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Pompeo rencontre le prince héritier saoudien


Le secrétaire d'État américain Mike Pompeo rencontre le prince héritier saoudien Mohammed ben Salman lors de sa visite à Riyad en Arabie Saoudite, le 16 octobre 2018.
Le secrétaire d'État américain Mike Pompeo rencontre le prince héritier saoudien Mohammed ben Salman lors de sa visite à Riyad en Arabie Saoudite, le 16 octobre 2018.

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a déclaré en recevant le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo que Ryad et Washington étaient "des alliés forts et anciens" sur fond de tensions après la disparition du journaliste et dissident saoudien Jamal Khashoggi.

Il s'agit de la première de deux rencontres de crise prévues entre M. Pompeo et le prince Mohammed, 33 ans, considéré comme l'homme fort de l'Arabie saoudite. Le haut responsable américain avait été reçu auparavant pendant une vingtaine de minutes par le roi Salmane.

Les autorités de Ryad sont d'accord sur la nécessité d'une enquête "approfondie" à propos de la disparition du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, a déclaré mardi une porte-parole américaine qui accompagne le secrétaire d'Etat Mike Pompeo en Arabie saoudite.

Elle a fait cette déclaration après une rencontre entre M. Pompeo et son homologue saoudien Adel al-Jubeir. Ils sont d'accord sur "l'importance d'une enquête approfondie, transparente" et dans un délai raisonnable, a dit la porte-parole américaine Heather Nauert.

Des alliés fort

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a déclaré en recevant le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo que Ryad et Washington étaient "des alliés forts et anciens" sur fond de tensions après la disparition du journaliste et dissident saoudien Jamal Khashoggi.

"Nous faisons face aux défis ensemble, que ce soit dans le passé, aujourd'hui ou demain", a ajouté le prince Mohammed ben Salmane, selon des journalistes ayant assisté à l'arrivée de M. Pompeo au palais royal saoudien. Les deux hommes exhibaient un large sourire.

Plus tôt, une porte-parole américaine, Heather Nauert, a déclaré que Ryad était d'accord sur la nécessité d'une enquête "approfondie" à propos de la disparition de Jamal Khashoggi, entré au consulat saoudien à Istanbul le 2 octobre et qui n'est pas réapparu depuis.

Lundi, après s'être entretenu au téléphone avec le roi Salmane, M. Trump a suggéré que la disparition de Jamal Khashoggi, un critique du pouvoir saoudien qui collaborait notamment avec le Washington Post, "pourrait être le fait de tueurs hors de contrôle".

Plus tard, des médias américains ont affirmé que l'Arabie saoudite envisageait de reconnaître la mort du journaliste lors d'un interrogatoire qui aurait mal tourné au consulat saoudien à Istanbul, au début du mois.

Selon CNN, citant deux sources anonymes, le pouvoir saoudien, face au tollé, préparerait un rapport dans lequel il tenterait de minimiser son implication dans la disparition de l'éditorialiste, "bête noire" du prince héritier, surnommé "MBS".

Selon le Wall Street Journal, cela permettrait à la famille royale de "se dédouaner d'une implication directe" dans la mort de M. Khashoggi, 59 ans au moment des faits.

"Déterminer ce qui est arrivé à Jamal Khashoggi (...) revêt une grande importance pour le président" Trump, a de son coté déclaré la porte-parole du département d'Etat, Heather Nauert, peu après l'arrivée de Mike Pompeo dans la capitale saoudienne.

Echantillons du consulat

Les autorités turques ont fouillé dans la nuit de lundi à mardi le consulat saoudien à Istanbul, où M. Khashoggi a été vu pour la dernière fois le 2 octobre.

Selon des responsables turcs, le journaliste a été assassiné par des agents saoudiens au consulat, ce que Ryad a démenti jusqu'ici.

Un convoi de six voitures était arrivé au consulat sous haute sécurité lundi peu après 19 heures (16 heures GMT). Les policiers, certains en uniforme et d'autres en civil, sont immédiatement entrés dans le bâtiment.

Un groupe de responsables saoudiens censés participer à la fouille était arrivé au consulat une heure environ avant la police turque.

A l'issue d'une perquisition sans précédent d'une durée de huit heures, les membres de l'équipe turque ont quitté les lieux. Ils ont emporté des échantillons, notamment de la terre du jardin du consulat, a déclaré un responsable présent sur place.

Mardi, une source diplomatique en Turquie a par ailleurs indiqué que la police turque allait aussi fouiller la résidence du consul saoudien à Istanbul, dans le cadre de l'enquête.

La fouille du consulat lundi est intervenue au lendemain d'un entretien téléphonique entre le président turc Recep Tayyip Erdogan et le roi Salmane, au cours duquel ils ont évoqué l'affaire Khashoggi.

L'éditorialiste saoudien, qui s'est exilé aux Etats-Unis en 2017, s'était rendu au consulat saoudien d'Istanbul pour des démarches administratives en vue de son prochain mariage avec une Turque, Hatice Cengiz.

Ryad a assuré jusqu'ici que le journaliste avait quitté la représentation diplomatique, mais des responsables turcs ont affirmé le contraire et certains accusent les autorités saoudiennes d'avoir fait assassiner le journaliste à l'intérieur du consulat par un groupe d'agents envoyés à cette fin.

M. Erdogan a pressé à plusieurs reprises, en vain, les autorités saoudiennes de présenter des images prouvant que M. Khashoggi avait bel et bien quitté le consulat.

Selon l'agence de presse étatique turque Anadolu, après sa visite à Ryad, Mike Pompeo doit se rendre en Turquie mercredi.

Menaces et contre-menaces

Mardi, Michele Bachelet, Haut-Commissaire de l'ONU pour les droits de l'Homme a réclamé la levée de l'immunité de responsables saoudiens qui pourraient être impliqués dans la disparition de Jamal Khashoggi.

"Compte tenu de la gravité de la situation (...), j'estime que l'inviolabilité ou l'immunité des locaux et des fonctionnaires concernés accordée par des traités tels que la Convention de Vienne de 1963 sur les relations consulaires devrait être levée immédiatement", a-t-elle déclaré.

Samedi, le président Trump, un grand allié de Ryad, avait pour la première fois estimé possible une implication de l'Arabie saoudite et l'avait menacée d'"un châtiment sévère".

L'Arabie saoudite avait promis le lendemain de riposter à d'éventuelles sanctions.

Alors que les investisseurs s'enthousiasmaient encore il y a peu des pharaoniques projets du prince héritier, l'affaire Khashoggi semble en avoir refroidi certains.

Le milliardaire britannique Richard Branson a annoncé geler plusieurs projets dans le royaume. Des partenaires prestigieux se sont retirés de la deuxième édition de la grande conférence "Future Investment Initiative", prévue du 23 au 25 octobre à Ryad.

Les derniers en date sont les PDG des sociétés de gestion d'actifs Blackrock et Blackstone, respectivement Larry Fink et Steve Schwarzman, selon des personnes familières du dossier.

Cher au prince héritier, l'événement est aussi boudé par des médias comme le Financial Times, le New York Times et The Economist, et par le patron d'Uber.

Lundi, Ari Emanuel, patron d'Endeavor, une grande agence de célébrités à Hollywood, s'est dit "troublé" par l'affaire Khashoggi, alors que des informations circulent concernant de possibles conséquences sur un accord de plusieurs centaines de millions de dollars avec le Fonds public d'investissement saoudien.

Avec AFP

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