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Attaques d'hôpitaux en Syrie: l'ONU s'abstient d'incriminer directement la Russie


Un garçon blessé lors de frappes aériennes est amené à l'hôpital de la ville d'Idleb, en Syrie, le 15 janvier 2020.
Un garçon blessé lors de frappes aériennes est amené à l'hôpital de la ville d'Idleb, en Syrie, le 15 janvier 2020.

Une commission d'enquête interne de l'ONU créée l'été dernier sur des attaques menées en 2019 contre des établissements civils en Syrie, dont des hôpitaux, s'abstient d'incriminer directement la Russie, selon un résumé de son rapport, publié lundi.

Les coordonnées géographiques des sept sites situés dans le nord-ouest de la Syrie et retenus par l'enquête avaient été communiquées pour quatre d'entre eux par l'ONU à Moscou, précisément pour les protéger de raids aériens.

"La Syrie n'a pas répondu aux demandes répétées" de la commission d'enquête pour qu'elle puisse se rendre sur le terrain et lui fournisse des informations, regrette le résumé.

Sans citer la Russie, il conclut pour quatre cas étudiés sur sept - une école, un centre de santé, un hôpital chirurgical, un centre de protection - que "le gouvernement de Syrie et/ou ses alliés ont mené le raid aérien".

La responsabilité d'une attaque contre un camp de réfugiés est attribuée à des jihadistes ou opposants armés.

Principal soutien de Damas et seul allié à avoir une capacité d'attaque dans le pays avec des bombardiers, Moscou a toujours démenti viser des objectifs civils.

"Plusieurs Etats qui pourraient fournir une information cruciale, incluant de sources militaires, ont dit qu'ils coopéreraient. A la fin cependant, seulement quatre ont fourni des informations et elles étaient limitées dans leur nature", déplore le résumé, sans les identifier ni détailler les données.

- Fureur de Moscou -

En 2019, le quotidien américain New York Times avait publié une enquête exhaustive, avec notamment des enregistrements de pilotes russes, incriminant directement la Russie dans des attaques d'hôpitaux.

Voici les sept cas peu meurtriers choisis par la commission onusienne, qui ne précise pas pourquoi ils ont été retenus plutôt que d'autres:

- l'école Martyr Akram Ali Ibrahim Al-Ahmad à Madiq Castle, 28 avril 2019: "hautement probable que la Syrie et/ou ses alliés aient mené le raid". Pas de victimes.

- le centre de santé de Rakaya Sijneh, 3 mai 2019: "hautement probable que la Syrie ait mené le raid". Coordonnées transmises à la seule Russie. Pas de victimes.

- le centre de santé de Kafr Nabutha, 7 mai 2019: "plausible que les dégâts soient de la responsabilité de la Syrie et de ses alliés". Coordonnées transmises à la Russie. Pas de victimes.

- le camp de réfugiés palestinien Nayrab à Alep, 14 mai 2019: "probable que le raid ait été mené par des groupes d'opposition armés ou par Hayat Tahrir al-Sham" (HTS, branche syrienne d'Al-Qaïda). Coordonnées transmises à la coalition dirigée par Washington et à la Turquie. Dix morts, une trentaine de blessés.

- l'hôpital de As-Suqylabiyah, 26 mai 2019. Ecarté de l'enquête, ses coordonnées n'ayant pas été communiquées par l'ONU aux belligérants et ce site ne faisait pas l'objet d'un soutien d'une agence onusienne.

- le centre chirurgical de Kafr Nobol, 4 juillet 2019: "hautement probable que les frappes aient été le fait de la Syrie et/ou de ses alliés". Coordonnées transmises à la Russie. Pas de victimes.

- le centre de protection de Ariha, 28 juillet 2019: "hautement probable que l'attaque aérienne ait été conduite par la Syrie et/ou ses alliés". Coordonnées transmises à la Russie. Des blessés.

Le résumé d'une vingtaine de pages a été réalisé par le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, à partir du rapport qui doit rester confidentiel (185 pages et 200 annexes) s'agissant, affirme-t-il, d'une enquête interne.

Alors que plusieurs dizaines d'hôpitaux ont été visés par des attaques ces dernières années, elle n'a porté que sur sept cas car l'absence de l'ONU sur le terrain rend difficile de déterminer la réalité des faits, fait-il valoir dans une lettre jointe au résumé.

L'enquête avait été déclenchée l'été dernier contre la volonté de Moscou à la demande de dix membres du Conseil de sécurité, dont les Etats-Unis, la France, le Royaume Uni, l'Allemagne ou la Belgique.

Dans sa lettre, Antonio Guterres souligne qu'il ne s'agit pas d'une investigation criminelle et que son objectif était d'améliorer les procédures de l'ONU et de prévenir de nouvelles attaques.

Selon plusieurs pays occidentaux et des ONG, les raids contre des établissements civils en Syrie devraient faire l'objet de poursuites internationales pour crimes de guerre.

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