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Ethiopie: l'ONU condamne les accusations "dangereuses" de partialité des travailleurs humanitaires au Tigré 


Une équipe conjointe de l'ONU et des ONG internationales met en œuvre un mécanisme de réponse rapide en réponse aux besoins humanitaires des communautés touchées par le conflit en cours dans la région du Tigré en Éthiopie, le 19 juillet 2021.
Une équipe conjointe de l'ONU et des ONG internationales met en œuvre un mécanisme de réponse rapide en réponse aux besoins humanitaires des communautés touchées par le conflit en cours dans la région du Tigré en Éthiopie, le 19 juillet 2021.

L'ONU a condamné mardi les accusations "dangereuses" de partialité faites par le gouvernement éthiopien à l'encontre des travailleurs humanitaires au Tigré, région en guerre où l'aide alimentaire peine à arriver malgré la famine.

Le gouvernement a par le passé accusé les humanitaires d'être du côté des forces rebelles, issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), voire même de les armer.

"Les accusations généralisées contre les travailleurs humanitaires doivent cesser", a déclaré Martin Griffiths, le secrétaire général adjoint de l'ONU pour les Affaires humanitaires, lors d'une conférence de presse organisée à Addis Abeba.

"Elles sont injustes, elles sont contre-productives, elles doivent être soutenues par des preuves s'il y en a et, sincèrement, c'est dangereux", a-t-il ajouté, au dernier de ses six jours de visite en Ethiopie, son premier voyage depuis sa nomination.

Un responsable gouvernemental, Redwan Hussein, a accusé le mois dernier certaines ONG d'"armer l'autre camp", en référence au TPLF, mais sans donner plus de détails.

Au moins une dizaine de travailleurs humanitaires ont été tués depuis que le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a envoyé l'armée fédérale au Tigré (Nord) pour y destituer les autorités régionales il y a près de neuf mois, le 4 novembre 2020.

Le prix Nobel de la Paix en 2019 a déclaré victoire fin novembre après la prise de la capitale régionale Mekele, mais les combats se sont poursuivis et, fin juin, les rebelles pro-TPLF ont regagné la majeure partie de la région, dont Mekele.

En juillet, les combats se sont étendus en région Afar ainsi qu'en région Amhara, qui bordent toutes deux le Tigré.

"Les besoins dont on a parlé au Tigré sont à la mesure de ce qui a été dit. Ils sont immenses, ils sont urgents, ils sont importants et maintenant les besoins grandissent en Afar et en Amhara, en raison de ce conflit", a-t-il ajouté.

Il a souligné que le gouvernement était "le premier acteur" dans la livraison de l'aide. Addis Abeba a plusieurs fois renvoyé la responsabilité sur les rebelles au sujet des problèmes d'accès à l'aide.

- "Que la guerre se termine" -

Les humanitaires se plaignent qu'en dépit de la déclaration d'un cessez-le-feu fin juin, l'accès de l'aide au Tigré reste difficile, perturbé par l'insécurité et les blocages administratifs.

Ethiopie: les réfugiés érythréens, victimes collatérales du conflit au Tigré
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Quelque 5,2 millions de personnes - soit plus de 90% de la population du Tigré - vivent grâce à l'aide extérieure, selon l'ONU, pour qui 400.000 personnes y connaissent la famine.

Jusqu'à la semaine dernière, seul un camion, sur un convoi en comptant 50, était parvenu à atteindre le Tigré depuis la chute de Mekele. Cependant, M. Griffiths a déclaré mardi que d'autres véhicules étaient entrés dans la région, via une route praticable à l'est.

Cette route comprend de nombreux points de contrôle où les employés ont été "interrogés, intimidés et parfois détenus", a déclaré l'ONU la semaine dernière.

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Le départ de M. Griffiths pour une visite de deux jours au Tigré a été retardé de cinq heures vendredi, l'ensemble des passagers de l'avion, lui inclus, ayant été longuement fouillés, ont raconté à l'AFP deux responsables humanitaires.

Mardi, M. Griffiths a rappelé que 100 camions chargés d'aide devraient atteindre la région chaque jour pour répondre aux besoins, et que les "conditions" devaient pour cela changer.

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"Nous avons besoin d'un accès garanti par la route, de même que, bien sûr, nos avions (puissent) entrer et sortir de Mekele. Et sincèrement, nous avons besoin que la guerre se termine", a-t-il dit.

Mardi, Mitiku Kassa, le chef de la Commission nationale de gestion du risque de catastrophe, a critiqué des "pressions par certains Occidentaux et leurs institutions pour l'ouverture d'un corridor" entre le Soudan et l'ouest du Tigré.

La directrice de l'Agence américaine d'aide internationale (USAID), Samantha Power, se trouve au Soudan, où elle s'est rendue dans le camp d'Oum Raquba (Est), qui abrite des milliers de réfugiés éthiopiens ayant fui le Tigré.

"Les Etats-Unis ont poussé toutes les parties au Tigré pour un cessez-le-feu immédiat dans l'espoir que les gens comme les Ethiopiens que je rencontre ici puissent rentrer chez eux. Le conflit a engendré d'atroces attaques contre les civils, il impacte des millions (de personnes), il doit cesser", a-t-elle déclaré mardi sur Twitter.

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