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Aux Etats-Unis, les petits progrès de la coordination des espions


Le président américain Barack Obama prononce une déclaration accompagnée du directeur du renseignement national James Clapper, à droite, et du président des chefs d'état-major général Joseph Dunford après une rencontre avec l'équipe de sécurité nationale d'Obama au département du Trésor à Washington, États-Unis, 14 juin 2016 . REUTERS / Carlos Barria
Le président américain Barack Obama prononce une déclaration accompagnée du directeur du renseignement national James Clapper, à droite, et du président des chefs d'état-major général Joseph Dunford après une rencontre avec l'équipe de sécurité nationale d'Obama au département du Trésor à Washington, États-Unis, 14 juin 2016 . REUTERS / Carlos Barria

Une agence de renseignement qui coordonne toutes les autres: les Américains ont appliqué après le 11-Septembre l'idée aujourd'hui avancée par la commission d'enquête française sur les attentats de Paris, sans avoir encore complètement réalisé leurs ambitions.

Le poste du directeur national du renseignement américain a été créé en 2004 par la réforme du renseignement votée par le Congrès, en application des conclusions de la commission d'enquête sur les attentats du 11 septembre 2001.

Celle-ci avait mis en évidence l'incapacité des différentes agences, CIA et FBI en tête, à relier les informations parcellaires dont elles disposaient, pour déceler l'attaque sans précédent qui se préparait.

Aujourd'hui, l'office du directeur national du renseignement (ODNI), dirigé par James Clapper, compte environ un millier de personnes.

Il chapeaute l'action de quelque 100.000 personnes, réparties dans 16 agences, qui composent la "communauté du renseignement" américain.

Pour Michael Allen, auteur de "Blinking red", un livre sur l'après-11-Septembre, le directeur national "a apporté de la valeur ajoutée à la communauté du renseignement", mais "ce n'était pas ce qui était prévu au départ".

Faute d'autorité suffisante, il n'est pas devenu "le super meneur de jeu" attendu, "disant aux agences +vous chassez untel+, +nous allons mettre plus d'écoutes ici+, +mettons un satellite là-bas+", a expliqué à l'AFP ce spécialiste du secteur, qui a travaillé pour la Maison Blanche et le Congrès.

Il s'est plutôt centré dans "la plomberie pas sexy", comme par exemple harmoniser les systèmes informatiques des différentes agences pour faciliter les échanges d'informations entre elles, la migration des données sur le "cloud".

Voire, explique à l'AFP Richard Girven, un spécialiste du renseignement à la Rand corporation, aux problèmes de badges d'accès des agents.

"Il est maintenant plus facile de quitter le bâtiment de son agence et d'aller dans le bâtiment d'une autre agence, grâce aux améliorations des badges de la communauté du renseignement", détaille-t-il.

'S'assoir dans la même pièce'

Au final, "l'intégration des informations" détenues par les différentes agences s'est améliorée, estime Richard Girven. "Mais je pense qu'il y a encore beaucoup de critiques qui diront qu'il y a encore des redondances entre les agences, qui font le même travail ou suivent le même sujet".

Accouchée au terme d'âpres débats, la loi n'a pas donné au directeur national du renseignement les pouvoirs suffisants pour imposer ses vues aux différentes agences.

Et celles-ci se sont battues pour conserver leurs prérogatives, comme en 2009, lors d'une bataille homérique entre la CIA et le DNI sur la nomination des chefs de bureau de la CIA - restée finalement sous l'entier contrôle de celle-ci.

En fait, le directeur national du renseignement est plus à la tête d'une "coalition de bonnes volontés" qu'autre chose, souligne Richard Girven.

Il "doit compter sur la diplomatie" et sur ces capacités à travailler avec les directeurs d'agences, et leurs tutelles, pour appliquer sa politique, confirme Michael Allen.

La création du DNI a-t-elle, par exemple, facilité la traque victorieuse d'Oussama Ben Laden ?

"C'est la CIA qui a traqué Ben Laden. Le DNI était au courant, mais la CIA menait ses propres opérations", tranche Michael Allen.

Mais le DNI a eu au moins ce mérite d'incarner "une volonté de travailler ensemble, un changement culturel" qui a pénétré toute la communauté américaine du renseignement, concède-t-il.

Selon les experts, le Congrès reste aujourd'hui divisé sur le bilan, entre ceux qui dénoncent une couche bureaucratique supplémentaire et ceux qui estiment que la loi n'a pas donné d'autorité suffisante au DNI.

En revanche bien peu contestent aujourd'hui le bien-fondé de la création du Centre national anti-terroriste (National counter-terrorism center, NCTC), né de la même réforme que celle qui a engendré le DNI.

Le NCTC a été créé pour que des agents de la CIA, du FBI et des autres agences puissent "s'assoir dans la même pièce" et avoir accès "au même endroit à toutes les bases de données" des différentes agences, explique Michael Allen.

"Cette fonction de centralisation de l'analyse sur le terrorisme a marché", souligne-t-il.

Les agences de renseignement américaines (17, en comptant l'ODNI) représentent, selon les chiffres de l'ODNI, un budget annuel de plus de 65 milliards de dollars.

Avec AFP

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