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CIJ : Londres et l'île Maurice se disputent l'archipel des Chagos


La première ministre britannique, Theresa May, quitte le 10 Downing Street à Londres avant la session hebdomadaire des questions à la Chambre des communes, le 4 juillet 2018.
La première ministre britannique, Theresa May, quitte le 10 Downing Street à Londres avant la session hebdomadaire des questions à la Chambre des communes, le 4 juillet 2018.

La Cour internationale de justice (CIJ) examinera à partir de lundi le différend sur l'avenir des îles Chagos, un archipel britannique de l'océan indien qui accueille une importante base militaire américaine et dont la souveraineté est revendiquée par l'île Maurice.

Les Chagos se trouvent au coeur d'un litige de cinq décennies, depuis la décision britannique de séparer de l'île Maurice cet archipel en 1965 et d'y installer une base militaire commune avec les Etats-Unis sur l'île principale de Diego Garcia.

La Cour rendra un avis consultatif sur la décision britannique ainsi que sur l'expulsion qui a suivi d'environ 1.500 Chagossiens vers l'île Maurice et les Seychelles pour faire place à la base militaire.

Cet avis sera non contraignant mais pourrait apporter de l'eau au moulin de Maurice - indépendant depuis 1968 - qui réclame le retour des îles Chagos dans son giron.

Maurice a déclaré que Londres "avait illégalement démembré" son territoire.

"L'indépendance de Maurice sera incomplète tant que les îles Chagos ne seront pas rendues", a déclaré le Premier ministre Pravind Jugnauth.

- Base stratégique -

Alors que la guerre froide s'intensifiait avec l'ex-Union soviétique, le Royaume-Uni a établi au début des années 1970 une base militaire conjointe avec les États-Unis à Diego Garcia, la plus grande et la plus connue des îles Chagos.

Depuis, la base - dont le bail court jusqu'en 2036 - a joué un rôle clé dans les opérations militaires américaines.

Elle a notamment été utilisée par l'agence américaine de renseignements CIA comme centre d'interrogation de suspects capturés en Afghanistan après les attentats du 11 septembre 2001 et a servi de base aux campagnes de bombardement américaines en Afghanistan et en Irak.

Créée en 1946, la CIJ statue sur les différends entre pays, mais elle peut également donner des avis consultatifs non contraignants à des organes de l'ONU tels que l'assemblée générale.

Les Nations unies ont décidé par un vote en juin 2017 de demander à la Cour basée à La Haye de se prononcer sur l'avenir des îles Chagos, un coup dur diplomatique pour le Royaume-Uni.

L'assemblée générale de l'ONU a adopté une résolution présentée par Maurice et soutenue par les pays africains réclamant que la CIJ donne son opinion sur l'affaire.

- "Hémorragie" du soutien européen -

Le vote sur la résolution était considéré comme un test de la capacité du Royaume-Uni à rallier derrière lui ses voisins européens après son référendum de sortie de l'UE.

Mais ce vote a été marqué par l'abstention de 65 pays dont de nombreux membres de l'Union européenne comme la France et l'Allemagne.

"Cela ressemble à une hémorragie complète du soutien de l'UE", a déclaré l'avocat général de Maurice, Philippe Sands.

"Peut-être que si cela était arrivé quelques années auparavant, avant le Brexit, la situation aurait pu être différente", a-t-il poursuivi auprès de l'AFP.

Londres, qui s'est "à plusieurs reprises engagée à céder l'archipel à Maurice lorsqu'il n'est plus nécessaire à des fins de défense", a annoncé qu'elle "défendrait fermement" sa position, a déclaré auprès de l'AFP une porte-parole du ministère britannique des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a toutefois exclu en 2016 le retour des anciens habitants de Chagos et leurs descendants.

L'Union africaine et 22 pays, dont le Royaume-Uni, Etats-Unis, Allemagne, plusieurs pays d'Asie et d'Amérique latine, prendront part à la procédure orale qui doit se dérouler pendant quatre jours devant la CIJ.

Avec AFP

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