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Vingt-sept opposants remis en liberté provisoire au Zimbabwe


La police arrête des opposants à Harare, le 2 août 2018.(VOA/C. Mavhunga)
La police arrête des opposants à Harare, le 2 août 2018.(VOA/C. Mavhunga)

La justice zimbabwéenne a remis en liberté provisoire 27 opposants arrêtés dans le sillage des violences post-électorales, après l'annonce de la victoire du président sortant Emmerson Mnangagwa, mais des diplomates ont fait part de leur inquiétude, évoquant des "violations graves des droits de l'Homme".

Les opposants avaient été arrêtés lors de la perquisition par la police des locaux du Mouvement pour le changement démocratique (MDC, opposition). Cette opération était survenue après la répression mercredi de la manifestation contestant les résultats des élections générales (présidentielle, législatives, locales) au cours de laquelle au moins six personnes ont été tuées.

M. Mnangagwa, qui avait pris le pouvoir en novembre à la faveur d'un coup de force contre Robert Mugabe dont il est l'ancien bras droit, a été élu de justesse dès le premier tour avec 50,8% des voix. Il s'agissait du premier scrutin depuis la chute de M. Mugabe, chef d'Etat autoritaire resté près de quatre décennies au pouvoir.

>> Lire aussi : L'opposition dénonce une répression généralisée au Zimbabwe

Le procureur Michael Reza, qui représente l'Etat, avait demandé la prolongation de la détention des 27 prévenus. "La mort de six personnes, les voitures brûlées, sont directement liées aux accusés", avait-il estimé.

Les juges ne l'ont pas suivi: les prévenus, qui réfutent les accusations de "violence sur la voie publique", ont été remis en liberté provisoire. Ils doivent payer 50 dollars (43 euros) et ils repasseront devant un juge le 4 septembre, a précisé à l'AFP un de leurs avocats Denford Halimani, "très content" de la décision.

"Grave inquiétude" de l'Europe et des USA

"Nous leur avons conseillé de rester discrets (...). Ce système est basé sur le harcèlement", a-t-il ajouté.

Les chefs de mission au Zimbabwe de l'Union européenne, des Etats-Unis, de la Suisse et du Canada ont dans une déclaration commune fait part de leur "grave inquiétude quant à l'éruption de violence et des sérieuses violations des droits de l'Homme".

Ils "pressent le gouvernement de respecter les droits de Zimbabwéens" et "saluent l'engagement pris par le président de former une commission d'enquête indépendante" sur le sujet.

L'organisation Human Rights Watch (HRW) a dénoncé l'intensification de la "répression" dans le pays, accusant "les forces de sécurité et des hommes armés non identifiés" de "frapper et harceler une multitude de personnes".

>> Lire aussi : Vingt-sept opposants arrêtés au Zimbabwe après les violences post-électorales devant la justice

"Le respect des Droits de l'Homme et de règles démocratiques promis par le président Mnangagwa s'est évaporé. Son administration doit agir rapidement pour revenir" dans le droit chemin, a ajouté HRW.

Le président Mnangagwa, qui a dirigé sous Robert Mugabe la brutale répression (20.000 morts) dans les provinces dissidentes du Matabeleland (ouest) et des Midlands (centre) en 1983, avait promis vendredi une enquête indépendante sur les violences et même dénoncé l'intervention de policiers qui ont retardé vendredi une conférence de presse de l'opposition.

Dans des déclarations publiées mardi par le journal pro-gouvernemental The Herald, il a répété que "l'élection a été libre, juste, et transparente". Une source de l'opposition avait indiqué qu'elle saisirait mardi la justice pour invalider le scrutin.

Il a ensuite exhorté les Zimbabwéens à oublier la politique au profit de l'économie, dans un pays où près de trois quarts des habitants vivent sous le seuil de pauvreté et où le chômage atteint 90% de la population active.

"Les élections sont derrière nous (...), nous devons maintenant nous concentrer sur la modernisation de notre économie, faire croitre notre économie ensemble. Ceux qui ont voté pour moi, ceux qui ont contre moi... Le Zimbabwe est à nous ensemble", a martelé le président.

Avec AFP

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