Washington menace la Corée du Nord d'une "riposte massive" en cas d'usage d'armes nucléaires

Le président Barack Obama, avec son Secrétaire de la Défense Ash Carter, à gauche, et de son Chef d'Etat Major inter-armées le Général. Joseph Dunford, s'exprime sur l'Afghanistan à partir de Roosevelt Room à la Maison Blanche à Washington, le 6 juillet, 2016.

Les Etats-Unis ont menacé jeudi la Corée du Nord d'une "riposte massive" si Pyongyang avait recours à l'arme nucléaire, une nouvelle poussée de fièvre le jour d'un tir raté de missile balistique par le régime communiste.

La Corée du Nord, sous sanctions internationales depuis dix ans pour ses programmes nucléaire et de missiles, a tiré un missile Musudan capable théoriquement d'atteindre des bases américaines jusque sur l'île de Guam, mais il a explosé vers 06H30 (22H00 GMT mercredi), selon les armées sud-coréenne et américaine.

Même s'il a échoué, le tir est survenu juste avant le troisième débat de la présidentielle américaine mercredi soir entre Hillary Clinton et Donald Trump, une manière de souligner le défi que représente la Corée du Nord pour le prochain occupant de la Maison Blanche.

"Nous condamnons fermement l'essai de la nuit dernière", a protesté le ministre américain de la Défense Ashton Carter lors d'une conférence de presse à Washington avec son homologue sud-coréen Han Min-Koo.

Reprenant les termes d'un communiqué commun sur l'alliance "stratégique" Etats-Unis/Corée du Sud, publié mercredi avant le tir, le patron du Pentagone a promis que les Etats-Unis "mettron(t) en échec toute attaque contre l'Amérique ou (ses) alliés et répondron(t) de manière massive et efficace à tout recours à des armes nucléaires".

A Paris, le Quai d'Orsay a aussi condamné "ces nouvelles provocations inacceptables qui violent la résolution 2270 du Conseil de sécurité de l'ONU (...) et constituent une menace pour la paix et la sécurité régionales et internationales".

Il s'agit du second lancement raté en moins d'une semaine de ce missile Musudan, une arme de fabrication maison dévoilée il y a tout juste six ans. D'une portée théorique de 2.500 à 4.000 kilomètres, ce missile pourrait, dans la fourchette basse, atteindre la Corée du Sud ou le Japon, et dans sa fourchette haute, toucher l'île de Guam.

- Nouvelles sanctions -

Le Conseil de sécurité de l'ONU avait condamné le premier tir, survenu samedi, alors même qu'il débat de nouvelles sanctions contre Pyongyang en réaction à son cinquième essai nucléaire, mené le 9 septembre.

La présidente de la Corée du Sud Park Geun-Hye a accusé la Corée du Nord de "menacer" toute l'Asie et le ministère des Affaires étrangères a dénoncé "l'obsession maniaque" de Pyongyang avec les bombes nucléaires et les missiles.

Le missile Musudan a désormais été testé huit fois cette année, dont une seule avec succès. Pyongyang avait lancé en juin un Musudan qui avait parcouru 400 kilomètres avant de s'abîmer en mer du Japon (mer Orientale). Un tir salué à l'époque par le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un, y voyant la preuve que son pays pouvait frapper les bases militaires américaines sur "le théâtre d'opérations du Pacifique".

Malgré les échecs du Musudan, des spécialistes estiment que le programme progresse à allure soutenue.

"S'ils continuent à ce rythme, le missile à portée intermédiaire Musudan pourrait être opérationnel (...) l'année prochaine, soit bien plus tôt que ce à quoi on s'attendait", écrivait récemment John Schilling, ingénieur en aérospatiale, sur le site internet 38 North de l'Institut américano-coréen de l'université Johns Hopkins.

Si le fait de multiplier les tirs expose la Corée du Nord au risque d'échecs successifs, cela lui permet aussi d'accumuler les enseignements, soulignait l'expert.

La Corée du Nord a été soumise à cinq séries de sanctions depuis son premier essai nucléaire de 2006.

Après son quatrième test en janvier, le Conseil de sécurité a adopté les sanctions les plus dures jamais infligées à Pyongyang, visant ses exportations de minéraux et renforçant les restrictions bancaires. Les discussions actuelles ciblent l'industrie nucléaire et balistique nord-coréenne, selon des diplomates au Conseil de sécurité.

Et, afin de protéger l'allié sud-coréen des menaces de Pyongyang, le secrétaire d'Etat John Kerry avait confirmé mercredi le déploiement imminent du système avancé antimissiles américain (Terminal High Altitude Area Defence, THAAD).

Devant son homologue sud-coréen Yun Byung-se, le chef de la diplomatie américaine avait aussi menacé la Corée du Nord de "sanctions plus dures" tout en l'exhortant à reprendre le processus de négociations à six qui est gelé (Corée du Nord, Corée du Sud, Chine, Etats-Unis, Russie, Japon).

Avec AFP