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Début de l'évacuation des rebelles de Deraa, ex-bastion de la révolte syrienne


Un soldat de l'armée syrienne à Umm al-Mayazen, dans la campagne de Daraa, en Syrie, le 10 juillet 2018.
Un soldat de l'armée syrienne à Umm al-Mayazen, dans la campagne de Daraa, en Syrie, le 10 juillet 2018.

Plusieurs centaines de rebelles et de civils syriens de la ville méridionale de Deraa ont été évacués dimanche à destination du nord du pays, plus de sept ans après le début du soulèvement populaire contre le régime de Bachar al-Assad dans cette région symbolique, désormais dans l'escarcelle de Damas.

Cette opération d'évacuation, prévue dans l'accord conclu le 6 juillet entre le régime et les groupes rebelles par l'entremise de la Russie, la grande alliée de Damas, a débuté vers la mi-journée. "Plusieurs centaines de combattants et quelques-uns de leurs proches sont montés à bord de 15 bus qui ont quitté" le lieu de rassemblement, a rapporté un correspondant de l'AFP.

"La majorité des personnes évacuées sont des combattants, contre seulement quelques familles", a précisé ce correspondant.

>> Lire aussi : Déluge de feu sur les zones rebelles de la province syrienne de Deraa

L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a pour sa part fait état de l'évacuation dimanche de 430 personnes entre civils et combattants de la ville de Deraa et la province, bien moins que les 1.400 prévus au départ ce jour.

"Il y a encore des bus vides dans la ville et on ignore s'il y aura davantage d'évacuations", a affirmé le directeur de l'Observatoire, Rami Abdel Rahmane.

La télévision d'Etat a confirmé peu après midi "le début de l'opération de transfert des terroristes ayant refusé le règlement (politique) depuis le centre-ville de Deraa vers le nord du pays", utilisant la terminologie du régime pour désigner tous les rebelles.

A l'endroit de stationnement des bus, des femmes et des enfants, faisant partie du cortège, portaient sacs et valises. "Les hommes ont été fouillés par des (militaires) russes, tandis que les femmes ont été inspectées par des femmes membres du régime syrien", selon le correspondant de l'AFP.

Les bus arrivés dans la matinée étaient stationnés sur la route de Sajna, qui relie les zones anciennement tenues par l'opposition à celles qui étaient déjà sous le contrôle du régime.

Cette ancienne ligne de démarcation a été ouverte il y a quelques jours après l'évacuation des remblais par les forces du régime.

>> Lire aussi : L'ONU tente d'obtenir un accès humanitaire dans le Sud-ouest syrien

D'après le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, les bus se sont dirigés ensuite vers les abords de la ville, où une nouvelle fouille était prévue avant le feu vert final pour rejoindre la province d'Idleb.

Ce transfert concerne les rebelles et civils ayant refusé l'accord de "réconciliation" du 6 juillet, qui s'apparente de facto à une capitulation pour les groupes insurgés.

Les négociateurs russes avaient d'abord exclu toute possibilité de départ de combattants lors des premiers rounds de négociations, avant de céder sur ce point au terme d'âpres discussions.

L'accord stipule en parallèle le désarmement des groupes rebelles et un retour des institutions étatiques dans les zones qui échappaient au contrôle de Damas.

- Désarmement -

Haut symbole de la révolte contre Bachar al-Assad en 2011, la province de Deraa est tombée dans l'escarcelle du régime au terme de trois semaines d'une offensive éclair ayant fait plier les rebelles et fait 150 morts parmi les civils.

Parallèlement à leur évacuation, les rebelles syriens poursuivent dimanche l'opération de remise de leurs armes lourdes dans la ville de Deraa, conformément à l'accord parrainé par Moscou.

L'agence officielle Sana a indiqué que "des groupes armés dans le centre de (la ville de) Deraa continuent de livrer des armes lourdes à l'armée syrienne", publiant à l'appui des photos de chars et de canons qui appartiendraient aux rebelles.

La remise de l'artillerie lourde et moyenne devrait ouvrir la voie au contrôle total par les forces gouvernementales de ce chef-lieu, où un drapeau national a déjà été hissé jeudi, en guise de victoire.

Sana a aussi fait état de la libération par les rebelles de cinq hommes qu'ils ont remis aux autorités gouvernementales.

- Qouneitra sous le feu -

Sur un autre front, les forces du régime ont commencé à bombarder intensivement dimanche avant l'aube la province stratégique de Qouneitra, voisine de celle de Deraa, prenant le contrôle d'une première localité, selon l'OSDH.

Cette province sensible, contrôlée à 70% par les rebelles, jouxte la ligne de démarcation sur le plateau du Golan, en majeure partie occupé et annexé par Israël.

"Les bombardements n'ont pas cessé depuis 03H00 du matin (00H00 GMT)", a indiqué à l'AFP M. Abdel Rahmane.

"Au moins quatre raids aériens et quelque 850 missiles et obus ont été lancés contre plusieurs localités et des combats acharnés au sol se poursuivent", a-t-il ajouté, faisant état de la mort de 18 combattants du régime, dont trois officiers, et 13 rebelles.

Cette opération qui pourrait augurer du début de la bataille de Qouneitra, selon le directeur de l'OSDH, risque d'avoir des retombées humanitaires, alors que les séquelles de l'offensive contre Deraa sont toujours présentes.

"En dépit du retour de dizaines de milliers de déplacés vers Deraa, (...) 160.000 personnes sont toujours à Qouneitra", a indiqué dans un communiqué le bureau de l'ONU chargé des affaires humanitaires (Ocha).

A Damas, Hossein Jaberi-Ansari, un haut conseiller du ministre iranien des Affaires étrangères, a été reçu dimanche par le président Bachar al-Assad, saluant les avancées du régime à Deraa, selon la présidence syrienne.

Avec AFP

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