L’année 2020 a été marquée au Bénin par une crise socio-politique

Patrice Talon, président de la République du Bénin rend hommage au drapeau national présenté par une garde d'honneur au Palais de la Marina (Présidence de la République du Bénin) le 1er août 2020, à Cotonou.

L’année 2020 a été marquée au Bénin par une crise socio-politique intense engendrée par l'organisation des élections législatives qualifiées d'exclusives par l'opposition béninoise.

Plusieurs villes ont enregistré des mouvements de protestation sous fond de violence ayant occasionné des dommages tant sur le plan humain que matériel.

Echec du dialogue national pour une réconciliation

Même avec l'organisation du dialogue national pour une réconciliation de la classe politique, les divisions restent palpables, surtout que 2021 est celle de l'élection présidentielle.

Lire aussi : Le dialogue politique national laisse beaucoup de Béninois sur leur faim

Depuis que le Bénin s'est engagé sur la voie de la démocratie, rarement le pays a connu une année aussi difficile sur le plan socio-politique. Les élections législatives ont ouvert la voie à l'éclatement du tissu social.

L'ancien ministre de la Défense de Patrice Talon, devant les violences perpétrées non loin du domicile de l'ancien président Yayi Boni, causant la mort d'une femme, a laissé éclaté sa colère: "Patrice Talon est le seul responsable des violences ayant entrainé des morts au Bénin".

"En l'État au Bénin, il y a usurpation et confiscation du pouvoir législatif à des fins de coup d’Etat sanglant en cours. Il faut s'avoir s'arrêter. S'il n'a pas donné les ordres, aucun militaire ne peut tuer. Et s'il n'a pas donné les ordres, il n'a qu'à interpeller le chef d’Etat-major des armées, pour dire moi Patrice Talon, je n'ai pas donné des ordres."

Lire aussi : Manifestations, barricades et un mort dans les violences post-électorales au Bénin

Manifestations dans plusieurs villes

Dans la fièvre des mouvements de la résistance engagée par les forces de l'opposition et au lendemain des violences des 1er et 2 mai, l'ex chef d’Etat Boni Yayi a été assigné à résidence. Son avocat, Me Kato Atita décrit “une confiscation des libertés et une volonté de réprimer toute voix contradictoire”.

"Où veulent en venir les gouvernants? Affaiblir le mouvement de la résistance qu'incarnent les leaders politiques en isolant le président Yayi Boni, opposer à l'intérieur du mouvement, les différentes composantes régionales, ethniques et sociales qui la composent? Yayi Boni dit qu'il reste solidaire du mouvement. Il ne trahira pour rien au monde ses convictions".

Mué dans un silence presque gênant depuis le début de la crise, Patrice Talon a finalement décidé de s'adresser au peuple béninois qui ne comprenait pas son indifférence. Son discours de quelques minutes appellera “au pardon et à avancer vers la cohésion sociale”.

"On peut considérer que le regret individuel suffit pour que ça ne se répète plus jamais. Je voudrais souhaiter que le peuple béninois puisse collectivement et globalement pardonner tout et pardonner à tous ceux qui ont été d'une manière ou d'une autre, auteurs de ce qui s'est passé. Pour moi, c'est ce qui est fondamental, que nos concitoyens nous pardonnent tous”.

Un dialogue politique national sera convoqué pour essayer d'aplanir les divergences. L'opposition à l'exception des forces cauris pour un Bénin boycotte le dialogue, le qualifiant de comédie. Pour elle, avant tout dialogue, les législatives doivent être annulées.

Lire aussi : Dix élections africaines qui ont marqué l'année 2020

Le discours de Patrice Talon

Mardi, dans son discours sur l'état de la nation, le dernier de son quinquennat, Patrice Talon a déclaré que “les libertés fondamentales, malgré les secousses, se portent bien et ne sont aucunement menacées”

”Nos libertés fondamentales compatibles avec notre vie en communauté et notre développement demeurent même si, nous avons dû pour l'intérêt général, renoncer à certaines de nos faiblesses que nous confondons avec la liberté. Le constat même en ce qui concerne notre démocratie, qui, expurgées de ses travers, nous permet désormais, de ne plus laisser une minorité initiée et privilégiée, prendre en otage tout le peuple innocent et mal informé".

Un discours diversement apprécié par la classe politique. Pendant que les acteurs politiques proches du pouvoir adressent leurs félicitations au chef de l'État pour un discours véridique et rassurant, l'opposition dénonce un discours teinté de mensonges qui sonne plus pour une pré campagne électorale.