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Référendum en Mauritanie : le président convaincu que le oui l'emportera "largement"


Le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz à Khartoum, Soudan, le 10 octobre 2016.
Le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz à Khartoum, Soudan, le 10 octobre 2016.

Le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, s'est dit convaincu que, malgré le boycott d'une partie de l'opposition, le oui l'emporterait "largement" lors du référendum de samedi sur une révision de la Constitution prévoyant notamment la suppression du Sénat, estimant que celle-ci apporterait "paix, sécurité, stabilité et développement" au pays.

Le résultat du référendum, auquel sont appelés à participer quelque 1,4 million de Mauritaniens, sera "largement en faveur" des amendements proposés par son régime, a déclaré à la presse M. Ould Abdel Aziz, 60 ans, après avoir déposé son bulletin dans un bureau de vote de la capitale Nouakchott dans la matinée.

Après une campagne houleuse émaillée de tensions, voire de violences lors de manifestations de l'opposition, les bureaux de vote ont comme prévu ouvert à 07H00 GMT, a constaté un journaliste de l'AFP.

Dans le quartier cossu de Tevregh Zeina, dans l'ouest de la capitale Nouakchott, les électeurs étaient encore très rares au début des opérations, a constaté un journaliste de l'AFP. De petites files se formaient en revanche dans le quartier populaire de Ksar, où de nombreux électeurs éprouvaient des difficultés pour trouver leur bureau de vote et semblaient mal informés.

Les bureaux doivent fermer à 19H00 GMT dans ce vaste pays en grande partie désertique limitrophe du Sénégal, du Mali, de l'Algérie et du Sahara occidental. Les résultats sont attendus en début de semaine prochaine.

- Une opposition 'de papier' -

M. Ould Abdel Aziz, ancien général élu en 2009 puis réélu en 2014 pour cinq ans, après être arrivé au pouvoir par un coup d'Etat en 2008, a aussi laissé entendre après son vote que les modifications de la loi fondamentale qu'il appelle de ses voeux ne seraient probablement pas les dernières.

"Dans deux ans, voire dix ans, d'autres amendements peuvent intervenir pour adapter notre Constitution à nos réalités", a-t-il déclaré, sans donner plus de précisions, alors qu'une partie de l'opposition le soupçonne de vouloir aller au-delà de son second mandat (le dernier selon les règles constitutionnelles actuelles).

M. Ould Abdel Aziz a aussi rallié l'opposition dite radicale, qui a appelé au boycott du référendum, estimant qu'il ne s'agissait que d'une "infime partie de l'opposition, en état de déliquescence, qui n'existe que sur le papier ou sur les réseaux sociaux".

Pendant la campagne, cette frange de l'opposition, réunie dans une coalition de huit partis et organisations, a crié au "coup de force" du président, qui avait passé outre au rejet de son projet de révision constitutionnelle par la voie parlementaire en convoquant le référendum.

Une forte abstention serait revendiquée comme un succès par l'opposition radicale, qui a accusé vendredi le pouvoir de "préparer une fraude à grande échelle" et averti que des violences pourraient éclater, dont le pouvoir serait selon elle seul responsable.

Elaborée en septembre-octobre lors d'un dialogue entre le pouvoir et l'opposition dite modérée, cette révision porte sur le remplacement du Sénat par des Conseils régionaux élus et sur la suppression du médiateur de la République et du Haut conseil islamique.

Elle prévoit également une modification du drapeau national, auquel seraient ajoutées deux bandes rouges pour "valoriser le sacrifice des martyrs" de la résistance à la colonisation française qui s'est achevée en 1960.

- Pas d'excuses -

Le président doit aussi faire face à une fronde du Sénat, pourtant majoritairement favorable au pouvoir, qui s'est cabré contre un texte signifiant sa disparition.

Alors qu'une vingtaine de sénateurs ont entamé mercredi un sit-in au Parlement afin d'exiger des excuses du président pour les avoir accusés de corruption et pour qu'il renonce au référendum, M. Abdel Aziz a renouvelé ses accusations lors de son dernier grand meeting de campagne jeudi soir à Nouakchott, excluant totalement de présenter ses excuses.

L'unique parti de l'opposition appelant à voter non, la Convergence démocratique nationale (CDN) a dénoncé une "campagne inégalitaire", le oui bénéficiant de la quasi totalité du temps d'antenne officiel. Toutes les autres formations en campagne, de la majorité ou de l'opposition modérée, appellent à voter oui.

Le dernier jour de la campagne, jeudi, a été à nouveau marqué par des interventions musclées de la police, qui a dispersé à coups de gaz lacrymogène et de matraque des opposants dans trois quartiers de Nouakchott.

A Genève, le Bureau des droits de l'homme de l'ONU s'est dit jeudi "préoccupé" par le climat de la campagne et "l'apparente suppression de certaines voix dissidentes".

Avec AFP

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