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Abdoulaye Hissène, chef de guerre motivé par l'argent


Les habitants du quartier PK5 s’assemblent autour des corps de victimes des affrontements à Bangui, Centrafrique, 11 avril 2018.
Les habitants du quartier PK5 s’assemblent autour des corps de victimes des affrontements à Bangui, Centrafrique, 11 avril 2018.

Le chef de groupe armé opérant en Centrafrique Abdoulaye Hissène est "l'un des profiteurs de guerre les plus influents" de ce pays en conflit, ayant amassé "une fortune" grâce à la violence et au commerce illicite de ressources selon le rapport de The Sentry.

A 51 ans, M. Hissène "s'est progressivement imposé comme l'un des profiteurs de guerre les plus influents" en Centrafrique en "ravivant la haine" entre chrétiens et musulmans, révèle la fondation américaine d'investigation The Sentry.

En 2015, il a "donné l'ordre" à ses hommes de "décapiter" un jeune musulman à Bangui "en faisant croire à un acte perpétré par les antibalaka", milices autoproclamés d'autodéfense, selon The Sentry.

Cet acte, et d'autres, ont abouti à une vague de violences communautaires entre chrétiens et musulmans, qui a fait des dizaines de morts et était orchestrée "pour le compte de personnalités en quête de pouvoir", selon The Sentry.

Aussi, pour "reprendre le contrôle" de sites miniers dans le centre du pays en 2017, M. Hissène "a alimenté des tensions ethniques" entre un groupe armé prétendant défendre les Peuls et le sien.

Les deux groupes se sont ensuite battus des mois. Des centaines de civils ont été tués.

The Sentry a enquêté entre 2016 et 2018 le parcours d’Abdoulaye Hissène, qui a "d’abord exercé la profession de commerçant de diamants et d’or, avant de diriger plusieurs groupes politico-militaires à partir de 2009".

Il a depuis été reconnu coupable d’une tentative de coup d’État en 2015 et d’actes de violence ciblés sur le personnel onusien et humanitaire.

Le gouvernement centrafricain a d’abord émis un mandat d’arrêt en juin 2016, et depuis 2017, le Conseil de sécurité de l’ONU et les États-Unis ont imposé un gel de ses avoirs et une interdiction de voyager, des mesures que le Tchad déclare avoir mises en œuvre.

Malgré ces mesures, Hissène joue "toujours un rôle moteur dans les violences meurtrières qui frappent la capitale du pays, Bangui, le centre et l’est de la Centrafrique".

Ancien ministre centrafricain en 2013-2014, il a obtenu "trois passeports" diplomatiques. Photo à l'appui, The Sentry affirme qu'il a voyagé en 2014 dans un jet privé avec le ministre des Mines du Congo-Brazaville de l'époque.

Au Tchad, Abdoulaye Hissène était cette année-là "en contact direct" avec le ministre du Pétrole d'alors. Avec lui et d'autres proches du président Idriss Déby, M. Hissène s'est créé des "réseaux d'affaires" à N'Djamena en créant différentes sociétés, dans le commerce de voitures de luxe et le pétrole, selon The Sentry.

En parallèle, M. Hissène a vendu ou essayé de vendre des diamants et de l'or au Cameroun et au Kenya, affirme la fondation qui publie une photo de lui en 2014 à Nairobi avec "ce qui pourrait être des lingots d'or de fabrication artisanale", selon la fondation américaine.

En 2017, l'ONU et les Etats-Unis ont gelé ses avoirs et l'ont interdit de voyage. Il est depuis 2016 sous mandat d'arrêt en Centrafrique, où un quart de la population a fuit le conflit qui dure depuis 2013.

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