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Conseil des ministres au chevet de Notre-Dame, que Macron veut rebâtir "d'ici cinq années"


Vue intérieure de Notre Dame de Paris, à la suite de l’incendie qui a dévasté la cathédrale de Paris, le 16 avril 2019.
Vue intérieure de Notre Dame de Paris, à la suite de l’incendie qui a dévasté la cathédrale de Paris, le 16 avril 2019.

Sauvée des flammes, Notre-Dame de Paris devra être reconstruite d'ici à cinq ans, a martelé Emmanuel Macron qui y consacrera mercredi la totalité de son Conseil des ministres avant que toutes les cathédrales de France ne sonnent à 18H50, 48 heures après un sinistre qui a stupéfié le monde.

L'incendie de la cathédrale lundi soir a soulevé une vague d'émotion planétaire et suscité un afflux de dons pour financer une reconstruction qui s'annonce titanesque.

"Nous rebâtirons la cathédrale plus belle encore et je veux que ce soit achevé d'ici cinq années", a dit le chef de l'Etat au cours d'une allocution télévisée de moins de six minutes mardi soir à l'Elysée.

Lundi soir, après avoir annulé une allocution où il devait annoncer ses mesures pour répondre à la crise des "gilets jaunes", Emmanuel Macron avait déjà promis de "rebâtir" Notre-Dame, monument historique le plus visité en Europe, en lançant une grande souscription nationale.

Mercredi, le Conseil des ministres sera entièrement consacré à l'incendie de la cathédrale.

Les quelque 400 pompiers, mobilisés pendant une quinzaine d'heures, ont éteint le feu dans la matinée de mardi. Les portes ouvertes de Notre-Dame dévoilaient une scène de désolation: en s'effondrant, le toit, la charpente et la flèche ont jonché l'intérieur de la cathédrale de monceaux de débris calcinés. Les deux tours emblématiques de la façade ouest ont en revanche été épargnées, et le coq de la flèche a été retrouvé.

Selon le secrétaire d'Etat à l'Intérieur Laurent Nuñez, le sauvetage de l'édifice vieux de plus de 800 ans s'est joué "à un quart d'heure, une demi-heure près". "Globalement, la structure tient bon" mais des "vulnérabilités ont été identifiées notamment au niveau de la voûte", a-t-il souligné.

L'enquête, qui a commencé alors que l'incendie faisait encore rage, s'oriente vers "la piste accidentelle", selon le procureur de Paris, Rémy Heitz.

Une trentaine de témoins - des ouvriers présents lundi et des employés chargés de la sécurité de l'édifice - ont déjà été entendus et d'autres le seront mercredi, a indiqué le parquet.

"Nous avons aujourd'hui près de 50 enquêteurs qui sont mobilisés et nous étudierons tout et toute la vérité sera faite", a déclaré le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner.

Julien Le Bras, le patron d'Europe Échafaudage, une des sociétés présentes sur le site, a assuré que toutes les procédures de sécurité "avaient été respectées".

- Déjà 800 millions d'euros -

Le pape François, qui s'est entretenu dans l'après-midi avec Emmanuel Macron, a appelé à la "mobilisation de tous" pour reconstruire Notre-Dame.

Face à ce chantier qui s'annonce colossal, les contributions commençaient déjà à affluer, d'Apple à la Banque centrale européenne en passant par des milliers d'anonymes, atteignant au moins 800 millions d'euros.

La famille Pinault a promis 100 millions d'euros. Le groupe LVMH et la famille Arnault, première fortune de France, ont eux donné 200 millions, de même que la famille Bettencourt-Meyers et le groupe L'Oréal. Total a offert 100 millions.

La mairie de Paris a débloqué 50 millions d'euros et a déjà accueilli plusieurs oeuvres qui ont pu être sauvées des flammes. Anne Hidalgo a l'intention d'organiser "une grande conférence internationale des donateurs".

La présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse a alloué 10 millions d'euros d'"aide d'urgence" pour les premiers travaux.

De leur côté, les sept départements franciliens de la petite et grande couronne ont annoncé qu'ils allaient débloquer 20 millions d'euros, issus d'un Fonds de Solidarité d'Investissement Interdépartemental.

- Les cloches tinteront à 18H50 -

Mardi soir, des centaines de personnes se sont réunis pour une veillée sous la statue de Saint-Michel à Paris, proche des lieux du sinistre. "C'était important pour moi de me réunir, j'avais un besoin de venir là, ça m'a profondément choqué (...) C'était un besoin de prier avec mes frères et soeurs tout simplement", explique Mathilde, une catholique pratiquante de 27 ans.

Le drame continuait mardi de provoquer une vive émotion sur le globe.

En Angleterre, les cloches des églises ont résonné dans la soirée, tandis que celles des cathédrales françaises tinteront mercredi à 18H50, "heure du début de l'incendie à Notre-Dame", a indiqué la Conférence des évêques de France.

Plusieurs chefs d'Etat ont exprimé leur solidarité. Le président Donald Trump a adressé ses "condoléances" à Emmanuel Macron, son homologue russe Vladimir Poutine a évoqué "un trésor inestimable de la culture européenne" et le président chinois Xi Jinping s'est dit "profondément attristé".

Plusieurs oeuvres d'art abritées par la cathédrale ont pu être sauvées des flammes mais certaines n'ont pas pu être déplacées et restaient étroitement surveillées par les pompiers.

La couronne d'épines et la tunique de Saint Louis, deux objets extrêmement importants pour les catholiques, avaient pu être sauvées lundi.

En 2017, 12 millions de touristes ont visité Notre-Dame, bijou de l'art gothique qui faisait l'objet d'importants travaux depuis plusieurs mois.

Le bâtiment est mondialement connu pour son architecture mais aussi grâce au chef-d'oeuvre de Victor Hugo, "Notre-Dame de Paris", roman maintes fois adapté au cinéma, notamment par les studios Disney, ou en comédie musicale. Le livre est mardi en tête des ventes sur Amazon.

Cet incendie intervient au premier jour des célébrations de la Semaine sainte qui mène à Pâques, principale fête chrétienne.

L'église Saint-Sulpice accueillera les offices jusqu'à samedi, tandis que la messe de Pâques sera célébrée dimanche en l'église Saint-Eustache, a annoncé le diocèse de Paris.

Avec AFP

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