ordonné à tout son personnel non essentiel et aux membres de leurs familles de quitter la Birmanie alors que la répression sanglante des militaires se poursuit.

Entre-temps, l'agence Reuters indique que Mme Suu Kyi a comparu une nouvelle fois devant le tribunal jeudi par vidéoconférence. Son avocat, Min Min Soe, affirme qu'aucune nouvelle charge n'a été retenue contre la lauréate du prix Nobel de la paix, âgée de 75 ans.

Le service d'information en ligne Khit Thit Media affirme que la junte s'apprête à inculper Mme Suu Kyi de trahison, bien qu'aucune annonce officielle n'a été faite pour l'heure.

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