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Un dimanche à Harare, jour de prières pour un départ de Mugabe


Les membres du Comité central de la ZANU PF assistent à une réunion au siège du parti à Harare, le 19 novembre 2017.
Les membres du Comité central de la ZANU PF assistent à une réunion au siège du parti à Harare, le 19 novembre 2017.

Après la démonstration de force, les prières. Comme chaque dimanche, les Zimbabwéens se sont rendus en nombre dans leurs églises avec au coeur cette semaine un voeu très politique: un départ en douceur du président Robert Mugabe.

"Nous avons spécialement prié pour une solution à la crise que nous traversons", rapporte Terrence Chivara, 27 ans, à la fin de l'office célébré dans sa paroisse catholique d'Harare.

"Le président Mugabe nous dirige depuis très longtemps, maintenant il doit partir", ajoute le comptable, "nous espérons une solution qui tienne compte du peuple".

Samedi, des dizaines de milliers de personnes ont envahi les rues de la capitale et d'autres villes du pays aux cris de "Bye bye Mugabe", "Repose en paix Mugabe" ou "Au revoir grand-père".

Au pouvoir depuis l'indépendance du Zimbabwe en 1980, le chef de l'Etat, 93 ans, a été placé en résidence surveillée mercredi à l'aube par l'armée, qui a pris en douceur le contrôle du Zimbabwe. Même s'il a jusque-là écarté les injonctions à démissionner, ses jours semblent comptés.

Enseignant à la retraite, Mordecai Makore espère qu'il cède rapidement, afin d'éviter toute violence.

"Dans son sermon, le curé a aujourd'hui prêché la paix. Il a dit que nous devions toujours faire du Seigneur la priorité de tout ce que nous faisons, particulièrement en ces temps difficiles que traverse notre pays", souligne-t-il.

"Ce que vous avez vu hier (samedi pendant les manifestations), c'était la volonté du peuple", poursuit le septuagénaire.

'Une vie meilleure'

"Tout ce que nous voulons, c'est la paix, une vie meilleure avec une économie qui marche et qui créé des emplois pour tout le monde", insiste Mordecai Makore. "Nous allons continuer à prier pour ça, je veux que mes enfants et mes petits enfants puissent avoir une bonne vie, normale".

Trente-sept ans de règne Mugabe ont laissé le pays exsangue.

L'économie tourne au ralenti, les liquidités manquent, le chômage atteint un taux record de plus de 90% et l'Etat peine à payer ses fonctionnaires. Et depuis quelques mois, le spectre de l'hyperinflation des années 2000 plane à nouveau.

Sur le parvis de son église, Christine Nyamande, 48 ans, espère de nouvelles élections et la mise en place d'un gouvernement enfin capable de relancer la machine.

"Nous sommes reconnaissants que, jusqu'à présent, tout se soit passé dans le calme. Nous prions pour que nos dirigeants prennent les bonnes décisions", dit-elle.

Plus que tout, l'infirmière souhaite une transition en douceur. Elle garde en mémoire les violences qui avaient suivi le premier tour de l'élection présidentielle de 2008 ou la répression de la fronde anti-Mugabe menée par la société civile en 2016.

"J'ai été très impressionnée par la manifestation d'hier. Je n'avais jamais vu les Zimbabwéens aussi unis et joyeux ensemble, nous sommes heureux de voir éclore un nouveau Zimbabwe", se réjouit Christine Nyamande.

Avant de revenir à des considérations plus terre-à-terre. "J'espère que les banques vont nous redonner un peu d'argent après le départ de Mugabe, et que tous nos problèmes seront résolus."

Avec AFP

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