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Retard dans la libération des détenus graciés par Paul Biya


Des soldats de la 21e Brigade d'infanterie motorisée patrouillent dans les rues de Buea, région du Sud-Ouest du Cameroun, le 26 avril 2018.
Des soldats de la 21e Brigade d'infanterie motorisée patrouillent dans les rues de Buea, région du Sud-Ouest du Cameroun, le 26 avril 2018.

Plusieurs tribunaux du Cameroun ont ordonné vendredi la libération de près de 300 personnes détenues pour des faits liés à la crise anglophone graciées jeudi par le président Paul Biya, mais les formalités administratives retardaient leur sortie.

Les tribunaux de Yaoundé, Douala (sud), Bafoussam (ouest), Bamenda (nord-ouest), et Buea (sud-ouest) ont ordonné des libérations, mais les formalités se poursuivaient vendredi soir dans les prisons de ces villes, ainsi qu'à la police et à la gendarmerie à Yaoundé, afin que les détenus retrouvent leur liberté, selon la radio d'Etat et un journaliste de l'AFP.

Poursuites judiciaires levées pour 289 détenus de la crise anglophone
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Les 289 détenus grâciés jeudi par le président Paul Biya, seront libérées vendredi, avait annoncé vendredi matin le ministre de la Défense, Joseph Beti Assomo.

"Les personnes bénéficiaires de (la) clémence du chef de l'État seront immédiatement remises en liberté à l'issue des audiences publiques de différents tribunaux militaires concernés qui se tiendront ce vendredi 14 décembre", indiquait un communiqué du ministre lu à la radio d'État.

Jeudi, la présidence camerounaise a annoncé que Paul Biya avait décidé de l'arrêt des poursuites engagées contre 289 détenus de la crise anglophone, sans en préciser les bénéficiaires.

Le ministre de la Défense précisait dans son communiqué que "cette mesure concerne uniquement les personnes dont l'examen approfondi des dossiers (...) devant les juridictions militaires et les dossiers d'enquêtes en cours ont fait ressortir (...) des charges d'une amplitude de gravité relative".

La "clémence" présidentielle "ne concerne pas les criminels, les assassins et autres dangereux terroristes", ni "les commanditaires et planificateurs de la pernicieuse crise sécuritaire en cours dans les régions (anglophones) du Nord-ouest et du Sud-ouest", avait-il ajouté.

Ces déclarations laissent à priori supposer que le leader séparatiste anglophone, Julius Sisiku Ayuk Tabe, accusé notamment de "terrorisme" et de "sécession", ne bénéficierait pas de "la clémence" du président Biya.

Son procès s'était ouvert le 6 décembre devant le tribunal militaire de Yaoundé, puis renvoyé au 10 janvier.

C'était la première fois que M. Tabe, président autoproclamé de l'Ambazonie, nom de l'Etat que les séparatistes veulent créer au Cameroun anglophone, comparaissait depuis son arrestation au Nigeria et son extradition au Cameroun en janvier avec 46 autres personnes.

Un journaliste, Michel Biem Tong, arrêté le 23 octobre, fait partie des bénéficiaires de la mesure de clémence décidée M. Biya.

Une mesure saluée par plusieurs acteurs politiques et de la société civile du Cameroun, mais avec le sentiment dominant qu'elle ne permettra pas de mettre un terme conflit dans les régions anglophones.

"Cette décision est bienvenue, mais pour qu'elle ait un effet durable, il est important qu'elle soit suivie de davantage de mesures de désescalade et soit adossée à un dialogue politique inclusif", a ainsi déclaré à l'AFP Hans de Marie Heungoup, du centre d'analyse lnternational Crisis Group (ICG).

Depuis fin 2017, des dizaines de séparatistes ont pris les armes dans les deux régions anglophones du Nord-ouest et du Sud-ouest pour en finir avec ce qu'ils estiment être "la marginalisation" de la minorité anglophone du Cameroun.

Des affrontements entre soldats déployés en nombre et ces séparatistes, regroupés en groupes épars dans la forêt équatoriale, s'y produisent depuis très régulièrement.

Plus de 200 membres des forces de défense et sécurité camerounaises ont perdu la vie dans ce conflit ainsi que plus de 500 civils, selon le groupe de réflexion International Crisis Group (ICG).

Ce conflit, qui n'a cessé de prendre de l'ampleur, a déjà forcé plus de 437.000 personnes à fuir leur domicile dans ces régions, selon l'ONU.

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