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L'ANC choisit Cyril Ramaphosa pour succéder à Zuma


 Cyril Ramaphosa célèbre sa victoire après avoir remporté l’élection de l'ANC, à Johannesburg, le 18 décembre 2017.
Cyril Ramaphosa célèbre sa victoire après avoir remporté l’élection de l'ANC, à Johannesburg, le 18 décembre 2017.

Le vice-président sud-africain Cyril Ramaphosa a été élu lundi à la tête du Congrès national africain (ANC), au pouvoir depuis 1994, à la place du très contesté président Jacob Zuma, à deux ans d'élections cruciales pour l'avenir du parti et du pays.

Au terme d'un duel très serré, M. Ramaphosa a devancé de 179 voix à peine son unique rivale, l'ancienne patronne de l'Union africaine (UA) et ex-épouse de M. Zuma, Nkosazana Dlamini Zuma.

"Nous proclamons le camarade Cyril Ramaphosa nouveau président du Congrès national africain", a déclaré à la tribune de la conférence du parti réuni à Johannesburg une responsable de la commisison chargée du scrutin.

Annoncée au terme de plusieurs heures de dépouillement, la victoire de M. Ramaphosa a été accueillie par un tonnerre d'acclamations de ses partisans et les sifflets de ceux de son adversaire, témoins des fractures qui divisent le parti.

Fort de ce succès, M. Ramaphosa pourrait devenir en 2019 le nouveau président du pays à la fin du mandat de Jacob Zuma, en cas de victoire de l'ANC aux élections générales.

Soutenu par l'aile modérée du parti, très apprécié des marchés, Cyril Ramaphosa, 65 ans, a fait campagne en dénonçant la corruption du clan Zuma.

Ancien syndicaliste reconverti en richissime homme d'affaires, il a aussi promis de relancer l'économie du pays, qui peine à sortir de la crise, et de créer des emplois pour faire reculer un taux de chômage au plus haut à plus de 27%.

"Cyril est le meilleur candidat", a estimé un de ses partisans, Siya Kolase, 35 ans. "Il va s'occuper de la question de la corruption (...) avec lui, notre économie va pouvoir redémarrer".

>> Lire aussi: Zuma quitte la tête de l'ANC en déplorant son déclin

'Le meilleur'

Au sein du parti, ses critiques lui reprochent de défendre les seuls intérêts des classes les plus aisées.

"Cyril est le meilleur candidat", a déclaré lundi après son passage dans l'isoloir un de ses partisans, Siya Kolase, 35 ans. "Il va s'occuper de la question de la corruption (...) avec lui, notre économie va pouvoir se redresser".

Le chef de la majorité parlementaire ANC, Jackson Tembu, a annoncé sur Twitter avoir voté pour l'actuel vice-président "pour sauver mon ANC et mon pays".

>> Lire aussi: Afrique du Sud : l'ANC en bref

De son côté, Nkosazana Dlamini Zuma, 68 ans, a repris le discours de son ex-époux sur la nécessaire "transformation radicale de l'économie" au profit de la majorité noire.

Un quart de siècle après la chute de l'apartheid, des millions de Sud-Africains continuent à vivre dans la pauvreté.

Ses adversaires la soupçonnent d'être la "marionnette" de Jacob Zuma et de lui avoir promis l'immunité dans les nombreux scandales politico-financiers où il est accusé.

"Il est temps qu'une femme nous dirige", a estimé Arthur Raymond, un délégué de 39 ans. "Elle est capable. Elle a sa propre expérience politique", a-t-il plaidé, "vous ne pouvez pas juger quelqu'un sur son seul nom".

"Je n'ai pas dormi depuis vingt-quatre heures mais je m'en fiche", a renchéri une autre, Patience Nomodi, 62 ans, enroulée dans une couverture. "Je veux voter. Je veux qu'une femme devienne présidente avant de mourir".

Déclin

Le choix de l'ANC s'annonce déterminant pour son avenir.

Son étoile a sérieusement pâli depuis sa victoire aux premières élections libres de l'histoire de l'Afrique du Sud en 1994 et l'arrivée au pouvoir de son icône Nelson Mandela.

Affaibli par la crise économique et les accusations de corruption qui visent Jacob Zuma, le parti a déjà subi un sérieux revers aux élections locales de 2016 en cédant à l'opposition le contrôle de villes de premier plan comme Johannesburg et Pretoria.

"Notre échec à régler les problèmes a commencé à peser sur notre mouvement", a concédé samedi M. Zuma dans son discours d'adieu de chef du parti, citant "la corruption, la criminalité et l'emploi". "Les petites querelles internes (...) doivent s'arrêter", a-t-il exhorté ses "camarades".

Mais la bataille pour la succession de l'actuel chef de l'Etat a déchiré les rangs de l'ANC.

>> Lire aussi: Les temps forts de la présidence Zuma en Afrique du Sud

Nombre d'analystes anticipent déjà son éclatement, quel que soit le vainqueur de la course à la succession, et lui prédisent une défaite historique aux élections générales de 2019.

L'issue du scrutin à l'ANC est également attendue avec impatience par les marchés financiers, qui s'inquiètent depuis des mois des "incertitudes politiques" qui pèsent sur l'économie de la première puissance industrielle du continent africain.

"Les divisions vont continuer d'agiter l'ANC en 2018", a déjà tranché l'analyste George Nicholls, du cabinet Control Risks. "Les factions rivales vont nourrir (...) l'instabilité politique et, probablement, contraindre le président Jacob Zuma à démissionner avant la fin de l'année prochaine".

Avec AFP

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