Suspension des activités humanitaires pour protester contre les violences en Centrafrique

De l'herbe est brûlée pour faire de la place aux nouvelles tentes dans le nouveau camp de personnes déplacées à Kaga Bandoro, le 19 octobre 2016.

Les six ONG internationales qui sont actives à Kaga Bandoro, dans le nord de la Centrafrique, ont suspendu mercredi pour la journée leurs activités dans la ville pour protester contre les violences que les humanitaires y subissent.

"A Kaga Bandoro, nous avons répertorié cette année 32 incidents (contre les ONG), dont 21 depuis le mois de juin", a déclaré à l'AFP Baptise Hanquart, coordonnateur du Centre de coordination des ONG en Centrafrique (CCO).

En Centrafrique, l'un des pays du monde les plus dangereux pour les travailleurs humanitaires, sept d'entre eux ont été tués depuis le début de l'année et vingt-quatre blessés, selon International NGO Safety Organisation (INSO) qui recense les exactions contre les ONG dans le monde.

Les ONG sont une "opportunité financière pour des groupes armés" qui les braquent et agressent, a déploré M. Hanquart, qui souligne que "ce n'est pas parce qu'on est malmené par des milices qu'on va abandonner la population".

La suspension mercredi des activités humanitaires à Kaga Bandoro pour 24 heures est donc "une journée d'indignation face à tout ce que les populations et les ONG subissent, à Kaga Bandoro, mais aussi à Bambari, Bria", selon M. Hanquart.

"Depuis le 2e trimestre 2018, une dégradation des conditions sécuritaires et une hausse importante des cas de vols, braquages et pillages a été observée en particulier à Bambari, Bria, Kaga Bandoro, Batangafo, mais aussi Bossangoa", avait souligné récemment un communiqué du Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) en RCA.

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Depuis 2013, la quasi-totalité de la Centrafrique vit sous la coupe de groupes armés et de milices qui commettent d'innombrables violences et exactions.

La chute cette année-là du président François Bozizé, renversé par l'ex-rébellion de la Séléka, qui se proclamait protectrice des musulmans, avait entraîné une contre-offensive des milices antibalaka, prétendant défendre les non-musulmans.

Groupes armés issus de la Séléka et milices s'affrontent aujourd'hui pour le contrôle des ressources dans ce pays de 4,5 millions d'habitants classé parmi les plus pauvres au monde, mais riche en diamants, or et uranium.

Avec AFP