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Un référendum dans le calme après une campagne houleuse en Mauritanie


Une femme se fait marquer le doigt à l’encre indélébile après avoir voté à Nouakchott, Mauritanie, 21 juin 2014.
Une femme se fait marquer le doigt à l’encre indélébile après avoir voté à Nouakchott, Mauritanie, 21 juin 2014.

Les Mauritaniens votaient samedi dans le calme lors d'un référendum constitutionnel prévoyant notamment la suppression du Sénat et que le président Mohamed Ould Abdel Aziz s'est dit convaincu de remporter "largement", alors qu'une partie de l'opposition a appelé au boycott du scrutin.

Vers 14H00 GMT, la participation dans la capitale Nouakchott variait de 18% dans le quartier cossu de Tevragh Zeina à respectivement 30 et 50% dans les quartiers plus populaires de Ksar et Teyarett, selon des informations recueillies dans les bureaux de vote par un journaliste de l'AFP.

Les autorités n'ont pas annoncé de taux de participation provisoire, mais selon une source proche de la Commission électorale indépendante (Céni), il s'élevait à 12H00 GMT à environ 20% à Nouakchott et à plus de 40% à l'intérieur du pays.

Quelque 1,4 million de Mauritaniens sont appelés à voter samedi pour ce référendum. Avec la baisse de la température en fin d'après-midi, les "électeurs pourraient affluer, comme c'est le cas en temps normal", a confié à l'AFP un président de bureau de vote.

Une forte abstention serait revendiquée comme un succès par l'opposition radicale, qui a accusé vendredi le pouvoir de "préparer une fraude à grande échelle" et averti que des violences pourraient éclater, dont le pouvoir serait, selon elle, seul responsable.

Le vote, qui se déroule à l'issue d'une campagne houleuse émaillée de violences lors de manifestations de l'opposition, doit prendre fin à 19H00 GMT dans ce vaste pays en grande partie désertique, limitrophe du Sénégal, du Mali, de l'Algérie et du Sahara occidental.

Les résultats sont attendus dimanche ou en début de semaine prochaine.

M. Ould Abdel Aziz, 60 ans, qui a a voté samedi dans la matinée dans un bureau de vote de Nouakchott, s'est dit convaincu que ces résultats seraient "largement en faveur" des amendements proposés par son régime.

- Une opposition 'de papier' -

Ancien général élu en 2009 puis réélu en 2014 pour cinq ans, après être arrivé au pouvoir par un coup d'Etat en 2008, M. Ould Abdel Aziz a estimé que la modification de la Constitution apporterait "paix, sécurité, stabilité et développement" à son pays.

Il a aussi laissé entendre qu'elle ne serait probablement pas la dernière.

"Dans deux ans, voire dix ans, d'autres amendements peuvent intervenir pour adapter notre Constitution à nos réalités", a-t-il déclaré, sans donner plus de précisions, alors qu'une partie de l'opposition le soupçonne de vouloir aller au-delà de son second mandat (le dernier selon les règles constitutionnelles actuelles).

M. Ould Abdel Aziz a également critiqué l'opposition dite radicale, qui a appelé au boycott du référendum, estimant qu'il ne s'agissait que d'une "infime partie de l'opposition, en état de déliquescence, qui n'existe que sur le papier ou sur les réseaux sociaux".

Pendant la campagne, cette frange de l'opposition, réunie dans une coalition de huit partis et organisations, a crié au "coup de force" du président, qui avait passé outre au rejet de son projet de révision constitutionnelle par la voie parlementaire en convoquant le référendum.

Elaborée en septembre-octobre lors d'un dialogue entre le pouvoir et l'opposition dite modérée, cette révision porte sur le remplacement du Sénat par des Conseils régionaux élus et sur la suppression du médiateur de la République et du Haut conseil islamique.

Elle prévoit également une modification du drapeau national, auquel seraient ajoutées deux bandes rouges pour "valoriser le sacrifice des martyrs" de la résistance à la colonisation française qui s'est achevée en 1960.

- Pas d'excuses -

Le président fait face à une fronde du Sénat, pourtant majoritairement favorable au pouvoir, qui s'est cabré contre un texte signifiant sa disparition.

Alors qu'une vingtaine de sénateurs ont entamé mercredi un sit-in au Parlement afin d'exiger des excuses du président pour les avoir accusés de corruption et pour qu'il renonce au référendum, M. Abdel Aziz a renouvelé ses accusations lors de son dernier grand meeting de campagne jeudi soir à Nouakchott, excluant totalement de présenter ses excuses.

L'unique parti de l'opposition appelant à voter non, la Convergence démocratique nationale (CDN), a dénoncé une "campagne inégalitaire", le oui bénéficiant de la quasi-totalité du temps d'antenne officiel. Toutes les autres formations en campagne, de la majorité ou de l'opposition modérée, appellent à voter oui.

Le dernier jour de la campagne, jeudi, a été à nouveau marqué par des interventions musclées de la police, qui a dispersé à coups de gaz lacrymogène et de matraque des opposants dans trois quartiers de Nouakchott.

A Genève, le Bureau des droits de l'Homme de l'ONU s'était dit jeudi "préoccupé" par le climat de la campagne et "l'apparente suppression de certaines voix dissidentes".

Avec AFP

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